Ennemies. [PV Yumi]

♦ Démone aux Multiples Facettes ♦

Le silence était parfait. Dans le grand lycée Daiki, tout le monde était en cours, et, dans les couloirs déserts, le silence régnait en maitre. Dehors, dans le parc entourant l’école, il y avait aussi ce silence mais d’une autre nature. Ici, les oiseaux chantaient, le vent sifflait doucement, mais le silence humain existait, rendant à la nature ce qui lui appartenait. Plus loin, dans l’internat, le silence était encore plus absolu, car toutes les fenêtres et portes étaient fermés, clôturant les bruits de la nature dehors.

Dans le couloir principal de l’internat, une jeune fille se tenait immobile, les yeux fixés sur le sol. Devant elle, un papillon s’était posé sur le carrelage frais et ses ailes battaient lentement, au repos. L’adolescente, simplement vêtue d’une robe, ajustée près du corps, d’une couleur bleue nuit, semblait fascinée par la petite créature. Lorsque l’insecte décida de s’envoler, à nouveau, Aellia ne le lâcha pas du regard, jusqu’à ce qu’il disparaisse dans l’ombre du couloir. Alors, seulement, elle se remit en mouvement.

Le silence était toujours aussi parfait. La blonde, même en marchant, ne provoquait aucun remous. Ses pieds semblaient à peine frotter le sol. Elle marchait avec légèreté et douceur, comme un oiseau se posant sur la plus fine d’une branche d’un saule. Tournant avec doucement dans un nouveau couloir, la jeune fille ralentit son rythme. Elle approchait de la chambre qu’elle allait occupée, elle le savait. En effet, même si elle était là depuis quelques jours, déjà, elle n’avait jamais dormie dans sa nouvelle chambre. Elle préférait encore la belle étoile ou un hôtel pour reposer son corps. Une chambre en colocation, c’était une chance de plus de se faire attaquer pendant son sommeil. Oh non, elle n’était pas paranoïaque. Elle savait juste qu’ici, beaucoup était ses ennemis et elle se méfiait pour survivre… Juste pour survivre.

Posant la main sur la poignée de la porte de sa chambre, la blonde inspira doucement. Sans un mot, elle abaissa la poignée et poussa le battant. Elle savait parfaitement qu’à cette heure-ci tout le monde était en cours, et qu’elle ne verrait probablement personne, pourtant une certaine appréhension la tenait lorsqu’elle détailla la chambre. Vide. S’avançant sans un mot vers le lit où sa valise était posée, elle se détendit imperceptiblement. Posant son bagage sur le sol, au pied de son lit, la jeune fille s’assit avec douceur. Elle s’appuya contre le mur qui bordait le flanc droit du matelas et ferma les yeux.

Alors que le sommeil grandissait en elle, et qu’elle s’y abandonnait avec une certaine joie, elle entendit au loin un frottement. Doux, quasiment inaudible, quelqu’un de moins habitué à scruté le silence qu’elle ne l’aurait surement pas entendu. Mais elle, Aellia, avait été formée, par la vie, à être tout le temps en alerte. Et elle avait entendu le bruit d’un pied léger touchant le sol. Quelqu’un approchait. Se redressant un petit peu, elle garda les yeux fermés. Son visage ce décontracta et elle adopta l’attitude de quelqu’un d’endormit ensuite… Ensuite, elle attendit, une pensée en tête.

*Les ennuis commencent.*

† Angel of *Hide* †

Immobile et seule, une jeune fille était assise sur le rebord du toit de l’internat. Les pieds balançant dans le vide, le regard perdu dans le vague, elle se tenait immobile et droite, comme une statut ornant un bâtiment. Sa peau blanche reluisait faiblement sous les doux rayons de ce soleil d’été, et lui donnait une impression de marbre. Une statue, tout en elle poussait à croire qu’elle n’était pas vivante. Même à s’en approcher de plus près, sa respiration si délicate pouvait tromper n’importe qui. Seuls les battements de son coeur la trahissaient. Et encore... Il aurait fallu poser une oreille sur sa poitrine pour s’en rendre compte.

C’est donc ainsi, les cheveux dansant au rythme du souffle du vent, que Yumi ne faisait qu’un avec le silence. Le silence, un de ses plus fidèles amis. Elle passait des heures seule, à méditer dans les endroits les plus incongrus, à l’abri du monde. De ce fait, la solitude devenait de plus en plus proche d’elle. Elle aimait de moins en moins le contact des gens. Chaque personne pouvant représenter un danger. Seuls quelques individus perduraient à rester dans son coeur. Les seuls qui la comprenaient, et qui lui donnaient la force de rester en vie pour venger Hana.

Se décidant finalement à briser son harmonie avec la nature, Yumi se leva gracieusement et se dirigea vers la porte de sortie. Sans daigner jeter un dernier coup d’oeil à son perchoir, elle s’enfonça dans l’obscurité de la cage d’escalier et disparut.
Ses pas la menèrent après quelques minutes, au second étage de l’internat. L’étage de sa chambre. S’avançant doucement le long du couloir faiblement éclairé, elle tendit l’oreille. Le silence ici était le même qu’à l’extérieur, quoi que moins beau, puisque les bruits de la nature n’atteignaient plus cette partie du bâtiment. Se fondant dans le silence déjà parfait, Yumi inspira doucement. Ses pas discrets n’étaient même pas audibles, du moins pour une oreille humaine. A l’observer se déplacer, on aurait presque pu la comparer à un spectre errant. Ses pieds frôlant à peine le carrelage froid, sa peau pâle et ses cheveux se balançant au grè de ses mouvements.

Atteignant enfin la porte de sa chambre, elle s’arrêta devant, soudainement méfiante. La poignée n’était pas remontée entièrement. Quelqu’un était passé juste avant elle... Posant à son tour sa main sur la poignée métalique, elle l’abaissa encore un peu et poussa le battant. La pièce était quasiment plongée dans l’obscurité, mais le peu de lumière présent suffisait à la jeune blonde pour découvrir la cause de sa méfiance. Sur l’ancien lit qu’occupait Hana, était endormie une jeune fille de son âge. Endormie était un bien grand mot peut-être... Et son coeur se serra en pensant qu’il y avait à peine quelques jours, Hana dormait encore ici. Détournant la tête de la nouvelle arrivante, elle gagna son lit et se tourna, dos à la jeune femme qui respirait paisiblement. Qui était-elle? Bonne question. Et Yumi ne voulait pas le savoir pour le moment. Elle se fichait de qui partageait sa chambre, en dehors de son ami Hide, Deidara, puisqu’elle ne passait que quelques heures dans cette partie de l’établissement.

Soupirant, elle ôta ses vêtements et les jeta dans la panière à linge, au coin de la pièce. Se retrouvant en sous-vêtement, elle se dirigea vers son armoire et l’ouvrit discrétement. Même si la froideur avait remplacé sa bonne humeur, la politesse gardait tout de même une place importante chez elle. Elle se devait donc de respecter le sommeil des autres. Si sommeil il y avait. Car la jeune fille avait beau l’air endormi, quelque chose chez elle clochait... Sa position peut-être? Quelqu’un de profondément endormie ne pouvait pas garder la tête aussi droite qu’elle l’avait en ce moment. Ce qui emmenait forcément à dire qu’elle n’était pas si profondément endormie que ça...
L’ignorant, Yumi se retourna son attention au choix de sa tenue et tendit l’oreille, aux aguets.

♦ Démone aux Multiples Facettes ♦

Aellia ne bougeait plus. Était-ce ainsi depuis des heures ou seulement quelques minutes? Avec son absence de réaction, elle en avait oubliée le temps. Ses oreilles étaient plus en alertes que jamais, captant le moindre bruit. Elle suivait, sans les voir, tous les gestes du nouveau venu. Elle ne savait pas si c'était un garçon ou une fille, mais une chose était sur, c'était un -ou une- de ses colocataires. Bien entendu, elle avait pris la précaution de savoir dans quel clans se trouvait ceux avec qui elle allait dormir... Hide.

Alors qu'Aellia sentait la douleur s'insinuer dans sa nuque qui était bien trop raide à son goût, elle choisit l'option la plus simple. Puisque la personne présente ne semblait pas se soucier d'elle, elle ouvrit lentement les yeux. Gardant une position statique, elle détailla, une nouvelle fois, la pièce des yeux. Son regard acier se posa sur la jeune fille qui lui tournait le dos. Environ de sa taille, fine, Aellia ne voyait d'elle qu'une masse de cheveux blond, or presque. Elle semblait... sublime et elle l'était sûrement.

A cette pensée, la blonde eut un pauvre sourire. Ici, partout où elle allait, elle ne voyait que personne belle. Elle avait l'impression que tout le monde se souciait de sa beauté, de son corps, de son apparence. Elle même avait un certain goût pour la beauté -elle était une fille après tout-. Pourtant, ceci ne l'empêchait pas d'avoir les mains égratignées, blessée. Son corps, caché par ses légers habits était souvent marqué de coup, bleu et autres blessures. Elle n'était ni belle, ni en recherche de cette beauté.

Se redressant lentement, le lit sous la jeune fille grinça. Se fut comme une tornade. La jeune fille présente se retourna dans un mouvement parfait, rapide et souple. Aellia la dévisagea un instant. C'était une jeune fille au visage pâle, calme, presque froid. Ses yeux trônaient en maitre sur un visage parfait. Aellia en eu un instant le souffle coupée et pourtant se reprit, comme bien souvent. Elle se releva du lit qu'elle occupait, maintenant, et se dirigea vers son sac, posé sur le sol. Elle l'ouvrit, et sans un mot en sortit un jean slim blanc et un marcel collant de couleur noir. Enfilant le slim sous sa robe, elle retira ensuite celle-ci et se pencha en avant. Sur son épaule, son tatouage était bien visible.

Biohazard. Le danger biologique. Lorsqu'elle était entrée chez les Kuragari, on lui avait demander où elle le voulait. N'imaginant un tatouage autre part que sur son épaule, elle avait désigner cet endroit. Aujourd'hui, elle le regrettait. Elle qui portait souvent des tenues légères, ne pouvait le cacher. Ceux qui étaient contre son gang comprenaient alors son appartenance au clan et les combats explosaient. Bien qu'elle soit une excellente combattante, Aellia n'aimait pas vraiment se battre ainsi, sans une réelle raison si ce n'était avec qui elle « vivait ».

La jeune fille avait fait un geste pour récupéré son maillot, lorsqu'elle entendit un craquement dans son dos. Sa colocataire avançait vers elle. Pour la combattante, ceci ne fit qu'un tour dans son corps. Se retournant dans un mouvement brusque, sauvage presque, elle fit face à la blonde qui semblait entrée dans une rage noire. Aellia ouvrit de grands yeux et demanda, glaciale :

« Que me veux-tu ? »

† Angel of *Hide* †

Tous les ses sens aux aguets, la jeune Hide sortit de son armoire un mini-short en jean et une chemise à carreaux. Enfilant le premier, elle s’apprêta à enfiler la seconde lorsqu’un grincement la surpris derrière elle. Dans un nuage de blondeur et de grâce, elle se retourna vivement et fixa son regard de glace sur la jeune fille qui venait de se réveiller. La dévisageant, méfiante, elle ne put que remarquer son visage délicat et sa beauté. Se détournant de sa contemplation, Yumi enfila sa chemise. N’ayant même pas le temps de boutonner un seul bouton, son souffle se coupa.

La nouvelle colocataire venait de retirer sa robe et sur son épaule, un signe que la leader des Hide connaissait trop bien, était visible. Serrant brusquement les dents, Yumi s’avança vers son ennemie, comme guidée par sa propre haine. Son cerveau avait beau lui dire de s’arrêter et de partir, son coeur meurtri la poussait en avant pour enfin, accéder à sa vengeance.

Un seul mètre séparait les deux filles lorsque la Karugari se retourna sauvagement et demanda ce qu’elle lui voulait. Pour la Yumi qui se dressait à ce moment là, cette question cachait quelque chose. S’immobilisant, elle planta son regard devenu encore plus dur dans celui de la jeune blonde et lui fit comprendre toute la haine qu’elle ressentait.
Alors, ouvrant la bouche, les yeux larmoyants, de colère ou de douleur?, la Hide répondit dans un sifflement venimeux:

-Qu’est ce que tu fais ici? Tu tues Hana et ensuite tu oses venir t’afficher dans son ancienne chambre qui est aussi la mienne?

Les poings serrés, Yumi faisait tout pour ne pas craquer et se jetter sur cette Karugari aux airs de Sainte Nitouche. Une nouvelle vague de colère monta en elle et elle reprit en haussant le ton, gardant tout de même avec brio son sang-froid:

-Tu cherches à me faire craquer? Qu’est ce que vous voulez tous à la fin? De l’avoir tuer ne vous suffit pas? Il faut que vous veniez me pousser à bout moi aussi?

Sa voix dérapa d’un ton dans les aigus, soudain prise d’une drôle émotion. Un mélange de haine, de tristesse et de pulsions meurtrières. La jeune femme en face d’elle n’avait peut-être rien à voir dans cet assassinnat et pourtant, c’était une Kuragari. Elle se devait donc de payer comme les autres.

Reprenant le contrôle d’elle-même, Yumi inspira profondément, et souffla:

-Je n’arrive pas à coire que vous avez tué Hana...

Son regard de glace se fit dur, froid, qu’un sensible d’âme aurait fuit depuis longtemps. Pas elle. Tant mieux, Yumi avait besoin d’un adversaire à sa taille et cette jeune kuragari de son âge était parfaite....

♦ Démone aux Multiples Facettes ♦

Aellia attendait. Elle voulait voir, jauger la réaction de son ennemie. Oui, ennemie. La blonde en face d’elle ne pouvait être que ca. Tous les Hide qui ne s’étaient pas ralliés à son gang revendiquaient au et fort leur haine contre eux. Tous les Hide suivaient leurs chefs qui avaient perdus un des leurs. Leurs chefs hein ? Cette blonde en était-elle une ? Pourquoi pas dans le fond. Elle avait le type de la fille sur d’elle et meneuse. Elle avait le type à maintenir une certaine autorité, tout en étant compréhensive. Dans tous les cas, si elle était un des chefs, alors elle en était une redoutable.

Ce fut à cet instant que la blonde répondit pour la première fois. Elle l’accusa d’avoir tué une certaine Hana et de venir occuper sa chambre. A cet instant Aellia sentit son estomac se tordre. Hana, voila le nom de la fuyarde ? Et cette Hana avait-elle une famille ? Tout du moins, elle avait des amis vu la blonde. Une vie effacée, d’autres brisées. Etait-ce ça son destin ? Pas le temps d’y réfléchir, la deuxième partie de la phrase revint. Elle était dans la chambre de la défunte ?

*Aiden, pourquoi m’as-tu envoyée dans la chambre de celle que tu as punie ? C’est encore un jeu, n’est ce pas… ?*

Aellia ne savait que dire. Mentir et se vanter d’un crime non commis ? Ou bien tenter de se défendre et rejeter cette accusation ? Non, aucunes des deux options ne lui allait. Que devait-elle faire et dire devant tant de violence dut à la souffrance ? Mais d’ailleurs, pourquoi cette blonde sulfureuse était si désespérée ? A peine la question avait prie place dans son esprit que la jeune fille en face d’elle se remit à parler.

Cette fois-ci elle sembla totalement perdre le contrôle d’elle-même. La rage suintait dans chacun de ses mots. Aellia craignit un instant qu’elle ne lui saute à la gorge mais ne fit aucun mouvement. Elle était toujours debout, à moitié nue. Immobile et apathique. Son visage restait de marbre, seul ses yeux devenaient plus froid, plus glacial encore au fur et a mesure des minutes qui passaient et des accusations qui en ressortaient. Elle suivait, sans un mot, la haine de la blonde grandir de plus en plus jusqu’à, brusquement retomber. Enfin pas retomber… la jeune fille reprit juste le contrôle d’elle-même. Elle respira à fond et parla, une dernière fois. Pour dire qu’elle n’arrivait toujours pas a croire que les Kuragari avaient tués cette Hana.

Pour la combattante, ce fut ces mots qui furent les plus dur. Elle avait prononcés les mêmes quelques années plus tôt à la mort de Maelys. Elle sentait la douleur sous cette phrase. Cette simple constatation… Inspirant tout doucement, Aellia recula d’un pas, puis d’un autre. Elle finit par se mettre assise sur son lit, et baissa le regard. Même si elle semblait brusquement calmé, elle était toujours aussi aux aguets. Après un long silence, elle lâcha :

« Je n’ai rien à voir avec le meurtre de cette fille. J’ai assisté à la scène par hasard, et même mes chefs ne le savent pas. J’ai vu ce que je n’aurais du pas voir et c’est ainsi. Je ne peux dire qu’une chose, et une seule : elle est morte avec dignité, en sachant ce qui l’attendait. Elle y est probablement allée pour vous protéger. Je ne dis pas ceci pour te consoler ou endormir ta haine. Je le dis parce que c’est la vérité, et que je n’ai nulle envie de mentir. »

Relevant brusquement la tête, elle présenta un visage toujours aussi froid et distant qu’avant. La seule nuance était un léger éclat de compassion dans les yeux qui s’éteignit aussi vite qu’il s’était allumé. La blonde se releva de son lit et s’approcha de la Hide. Se plantant tout proche d’elle, elle lâcha d’une voix menaçante tout à coup :

« Ne cherche pas à venger ton amie. Les Kuragari ne sont pas des amateurs. Cette Hana en est la preuve. »

† Angel of *Hide* †

Silence. Immobilité. Regards. Trois mots. Trois mots désignant les deux jeunes filles qui se faisaient alors face et devenaient au fil des secondes, les pires ennemies que la Terre eut jamais porté jusqu’à aujourd’hui.
Ses yeux outre-mer portés sur la Kuragari dont elle ne connaissait même pas le nom, Yumi se préparait mentalement à devoir se défendre et se battre. La subite haine qui l’avait envahie quelques secondes plus tôt était toujours présente, mais cachée sous le masque de froideur de son visage blanc. Son adversaire, à son image, la regardait froidement, aux aguets, prête à bondir pour tuer.
Et finalement, contre toute attente, ce fut pourtant elle qui brisa cette atmosphère étouffante. Elle inspira doucement, pour reculer et venir s’asseoir sur le lit où elle se tenait quelques instants auparavant. Son attitude des plus calme et décontracté aurait pu marcher sur Yumi si cette dernière n’avait pas tant l’habitude de camoufler ses vrais sentiments, comme le faisait son ennemie au même moment.
Un long silence perdura et suivit la brusque reprise de mouvement de ce combat passif. La jeune blonde, chef des Hide, n’avait pas quitté son adversaire des yeux. Elle la suivait dans ses moindres gestes, et mouvements, calculant, mémorisant tout ce qu’elle voyait. Elle pourrait peut-être s’en servir, sait-on jamais...

Finalement, alors que le silence devenait des plus gênant, la jolie Kuragari reprit la parole:

« Je n’ai rien à voir avec le meurtre de cette fille. J’ai assisté à la scène par hasard, et même mes chefs ne le savent pas. J’ai vu ce que je n’aurais du pas voir et c’est ainsi. Je ne peux dire qu’une chose, et une seule : elle est morte avec dignité, en sachant ce qui l’attendait. Elle y est probablement allée pour vous protéger. Je ne dis pas ceci pour te consoler ou endormir ta haine. Je le dis parce que c’est la vérité, et que je n’ai nulle envie de mentir. »

Yumi resta statufiée de surprise. Pour être finalement assaillit de millions de questions. Quoi? Pourquoi? Comment? Que s’était-il passé autrefois pour qu’Hana se livre ainsi? Pourquoi ne lui en avait-elle jamais parlé? Que....?
Le visage froid qui la fixait depuis le lit la tira brusquement de ses cogitations des plus énervante. Reprenant une contenance crédible qui s’était légèrement dissipée lors de son choc, Yumi se remit à fixer son ennemie naturel. Sa surprise s’accentua davantage. Une lueur...Elle était sûre d’avoir vu passer une lueur de quelque chose dans les yeux de la jeune fille qui lui faisait face. Une lueur qui n’avait duré qu’une fraction de seconde mais qu’elle avait eu le temps de capter... Une lueur qui n’avait rien de méchant, et qui aurait presque pu réchauffer le cœur de la leader des Hide si les circonstances n’avaient pas étaient les même.

Un bruit de froissement attira l’attention de Yumi et sans s’y attendre, elle observa la blonde qui lui faisait face, se relever. Elle la laissa s’approcher, non sans méfiance, mais ne pouvant croire qu’une fille qui laissait une lueur de compassion s’échapper, pouvait lui faire du mal à l’instant même.
Un doute vint néanmoins faire vaciller son affirmation lorsque la Kuragari se planta à quelques centimètres d’elle pour lui cracher, d’un air menaçant, que ce n’était pas la peine d’essayer de venger Hana, que les Kuragari n’étaient pas des amateurs. Et le plus dur...qu’Hana en était la preuve.

Yumi ne bougea pas suite à ces menaces, elle se contenta de fixer la jeune fille dans les yeux, sans ciller. Et contre toute attente, la chef des Hide éclata de rire au nez de son adversaire. Surprenant, mais vrai. Ce n’était ni un rire simulé, ni un rire de peur. Tout simplement un rire moqueur dans lequel suintait la méchanceté, la haine et l’ironie narquoise.
Se stoppant petit à petit, Yumi capta le regard de la Kuragari et souffla calmement, une pointe de menace perçant sa voix:

« Tu essaies de me décourager? De me faire peur peut-être? Qui es-tu pour me dire? Après tout, si tu n’étais même pas mise au courant du meurtre, c’est que tu ne dois pas valoir grand chose dans ce clan. Hana n’est la preuve de rien, sauf du courage. Si elle est morte, c’est qu’elle s’y attendait, si elle avait vraiment voulu lutter, elle ne serait jamais aller seule à votre rencontre. Alors n’essaie pas de te bercer d’illusion en croyant quelque chose qui tu aimerais entendre. »

Lui lâchant un regard froid, elle l’observa de nouveau entièrement et repensa à la lueur de tout à l’heure. Sans vraiment savoir pourquoi, elle reprit d’un ton plus compatissant et dit:

« Que fais-tu dans un clan comme ça? J’ai rencontré d’autre Kuragari mais tu es la seule qui n’es pas une apparence comme tel. Tu es différente, comme si tu n’avais pas le choix... »

Appuyant sur le mot mot « différente », elle ne la lâcha tout de même pas du regard, s’attendant à une réaction explosive...

♦ Démone aux Multiples Facettes ♦

Aellia n’en croyait pas ses oreilles. On l’avait parachuté en plein dans un nid de fourmis rouges, toutes plus énervées les unes que les autres car leur reine avait été tuée. Qu’était-elle censée dire ou faire face à ces accusations. Comment devait-elle gérer la situation ? Tuer cette blonde qui semblait avoir envie aussi de le faire, ou bien essayer de calmer le jeu. Pourquoi était-ce donc toujours elle qui récoltait ces stupides missions ? A croire que l’on voulait l’éliminer de la partie… Quoiqu’en y réfléchissant bien, c’était peut-être vrai. Elle dérangeait, elle le savait pertinemment et c’était ca aussi qui lui plaisait tant. Elle était quelqu’un d’indésirable mais qui faisait peur. Elle pouvait ainsi se maintenir une certaine liberté autour de sa petite personne.

Alors que ses mains devenaient le centre de son attention, qu’elle se coupait volontairement du monde extérieur pour pouvoir penser plus « facilement », Aellia entendit un grand éclat de rire se déclencher. Surprise par ce revirement de situation, elle fronça les sourcils et releva doucement les yeux. Sa colocataire était prise d’un grand rire, chargé de sentiments bien désagréables. Quoiqu’habituée à entendre les gens rirent ainsi de sa personne, Aellia sentit une colère et un étrange dégout monter en elle. Comment cette idiote de blonde se permettait-elle de rire ainsi d’elle alors qu’elle ne la connaissait pas ? Qu’est ce qui lui disait qu’elle n’allait pas fondre sur elle pour la tuer. Comment pouvait-elle être assez prétentieuse pour ne pas craindre une force supérieure à la sienne ? Ou alors était-elle totalement suicidaire. Oui peut être bien. Si elle était aussi accroché à cette Hana qu’elle le paraissait, sa mort l’avait peut être simplement rendue découragée de la vie.

Cette réponse rassura la blonde. Adressant un regard mauvais et pourtant moqueur à l’inconnue qui calmait doucement son rire, Aellia attendit que se soit parfaitement calmé. Se préparant à répondre, à la provoquer un peu, elle fut pourtant devancer. La blonde impétueuse, face à elle, prit soudainement la parole. Ses mots ne furent pas tendres et pourtant, ils passèrent sur Aellia sans vraiment lui faire d’effet. Elle connaissait ces insultes. Elle savait pertinemment que beaucoup étaient fondés et surement vrais. Et pourtant, elle n’en avait qu’à faire. Ce qu’elle était, l’estime que lui portait les autres, ou sa place dans la hiérarchie de son gang ne lui était plus, depuis longtemps, intéressantes. Elle vivait pour elle, et rien que pour elle, c’était tout.

Un demi-silence vint alors se poser à nouveau. Ne lâchant pas sa colocataire des yeux, la blonde réfléchit à ses mots. Elle se demandait combien de temps encore resterait-elle parmi les membres de son clan. Bien sur, quant elle entendait quitter le clan, c’était par la solution radicale. Cette pensée la fit sourire, doucement. Elle allait mourir, comme tout le monde, mais peut être simplement prématurément et ca l’amusait. Pourtant, une dernière phrase de son ennemie vint rallumer la lueur de vie dans ses yeux. Une phrase qui se planta dans son cœur comme une lame dans la gorge d’une victime :

« Que fais-tu dans un clan comme ça? J’ai rencontré d’autre Kuragari mais tu es la seule qui n’est pas une apparence comme tel. Tu es différente, comme si tu n’avais pas le choix... »

Eclatant d’un rire glacial, la blonde se leva. Son éclat se calma aussi vite qu’il était venir. Un sourire lumineux vint éclairer son visage bien trop pâle pour être tout à fait normal Se tenant bien droite, elle fixa un instant sa colocataire, puis s’inclina avec grâce et pourtant la soumission d’un esclave. Faisant un joli mouvement de sa main, elle releva la tête et lâcha, comme pour jouer un rôle :

« Vous avez vu tout juste, Mademoiselle. Enchantée, je me nomme Aellia, je l’esclave et le chien des Kuragari. Je ne sers à rien, si ce n’est à leur faire peur et a en tirer un peu de joie. Comme vous l’avez dis, je ne vaux rien, je ne suis rien, je suis juste là ! »

Ses yeux s’exorbitèrent et son sourire pris un grain de folie. Faisant une nouvelle révérence devant la blonde, révérence tant exagérée qu’elle en était ridicule, elle garda son sourire fou. Puis, faisant brusquement dos à son ennemie, elle attrapa la tunique qui attendait toujours sur son lit. La remettant dans son sac, elle choisit plutôt une brassière noire de course qu’elle passa avec rapidité. Puis, refusant toujours de faire face à la blonde qui l’avait cherchée, elle finit par répondre, la voix beaucoup plus calme et raisonnée :

« On ne choisis pas sa vie. Je n’ai pas choisis la mienne. Je suis dans ce clan, ne cherchons pas d’explication à ca. J’y suis, j’y reste par intelligence. Il y a peu, j’aurais tenté de fuir pour mettre ma liberté en sécurité, pourtant la punition dont à fait l’objet ton amie me rappelle à quoi je suis liée. Je ne suis pas différente, et pourtant pas semblable aux autres non plus. Si ce que je pense est vrai alors… »

Elle s’interrompit pour faire brusquement volte face et adresser un regard calme et compréhensif à la blonde avant de terminer sa phrase avec douceur et presqu’une certaine insistance :

« Je suis comme toi. »

Plongeant dans le regard outre mer de celle qui se dressait toujours face à elle, Aellia se perdit dans ses pensées. Attendant une réaction qui, peut-être, allait être violente vu ce qu’elle avait insinué, elle ne se prépara toutefois pas à se battre. Elle était prête à souffrir pour ses mots, car elle les croyait vraiment. Pour ses idées et ses principes elle était prête à tout… jusqu’à mourir. Et a ce qu’elle pressentait, la blonde face à elle était aussi ainsi, quoique moins démente… Sûrement…

† Angel of *Hide* †

Ignorant un regard chargé de dégout et de haine de la part de sa colocataire, Yumi le regarda fixement avant qu’un nouvel éclat de rire n’envahisse la pièce. Cette fois, c’était la Kuragari qui en était à l’origine. Un rire mauvais, emplie de froideur et de douleur.
La leader des Hide n’y fit pas cas, se concentrant sur la jeune fille qui lui faisait face. Cette dernière s’appliquait à faire une révérence tirant sur le ridicule et qui pourtant, dégageait à plein nez l’odeur de la soumission. Rajoutant une couche de plus, en faisant un petit mouvement de main, la blonde se présenta finalement, d’une voix étrange, le visage peint d’un masque de folie:

« Vous avez vu tout juste, Mademoiselle. Enchantée, je me nomme Aellia, je l’esclave et le chien des Kuragari. Je ne sers à rien, si ce n’est à leur faire peur et a en tirer un peu de joie. Comme vous l’avez dis, je ne vaux rien, je ne suis rien, je suis juste là ! »

Le sourire de la soi-disante Aellia s’agrandit et un éclair de folie traversa sa yeux. Yumi ne réagit pas, préférant le silence comme réponse. Au fond d’elle, elle attendait la bonne occasion pour pouvoir en placer une. Un de ces piques qui faisait si mal à entendre. Comme celui qu’elle avait lancé précédemment et qui était à l’origine de la folie présente de son interlocutrice. Apparemment, il avait eu l’effet escompté...

L’espace d’une seconde, Aellia se retourna et retrouva dos à Yumi. Cette dernière ne bougea toujours pas, ses yeux, seuls mouvements de son corps, suivaient inlassablement sa colocataire. Elle calculait, jugeait, mémorisait. Cette fille était tellement étrange. La méchanceté lui mordait le visage à plein dents et pourtant, le temps d’une réplique, Yumi avait vu son vrai fond. Ou du moins, elle pensait avoir vu son vrai fond.

L’observant sans mot, enfiler une petite brassière, elle attendit de recroiser son regard, pour pouvoir enfin répondre quelque chose. Ce moment ne vint pas, et Aellia reprit, la voix bizarrement redevenue calme et normale.

« On ne choisis pas sa vie. Je n’ai pas choisis la mienne. Je suis dans ce clan, ne cherchons pas d’explication à ça. J’y suis, j’y reste par intelligence. Il y a peu, j’aurais tenté de fuir pour mettre ma liberté en sécurité, pourtant la punition dont à fait l’objet ton amie me rappelle à quoi je suis liée. Je ne suis pas différente, et pourtant pas semblable aux autres non plus. Si ce que je pense est vrai alors… »

Le regard de Yumi se vida peu à peu, tandis que la blonde se retourna une nouvelle fois et lui fit face. Le regard qu’elle lui adressa alors la surprit mais elle resta de marbre. Et finalement, avec douceur, la Kuragari déclara, insistante:

« Je suis comme toi. »

Le regard de Yumi finit de se vider, n’exprimant plus aucune émotion et peint d’une sorte de froideur, semblable à celle du regard des statues de marbres. Le présent n’était plus rien pour elle. Le temps aurait pu s’arrêter qu’elle n’y aurait même pas fait cas...
Elle était comme elle. Depuis le début, elle cherchait la chose, le petit truc qui faisait qu’elle était différente de cette fille. Et pourtant, la conclusion était bien là. Ces deux jeunes filles se ressemblaient bien plus qu’elles ne le pensaient. Souffrances, solitude, liberté. Tout ces mots les réunissaient. L’espace d’un instant, la pièce plongée dans le silence fut le recueil des pensées de la jeune hide...Qui était-elle vraiment au fond? Lui ressemblait-elle vraiment...?

Clignement de paupières. Et Yumi sortit de sa transe. Lâchant un petit rire, oscillant entre le ricanement et la soupir, un sourire vint étirer ses lèvres et rendre à son visage, le peu de lumière qu’il contenait. Son regard se rechargea d’émotions et de sentiments, tandis qu’elle remit une mèche à sa place, derrière son oreille. Puis, murmurant, elle commença, douce:

« Peut-être... »

Un éclair traversa son regard outre-mer. Une lueur mêlant dégout, compassion et agacement. Serrant les lèvres, ses sourcils se froncèrent et sa main fila brusquement. Dans un claquement, elle atterrit sur la joue pâle de sa colocataire. Lui adressant un regard dur et pourtant, tendre à la fois, elle ramena sa main près d’elle et souffla:

« Mais je n’irais pas aussi loin que toi Aellia. Je n’irais pas jusqu’à dire que tu es comme moi. Nous avons beaucoup de ressemblances, certes, je te l’accorde, mais un point diffère et fait que cette unicité est vrai. Contrairement à toi, ma liberté, j’ai réussit à me l’approprier. Et je ne reste pas sous les ordres de quelqu’un, de peur de la perdre ou de mourir. Je préfère mille fois mettre ma vie en danger, dix fois par jour qu’obéir à un chef et vivre dans la soumission. La liberté se gagne, et si tu étais vraiment comme moi, tu aurais tout fait pour l’obtenir, quitte à en mourir... »

Immobile, elle continua de la fixer attentivement. Elle ne s’attendait à aucune réaction positive de la part d’Aellia après cette gifle. Et pourtant, tout au fond d’elle, elle espérait qu’au moins, cette pauvre fille réfléchirait à son sort.
Car pour la première fois depuis bien longtemps, Yumi était heureuse de sa situation. Heureuse de sa liberté...