L'appel

La faim pousse souvent les êtes vivants dans leurs derniers retranchements. On se jette sur le moindre morceau de nourriture qui passe par là, comestible ou non, et on essaye de s'en contenter jusqu'au suivant. Les conséquences peuvent être désastreuses d'ailleurs, qui n'a jamais vu un chien sujet à d'atroces nausées après avoir engouffré un morceau de pizza puante ? Bon, ce n'est peut être pas un spectacle que l'on voit tous les jours, c'est vrai. Vitanny pourtant avait eu l'occasion de voir un canidé errant régurgiter son casse-croûte le matin même, alors qu'elle venait justement d'engouffrer un biscuit au miel pour calmer son estomac grondant.
C'était au milieu de la rue, et elle rentrait d'une petite escapade nocturne. Quatre heures du matin, et pas vraiment envie de dormir, la rengaine habituelle en sommes. Cela faisait trop longtemps qu'elle s'ennuyait, qu'il ne se passait rien. Ces histoires de gangs et de conflits lui passaient au dessus de la tête et quand elle sortait, une fois la nuit tombée, c'était pour se prendre la tête avec n'importe qui. Un mec prit au hasard et susceptible de faire un adversaire correct. S'amuser avec lui, échanger des coups, et partir finalement avec l'impression d'avoir gagné quelque chose dans ces conneries.

Pendant quelques minutes donc, la jeune fille garda la gorge nouée à cause de ce chien qu'elle avait vu dans la ruelle. C'était écoeurant. Pourtant à mesure qu'elle approchait du pensionnat, son estomac lui rappela qu'elle n'avait pas mangé depuis la veille, et qu'il faudrait sérieusement songer à ingurgiter quelques protéines, histoire de ne pas flancher au milieu de la matinée. Non pas qu'elle ait l'intention, cette demoiselle, d'aller en classe, mais disons plutôt qu'elle avait prévu autre chose. Chercher un certain garçon qui avait disparu depuis...
Tiens, si elle allait piller les cuisines ?
Vitanny esquissa un sourire en voyant, au coin du bâtiment, la silhouette d'un employé sortir par une porte grise et terne. Et connectant alors ses maigres neurones, elle en déduisit que :
1/ cette porte donnait aux cuisines
2/ les cuisines venaient d'être ravitaillées

Etant donné que son estomac grognait de plus en plus, l'intrépide blonde décida de se faufiler par la porte, et d'attendre que tous les employés soient partis pour pouvoir se régaler tranquillement. Il n'y aurait peut être pas de délicieux petits pains au chocolat, mais certainement assez de nourriture pour combler son envie soudaine.
Sans attendre plus longtemps, la voilà donc entrouvrant la porte. Le silence l'accueillit, et trouvant un coin pour dissimuler sa présence, elle patienta. Quelques silhouettes semblèrent déambuler derrière le long comptoir, et puis soudain... plus rien. Une porte qui claque, le bruit d'un cadenas que l'on referme. Plus personne donc, mis à part cette pique-assiette en appétit qui s'empressa de fouiller le frigo, puis le congélateur. Quelle ne fut pas sa surprise en découvrant des sacs entiers de viennoiseries surgelées ! Croissants, pains au chocolat, brioches même... Depuis quand le lycée possédait autant de gâteries aussi délicieuses ? Certes, Vitanny ne venait pas souvent ici, mais elle était tout de mêmes un minimum au courant de ce qui se passait entre ces murs. Elle se renfrogna un peu en pensant à tous ces petit-déjeunés ratés, manqués, zappés, et fourrant quelques petits pains dans le four elle entreprit de les décongeler. En quelques minutes à peine une délicieuse odeur se répandit dans la pièce. Les cuisines risquaient de devenir son repère pour les jours à venir...

♥ **Chaton** aux yeux de **sang** ♠

Rukia venait tout juste de quitter sa chambre d'internat. Il devait être aux allentours de quatre heure maintenant. Quatre heure du matin, bien malheureusement. La brune s'était éveillée les larmes aux yeux et elle ne savait même plus pourquoi. Le rêve – ou le chauchemar – s'était évaporé dans l'atmosphère en même temps que ses paupières s'étaient levées. A ce moment le réveil affichait 03:33 et la lycéenne une tête de déterré. Elle n'avait pas eut envie de se rendormir et avait finit par se lever. Elle avait soif.

Rukia avait but un peu d'eau et avait ensuite songé qu'elle allait devoir s'occuper d'une tonne de choses aujourd'hui. Un beau dossier fraichement imprimé lui était parvenu le jour d'avant. Quelle douce attention de la part de son supérieur favori. Autant manger tout de suite, non ? De toute manière, qu'avait-elle à faire d'autre ? Elle n'allait pas travailler le ventre vide, ça allait la perturber quand ce dernier se mettrait à ronchonner. Alors elle avait enfilé des vêtements un peu plus chaud mais n'avait pas prit la peine de remonter ses cheveux en sa queue de cheval habituelle. Trop à côté de ses pompes pour ça.

A présent, la jeune Hasumi s'approchait du hall d'entrée et se demanda par où elle devrait passer pour se rendre en cuisine – le self n'était très certainement pas encore ouvert. Elle vit passer une première camionette de couleur verte, suivit de prêt par une autre mais rose et blanche. Jamais elle ne ferait un boulot qui lui demanderait de se lever trop tôt, pensa-t-elle. Dormir était un élément essentiel, voire primordial, dans sa vie. Elle avait besoin de beaucoup de repos – ou plutôt ses méninges en avaient besoin.

Rukia fit le tour des sorties des cuisines et essaya veinement d'ouvrir quelques portes. Elle s'arrêta devant les conteneurs poubelles. Il y avait un bouche d'aération juste audessus. Rukia n'était pas bien grosse, elle pourrait peut-être se faufiler... Mais non. Ca ne valait pas le coup de rester coincer là-dedans, dans le noir et sans personne sur qui compter pour vous sortir de là. Non, ce n'était pas le meilleur plan au quel elle ait pensé.

Elle allait tourner les tallons et retrouner se coucher quand elle vit les deux mégots tout frait au sol. Elle leva la tête. La porte du local poubelle... Avec un peu de chance, ils auraient peut-être oubliés...

_ Bingo.

Rukia pénétra dans la pièce rectangulaire en se frottant les mains. Elle se stoppa net et écouta. Et si il y avait quelqu'un ?

Mais il n'y avait qu'un seul bruit et c'était celui des machines.

Elle haussa les épaules rentre réellement dans les cuisines. Une dizaines de frigo aux grandes portes qu'on ne pouvait ouvrir qu'avec une clée était allignés à sa gauche. Au fond de ce « couloir » une pancarte bancale accrochée à une porte indiquait les vestiaires des hommes. En face d'elle, les cuisinières les plus grandes qu'elle n'avait jamais vu étaient côte-à-côte et faisaient face à des baques à friture tout aussi grand. Elle ne regarda pas à droite, de peur de découvrir encore une chose qui lui semblait disproportionné.

Elle était déjà rentrée dans les cuisines quand elle était au collège et tout lui avait parrut tellement grand. Aujourd'hui, cette cuisine lui parraissait tout simplement immense. C'était tout de même compréhensible vu le nombre d'internes au lycée et tous les demi-pensionnaires en plus.

Rukia alla se planter devant les frigos. Elle savait que les voyants signifiaient, en gros. Le vert s'enclanchait quand la température du frigo était normal et le rouge quand elle était en dessous. Il y en avait un, un seul qui possédait se voyent rouge.
Elle tira la porte.
Et elle s'ouvrit.

Ella attrappa une bouteille de lait d'un litre et la secoua un peu pour se donner une idée de ce qu'il restait à l'interrieur. La moitié, approximativement. Elle ne prendrait que ça et foncerait aux toilettes dans une petite heure.

S'adossant contre le frigo qu'elle venait de refermer, elle but au goulot plusieurs longue gorgées. On lui vait un jour dit que les chats buvaient du lait parce qu'ils adoraient ça. C'était sûrement une bétise, ou peut-être pas... Elle n'en savait rien et s'en contre-fichait. Elle était d'une chose : elle adorait le lait.

Il fallait qu'elle se préoccupe de l'heure aussi. Les premiers employés seraient là cinq heures et demie, six heure au plus tard. Elle partit à le recherche d'un pendule. Elle dépassa les fournots et entendit le son caractéristique d'une pendule.
Tic, tac, tic, tac...

C'est à ce moment qu'elle la découvrit, entrain de manger ce qui semblait être - ou plutôt était – un petit pain. Plutôt grande, blonde et l'air affamée. Rukia s'était stoppée, sa bouteille encore dans la bouche. Elle avala une ultime gorgée et fixa longuement la fille. Elle s'essuya d'un revers de manche les lèvres et lui adressa un fin sourire.

_ J'suis pas la seule à profiter en douce à ce que je vois.

Rukia cligna des yeux, se sentant de nouveau un peu fatiguée. Elle inspira à fond et bailla en mettant à la dernière seconde sa main devant sa bouche. Elle fit un signe de tête vers le repas de la jeune femme.

_ C'est bon ?

Elle avait complètement la tête dans le pâté...

Le soleil était loin de montrer ses premiers rayon du jour que pourtant, le jeune Naruto était déjà levé, assis à son bureau pour bosser. De nombreuse choses avait changé en lui depuis qu’il sortait avec la brunette, être plus sérieux en cours en était une. Il n’avait pas envie de passer pour un cancre au yeux de sa bien aimée.
Il avait donc décidé de se lever un peu plus tôt que d’habitude pour réviser et finir les derniers devoirs qu’il avait eu la flemme de faire, et avait fait sonner son réveil vers 3h30 du matin, et après une bonne douche, c’était attaqué à son boulot.

Seulement, une demie heure après avoir passés sur ses révisions d’anglais, son ventre se mis à crier famine, peu étonnant quand on sais que cela faisait plus de 8h qu’il n’avais rien mangé, un peu trop longtemps pour lui. Après un long moment d’hésitation, assis sur sa chaise, il lâcha son stylo puis se leva de sa chaise, bien décidé à essayer de trouver de quoi se mettre quelque chose sous la dent pour calmer sa faim. Pour cela, qu’un seul endroit où aller, la cuisine du lycée.

Il enfila rapidement un gilet et un pantalon digne de ce nom, et sortir de sa chambre en essayant de faire le moins de bruit possible pour ne pas réveiller ses colocataires de chambre. Un peu la tête dans le brouillard, il se mit à chercher la cuisine, espérant qu’il puisse y entrer sans avoir besoin de défoncé la porte où un autre truc du genre. Finalement, après une dizaine de minutes passé à retrouver l’endroit, il arriva devant les cuisines, à son plus grand désespoir fermés . Remarquant qu’un fille avait eu apparemment la même idée que lui, il décida de la suivre discrètement pour voir si elle ne trouvais pas un moyen d’entrer dans les cuisines, idée qu’il ne regretta pas!
Bien qu’il n’avais pas vraiment envie de passer par le local à poubelle, il ne voyait pas d’autre solution pour pouvoir entrer.

A peine fut t’il arrivé dans la salle qu’une agréable odeur de petits pain sortit du four lui chatouilla le nez. Sans hésité une seconde, il se dirigea vers la source de bonne odeur. A ce moment la, il entendit la voix d’une jeune fille, qui reconnut comme la fille qui l’avait « aidé » à entrer dans les cuisines. Elle était brune, vers elle se tenait une autre fille, plus grande, blonde comme lui. S’était elle qui avait fait chauffer les petits pains lui sembla-t-il.

N’osant pas au départ avancé de peur de déranger, il se décida finalement à le faire après quelque secondes. S’approchant, il attrapa un des petits pains sans demander leurs avis et croqua dedans. Après avoir avalé une bouchée, et prit la parole

-Miam…ça fait du bien…

Affichant un grand sourire, il ajouta

-Je suis pas le seul gourmand visiblement!

Et il remordit dans le pain.

Les yeux encore un peu brouillés par le sommeil, et les lèvres parsemées de petites gouttes de lait d'un blanc nacré, la jeune fille qui se trouvait désormais dans le champ de vision de Vitanny offrait un tableau charmant et très typique des ados au réveil. Fort heureusement pour la nouvelle venue, le ridicule ne tue pas.
La blonde s'arma d'une sorte de rictus qui n'annonçait rien de bon, et s'approcha, un petit pain dans la main gauche. Son regard bleu glacé se fit scrutateur, et presque instinctivement elle tenta de déceler la moindre trace d'appartenance à une bande ou à une autre. Elle avait entendu dire que ces derniers temps les Hide se faisaient tatouer. Incapables de trouver une idée originale par eux même, voilà qu'ils piquaient celles des autres. Pittoyable.

-Si ce n'était pas bon, miss, je crois que je ne serais pas en train d'en manger.

Elle mordit dans le pain brioché et frissonna en sentant le chocolat chaud et sucré lui titiller les papilles. Un instant elle sembla oublier son interlocutrice, et puis finalement … :

-T'as l'air bien crevée, si tu tiens pas le coup tu ferais mieux d'aller te coucher. Il est trop tôt pour les gamines dans ton genre.

Les paroles aimables de Vitanny étaient typiques de son agressivité naturelle et de son besoin de rabaisser les autres. Clairement, cette petite brune n'était pas une Kuragari, pas une de ses soit disant camarades. Toutes ces histoires commençaient à s'embrouiller dans sa tête de blonde d'ailleurs. C'était un bon gros paquet d'emmerdes pas évident à démêler.
Elle se détourna de l'étudiante et s'étira paresseusement, les muscles douloureux après cette nuit blanche sans intérêt. L'ennui est souvent bien plus exténuant qu'une forte dose d'activité. Marcher et déambuler sans but était peut être ce que Vitanny détestait le plus au monde, et en plus elle avait mal aux pieds pour rien.

Terminant d'engouffrer son petit pain en se désintéressant totalement de sa première interlocutrice, qui soit dit en passant ne présentait aucun intérêt à ses yeux, la blonde sauvage se tourna pour saisir une autre viennoiserie, juste à temps pour voir un garçon sorti de nulle attraper celui qu'elle allait prendre.
Grossière erreur. On ne prenait pas la bouffe d'une lionne, surtout pas à ce moment précis de la journée. Surtout pas quand elle avait l'impression d'avoir découvert un Eden de plaisirs qui lui avaient été cachés. On n'embête pas une lionne, de toutes façons, de si bon matin.
Sans même prendre le temps de l'engueuler un bon coup, Vitanny s'approcha avec une vivacité surprenante du blondinet et lui colla une gifle monumentale en lui arrachant le petit pain des mains. Ça, c'était pas non plus un Kuragari. Peut être qu'ils devaient une sorte d'espèce en voie de disparition ces derniers jours. Peut être que la jeune fille n'avait tout simplement pas de bol et qu'elle se tapait les plus insignifiants du bahut. Elle était sincèrement déçue, car elle avait pensé avoir découvert un endroit secret où personne ne viendrait l'embêter...

-Mais qu'est-ce que vous foutez là tous les deux ? C'est pas Noël hein, dégagez !

♥ **Chaton** aux yeux de **sang** ♠

[HRP: Ce coup-ci je me suis relue. Vous n'aurez pas à deviner les mots manquant...]

Rukia était littéralement bloquée. L'inconnue s'était approchée et Rukia avait croisé son regard. Du coup, elle n'avait pas comprit ce que la blonde lui racontait.

Bleus. Les yeux de la blonde étaient bleus. Mais pas d'un bleu discret qu'on ne remarque même pas. Un bleu, bleu. Comme l'eau. Mais froide. Très froide... Sa façon de parlé vous faisait frissonné. Son regard vous glaçait le sang. Sa démarche en imposait. Pour toute personne dôté d'un peu de bon sens, cette fille avait tout de quelqu'un d'effayant. Oui, mais Rukia n'en était pas dôté de ce fameux bon sens. Elle appliquait les choses comme on lui avait appris et agissait selon ses émotions et impressions. Dans son esprit, le bleu ne pouvait être synonyme de quelque chose de mauvais. Le bleu c'était l'eau, la guérison, la pureté. Alors la blonde était incohérente. Presque anormale. Et ça, ça intriguait notre petite brune.

_T'as l'air bien crevée, si tu tiens pas le coup tu ferais mieux d'aller te coucher. Il est trop tôt pour les gamines dans ton genre.

Allo la Lune, ici la Terre. Vous me recevez ? Oui, oui. Cinq sur cinq. D'accord, alors atterrissez...

_Hein ? Les gamines dans mon genre...? marmonna-t-elle.

La blonde passa à côté d'elle et Rukia la suivit des yeux en fronçant un peu les sourcils. Elle se concentrait pour décomposer ce qu'elle lui avait dit. Qu'elle avait l'air bien crevée, n'est-ce pas ? Quoi de plus normal à quatre heures du matin et des bricoles, pensa-t-elle. L'heure d'ailleurs. Elle avait débarqué dans cette partie de la cuisine pour consulter une horloge.

Rukia se désinterrassa de la blonde et entreprit de chercher l'heure, sa bouteille fermemmant tenue dans sa main preuve qu'elle n'était pas encore dans son état normale. Généralement c'était accroché sur les murs en hauteur ce genre d'objet mais bien-sûr pas à Daiki. Elle se rapprocha des appareils pour vérifier si l'heure n'y était pas affiché quand elle entendit le son d'une voix masculine qui lui était inconnu. Puis un clac.

La brunette se pencha en arrière pour voir ce qu'il se passait. Un nouveau personnage s'était lui aussi introduit dans les cuisines. Un blond. Rukia n'avait jamais vu autant de blonds qu'à Konoha. Myna, Lukas, ces deux là, des élèves dans sa classe, la chef des Hides aussi. On était pourtant au Japon.

Rukia fit deux, trois pas dans leur direction quand la fille s'énerva.

_Mais qu'est-ce que vous foutez là tous les deux ? C'est pas Noël hein, dégagez !

Ne s'attendant pas à ce que la blonde s'irite de cette façon, la lycéenne avait fait un bond et lui retorqua immédiatement :

_Non, c'est pas Noël, non ! Par contre c'est le matin et t'es pas obligée de gueuler comme ça.

Rukia se décripsa en respirant un coup à fond. Elle fixait la blonde de ses yeux rouges sangs. Ah, cette fois elle était réveillée, c'était sûr... Mais pas de la meilleure manière qu'il soit.