 Naruto Uzumaki
 |  Sujet: Urban Paradize ♥  Sam 3 Juil - 0:48 | |
| Bannière:  Histoire:- Spoiler:
Date inconnue.
Le jour de ma deuxième décision censée.
Ici commence l'histoire. La mienne, ou celle de Togenkyo? Les deux, sans doute.
Ma seconde vie sera Togenkyo.
Seconde, parce que la première a fini de m'intéresser. Ou plutôt elle ne m'a jamais vraiment captivé. Poste bien placé, famille heureuse, bonheur écœurant. A l'époque ça m'aurait presque fait regretté d'avoir loupé ma vocation de saltimbanque -les rêves de gamins sont-ils toujours aussi grotesques?-. Étouffé par trop de confort, j'ai attendu, attendu sous mon masque de perfection, attendu jusqu'à ce qu'il s'ébrèche sous le poids des sollicitation.
En fait il a explosé de façon très simple. A trop vouloir être libre, ce qui était depuis toujours simple travail devenait corvée et surmenage, jusqu'à ce que la pression s'efface au profit d'un nuage cotonneux de senteurs enivrantes... Et soporifiques.
Qui ne s'affolerait pas de voir son employé modèle se prélasser dans les bras de Morphée alors que les paperasses les plus urgentes s'empilaient sur son bureau? Trop gentil pour me laisser simplement partir je crois, le dernier parton que j'aie eu s'était contenté de disperser le nuage et de me prier de me mettre au boulot. Bien sûr, il ne s'attendait pas à un refus. Surtout pas de moi. Pourtant, brisant mon illusion parfaite en même temps que mon sommeil, cet homme bedonnant qui me supplierait presque à genoux de rester s'il n'avait pas si peur de ses rhumatismes ne méritait plus de m'avoir. Tout comme ni cette famille qui ne tarderait pas à m'attendre pour dîner et tout ce qui composait cette vie ne me méritait plus. La douceur du brouillard qui enivrait mon esprit et contrôlait mon corps à ce moment-là était la seule chose en laquelle je croyais, la seule que je suivrais.
J'étais devenu fou, et c'est ma foi la meilleure chose qui soit arrivée dans cette vie.
Lancé donc avec l'énergie de l'aventurier vers une destination mystérieuse, la brume ensorcelée se répandant dans mon sillage, je pris ce jour-là ma première décision censée: renaître.
La période de la renaissance est une chose floue, encore plus que celle qui la précéda ou la suivit. Marcher bouger voyager étaient devenus nécessité, et ce durant des jours, des mois. Lorsque le nuage qui m'entourait depuis ma fuite renonça à être totalement opaque et à figer mes pensées, j'étais assis au bord d'un fleuve à la surface si plane qu'on le croirait immobile en plein milieu de nulle part.
Trois jours. C'est le temps qu'à duré la réflexion. Sans m'attarder à détailler un flot de pensées dont je me demande si elles en méritent vraiment le nom, je ne noterai ici que la dernière, la plus importante. la première pierre de quelque chose de grand.
Ici commence ma seconde vie.
------------------------- -Aaah celui-là, il a pas l'air d'avoir été très gâté. Je parie qu'on arrivera à le recycler humm... En prof'? T'en pense quoi Bill?
-J'en pense qu'il a pas vraiment le physique de l'emploi. Et que tu devrais arrêter avec tes pronostics idiots pour songer un peu plus sérieusement à ce que tu fais de ta ville.
-Humm... Si sérieux...
Mist fit une grimace digne d'un gamin et sortit de la pièce sombre. Bill -surnom commun à tous les étrangers à sa ville- n'avait jamais joué le jeu lorsqu'il s'agissait de se détendre un peu et de donner dans l'humour. Pourtant cet homme aux dépends duquel il s'amusait il y a quelques secondes aurait eu toutes les raisons d'en rire aussi, s'il avait été conscient. N'était-ce pas un privilège que d'avoir été accepté dans l'une des chambres du couloir de la Renaissance?
Le maître des lieux marcha plusieurs minutes avant de trouver une vaste salle aux murs décorés et meublée de tout le nécessaire concernant la détente et le loisir: sofas et fauteuils fatigués, table basse où s'éparpillaient livres, journaux, magasines en tous genres, ou possessions diverses de ceux qui étaient passés là avant lui, un coin cuisine, un babyfoot, une chaîne hi-fi... Oui, la salle de réunion des Ombres était comme on pouvait la souhaiter. Et lui, gérant de la ville, n'avait plus qu'à attendre que l'un de ses charmants sous-fifres ne rentre pour lui confier ses nouveaux protégés. Une routine comme il les aimait.
Son éternel haut-de-forme jeté sur la table basse que bordait l'un des canapés, il se laissa tomber contre le tissu rembourré et fixa le plafond à travers sa tignasse, qui le rendrait aveugle s'il ne songeait pas à la couper. Depuis combien d'années cette vie était-elle devenue son quotidien?
Togenkyo. "Le Paradis Terrestre". Il ne savait pas d'où il le tenait, mais il trouvait le nom prétentieux et pensait que ça lui allait bien. Togenkyo, le havre de paix qu'il entretenait depuis plusieurs années maintenant, d'abord en le construisant et l'isolant derrière ce grand Mur qui était en fait sa forteresse, puis en l'ouvrant au monde par son intermédiaire, seul à avoir les clefs de la porte de sortie.
Ca ne l'avait pas enchanté, au début, de retrouver le monde qu'il avait fuit jusqu'à en créer un autre, plus à son goût. Mais c'était un passage obligé. En sa qualité de chef il devait se sacrifier pour les autres et aller affronter ceux dont il voulait protéger ses citoyens, négocier avec eux pour subvenir aux besoins de la cité, sans ressources, prendre contact avec les oiseaux égarés qu'il verrait bien renaître entre ses murs, directement ou au travers d'intermédiaires comme Bill, et encore toutes sortes de corvées qui le faisaient rentrer fatigué et irrité.
D'un autre côté, cette facette de sa seconde vie lui paraissait être la plus attrayante. Quand ici on le considérait comme un mythe, un dieu, ou au moins un bienfaiteur, là bas on ne voyait qu'un homme d'affaires têtu et exécrable, un peu étrange sur les bords, tandis que lui jouait à l'escroc en prenant le rôle de PDG d'une grande entreprise. Dans le monde où les fous envoûtés à grands coups de brume invisible étaient vite écartés du chemin, sa véritable fonction aurait pris les mots si banals de "maire".
Mais il était un maire de génie, il faut l'avouer.
Non?
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Date inconnue.
(Le jour est-il vraiment important?) Enième rapport concernant la vie à Togenkyo.
Voila une bonne poignée d'années que je suis là, cette idée impossible que j'avais en tête est devenue réalité, elle s'est développée jusqu'à ce que s'étende entre mes murs le modèle parfait de ces villes modernes de l'Extérieur. Ici, on vient pour repartir de zéro.
Aujourd'hui j'ai reçu les commandes de médicaments pour l'hôpital, il a fallu négocier serré pour qu'ils ne me faussement pas payer le transport en double. Deux nouveaux protégés que j'ai sélectionné il y a un mois sont arrivés par le même train.
Plusieurs de mes petits assistants sont passés, je leur ai confiés les deux nouveaux encore endormis.
Ils disaient tous la même chose, concernant l'Intérieur, la même chose depuis des mois: "cette ville ressemble de plus en plus à ce que c'était, dehors", prétendent ceux qui se souviennent de leur vie antérieure. Les autres me rapportent les déboires de ceux qui malgré la chance qu'on leur a donnée ne veulent pas changer.
Togenkyo ma bien-aimée, tes habitants honnêtes et les autres, encore perdus, ils disent que tu déraille et que tu imite tes jumelles, celles sans muraille. Mais moi je sais, même si tu deviens comme toutes les autres, même si tu n'existe plus que dans mes rêves éveillés, que tu seras toujours fidèle comme je le suis envers toi, que toi et les âmes perdues dans tes rues continueront d'amuser ma seconde vie encore longtemps!
Ton père et amant, Mist~
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