Encore un jour de merde pour Kyo. Ca faisait à peu près trois ou quatre mois qu'il avait du mal à faire tenir la boîte debout. Les gens s'intéressaient de moins en moinss à la baston, plus à la politique et autres conneries du genre. Ils avaient pas compris que les négociations musclées étaient bien plus efficaces que les dizaines de jours qu'ils passaient à brasser du vent en discussion inutile.
M'enfin tant qu'il pouvait gagner sa vie...
Affairé à démonter le ring, il avait retiré presque tous ses vêtements, n'étant qu'en jean simple, une clope coincée entre les lèvres, comme à son habitude. Les sous rentraient de moins en moins, et cela l'inquiétait. Non pas qu'il ait vraiment porté d'intérêt à l'argent durant sa vie, mais il fallait bien pouvoir subvenir à ses besoins. L'héritage obtenu par ses parents était bien mince, comparé à celui qu'avait reçu son frère, resté aux USA pour étudier à l'université. Kyo ne pensait pas être con, et c'est sûrement pour ça qu'il avait très vite arrêté l'école, pour pouvoir pleinement profiter de la vie. Et il était bien content de l'avoir fait. A presque 40 ans, il galérait pour vivre décemment, mais il avait au moins le mérite de vivre pleinement en faisant à plein temps ce qu'il aimait. La baston, le full contact.
Il enrageait tout seul, encore en train de galérer pour démonter ce fichu ring, qui lui avait coûté une sacrée fortune, mais qui n'avait pas une des meilleures qualités. Il était relativement facile à monter, il était solide avec d'excellentes cordes, mais... pour le démonter, il fallait au moins être trois. Et Kyo refusait de prendre des employés. D'une parce qu'il savait qu'il ne serait pas capable de les payer, mais en plus parce qu'il n'avait pas envie qu'on lui mâche le boulot qu'il exercer depuis un bon moment.
Au bout d'une trentaine de minutes, il finit par y arriver, allant déposer toutes les pièces dans un coin de l'énorme salle encombrée de punching balls en tout genre, de planches de bois... et alla derrière le bâtiment. Une immense cour qu'il avait aménagé en une succession de ruelles, pour que ceux qui viennent ici puisse goûter au street fight en conditions réelles. Il n'avait jamais vu un combat se terminer correctement, mais du moment que les gens s'éclataient et qu'il gagnait de quoi bouffer le soir...
" Saleté de cour, c'est vraiment immense... J'ai ptet vu un peu trop grand..."
Il ramassa quelques bouteilles de bières, des seringues usagées, et balança le tout dans une énorme poubelle. Vu la superficie de son club, des étudiants ou des ptits délinquants s'ausaient à passer au dessus des murs pour aller se droguer et se bourrer la gueule dans les ruelles artificielles, se sachant à l'abri. Ca énervait pas mal le combattant, mais il pouvait pas passer la nuit à les traquer non plus... en revanche, s'il en grillait un... qu'il ai 10 ans ou 25 ans, il allait déguster. Ce club était devenu toute la vie de l'homme aux cheveux rouges. Alors le premier qui y portait atteinte...
Finissant de jeter toutes les ordures, il retourna à l'intérieur, se dirigeant dans son bureau, et commença à faire les comptes, convertissant directement les yens obtenus dans la journée en dollars. Le chiffre était atrocement bas, et il manqua de faire une crise cardiaque en voyant que depuis qu'il s'était installé à Konoha, son chiffre avait baissé d'à peu près 95%. Pourtant cette ville avait l'air d'être le nid de plusieurs cas sociaux qui auraient bien besoin de se défouler un peu, et d'apprendre à ne pas se battre comme des chiffonniers, mais comme de vrais artistes de la douleur et de la violence. On en recontrait plus beaucoup par les temps qui courraient mais bon... on faisait avec quand même.
Il jeta un regard au tableau des inscriptions, et ne put retenir un soupir de dépit. Aucun inscrit depuis des lustres, ça commençait à craindre sévère. S'il y avait plus de monde il pourrait organiser des trucs sympas mais là... A part un pique nique sur le ring, y'avait plus grand chose de nouveau à faire.
"Positivons, ça finira par s'arranger..."
Il remit son chapeau, coiffant ses cheveux en une queue de cheval d'où s'échappaient quelques mèches venant tomber sur les côtés de son visage, et remit sa chemise et sa veste, prenant bien soin de les laisser ouvertes, avant d'allumer une clope.