La jeune fille étouffe un cri. La douleur qui la tient depuis quelques minutes augmente encore d’un cran. Elle lève les yeux vers la lune, billant dans son ciel ténébreux. Les yeux mouillés de larmes, elle attend. Elle ne sait pas encore ce qu’elle attend, elle ne sait peut être même pas qu’elle est en train d’attendre. Mais elle reste là, elle ne bouge pas. Elle lutte en silence. Et, à chaque battement de son cœur, un nouveau souvenir refait surface. Elle arrête de lutter contre se passé. Elle garde les yeux fixés sur la lune, et laisse le flash revenir, doucement…

Boum. Joie.
Elle court, dans la rue. Elle est petite, elle est naïve. Elle aime pourtant la vie, elle la chérie. A cet âge, on peut la qualifiée de belle. Sur son passage, les regards se tournent, la détaillent. Elle le sait, et elle aime ça. Elle aime se sentir aimé. Elle pense –et peut être est juste- que la vie est rose pour tout le monde. En ce temps, elle est heureuse.

Boum. Passion.
Toujours, elle. Toujours, le même endroit. Elle n’est plus seule. Elle est accompagnée, main dans la main. Elle aime, elle est aimée. Sa joie, son bonheur, se lit sur son visage. Elle est resplendissante, elle est magnifique. Jalousée de certains, aimée par d’autre, elle est a son apogée. Malgré tout, elle sait, elle sent. Le sommet est là, le précipice tout près. Mais elle est encore naïve, elle croit pouvoir l’éviter. Et c’est beau. Cette naïveté, chez elle, est belle, parce qu’elle la rend unique.

Boum. Solitude.
La rue est vide. Vide de joie, vide de vie. Juste une âme erre. Elle est seule, mais elle s’accroche. Elle n’est plus si belle, mais elle s’accroche. Elle n’est plus heureuse, mais elle s’accroche. Deux écouteurs dans les oreilles, elle se raccroche à de la musique pour avancer. Elle en tire une certaine force. Elle croit leurs mots. Elle est encore assez naïve pour rêver. Et c’est beau rêver, ils le disent dans leurs chansons.

Boum. Désespoir.
La rue n’est plus. Des bulldozers sont venus. Trop vieille, ils ont dit. La gamine, adolescente maintenant, n’est plus. L’Amour l’a quitté depuis trop longtemps, l’Espoir a suivit. Elle s’est retrouvée seule, perdue. La naïveté c’est bien moquée d’elle. Elle n’erre plus, elle reste cloitrée chez elle. Elle n’est plus rien, même plus belle. Elle n’est plus humaine. Et, alors qu’elle commence à accepter sa condition, la Mort s’invite dans sa vie. Elle perd son Ange. Bien l’Ange veille sur elle, maintenant, du paradis. Oui, parce qu’elle, elle était sur d’aller au paradis directement. Le temps passe, la jeune fille reste.

Boum. Souffrance.
Elle a toujours les yeux fixés sur la lune. De sa main gauche, tâtonne et met la radio en route. Besoin de musique, une dernière fois. Elle fait un point sur sa vie, à voix haute, pour elle et pour la lune. Elle explique à la nuit ce qu’elle a eut le droit de vivre. Après tout, quelques mots suffisent à résumer sa vie.

Une chanson démarre, alors, sur la radio. La jeune fille ne peut retenir ses larmes alors que son cœur ralentit encore. Plus que quelques battements et ce sera finit. Elle écoute les mots. Mots menteurs, mot illusoires, mots hypocrites. Elle les a cru ces mots. Elle écoute chaque mot, chaque phrase. Ich Bin Da. Et, malgré ces mots, elle a toujours été seule. La chanson prend fin, son cœur s’arrête. Elle trouve la force, une dernière fois, et murmure :

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