La situation :
Alors que je suis en train de souper, on frappe à la porte. Mathieu, plus rapide que moi, va l’ouvrir. Il s’agit d’une représentante de Green Peace, organisme radical pour la protection de l’environnement. Elle souhaite lui parler de l’organisme , et lui montrer comment il pourrait contribuer à la fondation. De bonté de cœur ( On n’ose jamais dire non à la nature ) , Mathieu la laissa entrer, et elle débuta son monologue. À l’autre bout de la table, je ne prenais pas vraiment action à la conversation, je me contentais d’écouter. Je commençai à froncer les sourcils quand elle mentionna que Green Peace essayait de faire installer une loi augmentant le taux de taxes des plus riches, et ce « pour contrôler le capitalisme qui semble prévaloir sur le gouvernement ». Je commençai à sérieusement réfléchir quand elle énonça que les effets ne seraient que positifs, si on arrêtait les coupes intensives. Enfin, quand elle proclama que le parti politique actuellement au pouvoir était une menace pour l’environnement, je demandai :
-Selon toi, ce parti est irrécupérable ?

-Certainement, c’est même la première fois en 40 ans qu’on désapprouve un parti politique.

Je la regardai quelques secondes.

-Ok. Quel est ton alternative ?
On aurait pu entendre une mouche voler pendant au moins 5 secondes. Mathieu, qui me connaît bien, s’était reculé légèrement .Elle finit par répondre :

-Eh bien, en construisant des éoliennes au lieu du nucléaire, en…

- Excuse-moi. Je n’ai pas besoin d’exemples, ton dépliant en est plein. As-tu une alternative ? Si je ne vote pas pour ce parti, pour qui dois-je voter ?

Elle me regarda comme si j’étais idiot.

-Green Peace ne prend pas de position politique…

-Mais Green Peace peut prendre position sur la qualité du gouvernement au pouvoir.

-Wow, Toi tu as vraiment une confiance aveugle en le gouvernement.

-Pas du tout. Mais tu ne me donnes pas d’autres choix. Dis-moi, as-tu été voté aux dernières élections?

Elle sembla se remplumer.

-Jamais de la vie ! Premièrement mon vote ne va rien changer, et deuxièmement tout l e monde sait que les prochains élus seront encore pires!

Vous devinez que j’esquissais déjà un léger sourire.

- Mais alors, tu as donc consenti au gouvernement officiel. En fait, plus concrètement, tu n’as plus aucuns droits de parole sur la politique actuelle.

-C’est toi qui le dit.

-Pas du tout. J’ai posé les questions, tu y as répondu. Dans le fond, je n’ai fait que résumer tes paroles.

Elle préféra changer de sujet.

-Alors tu préfères qu’on continue à exploiter les sabres bitumineux et les forêts ?
Petit sourire.

-Exactement. Mais avant de me traiter de destructeur de la planète, laisse-moi , ou plutôt continuer à t’interroger.

-Si tu veux.

-Es-tu d’accord pour dire que nos vies sont relativement confortables actuellement ?

-Oui.

-Es-tu d’accord pour dire que les produits écologiques, les solvants bio, et tout ça, sont nettement plus chers que le chimique et les dérivés polluants.

-Oui, mais ce n’est pas pour ça qu’on ne devrait pas les acheter. D’ailleurs ça n’a aucun rapport avec le sujet.

- Laisse-moi terminer, tu vas comprendre. Es-tu d’accord pour dire que le quart des Habitants de l’Alberta sont dans l’industrie bitumineuse ?

-Oui, à peu près.

-Et que le quart des québécois sont dans l’industrie forestière ?

-Même plus.

-Alors tu ne donnes aucune solution en voulant arrêter les sables bitumineux et la coupe des forêts.

-Tu divagues ! Je n’ai jamais dit ça !

-Et pourtant si. Vois-tu, si on coupe les emplois de tout ces travailleurs en arrêtant les industries dites « mauvaises pour l’environnement » , les gens sans emplois vont nécessairement voir leur salaire descendre, non ? Et que feront-ils en voyant cela ? Ils réduiront leurs dépenses, évidemment. Et la première chose qu’il s feront sera d’acheter un solvant chimique plus économique que la version écologique. En gros, ils pollueront tout autant, et les produits d’entretiens ne sont que le début. Coupe ensuite le gaz naturel, et l’huile. Que feront-ils ? Ils iront couper ces mêmes arbres que tu voulais tant sauver, et ce pour pouvoir se réchauffer.

-Si la société n’avance pas, c’est à cause des gens comme toi qui préfèrent tout détruire au lieu d’essayer de sauver la planète.

-Tu n’as pas répondu à ma conclusion, et tu changes de sujet, mais ce n’est pas grave. Parlons donc des gens comme moi. Crois-tu que le gouvernement est corrompu ?

-Oui, c’est certain.

-Considère tu la société comme indifférente à l’environnement?

-Oui.

-Considère tu la démocratie actuelle comme corrompue ?

-Oui, et ?

-Attend. Considères-tu le peuple plus fort et plus important que le gouvernement ?

-Logiquement, puisque le gouvernement est élu par le peuple.

-Alors tu te contredis à nouveau.

-Ben oui, ben oui.

-Tu ne veux donc pas que je m’explique ? Tant pis, je vais quand même m’expliquer. Tu considères le peuple plus important que le gouvernement, mais tout tes efforts vont pour modifier les actions du même gouvernement. Tu blâmes la corruption du gouvernement sur leur capitalisme abusif, alors qu’il est élu par le peuple. Le peuple est donc corrompu et capitaliste, lui aussi. En gros, tu essaies de limiter les plus petits dégâts en sachant qu’il y a un problème nettement plus important, soit le peuple lui-même.

-Tu sais quoi, je m’en fous. Je sais que j’œuvre pour un vraie cause qui mérite qu’on sa batte pour, je ne suis pas un fainéant indifférent comme toi qui ne fais rien en prétextant que tout est pourri de toute façon.

-Encore une fois, j’ai formé mon raisonnement à partir de tes réponses, rien d’autre. Ensuite, le fait de te foutre de ce que je dis n’est en rien une justification. Green Peace, je pense, cherche la vérité et veux l’apporter aux citoyens comme moi .Tu proclames que ceux-ci s’en foutent et que toi, tu défends une vraie cause. Mais sommes-nous si différents, si toi aussi tu te fous de la vérité que nous avons?

Elle se tourna vers Mathieu.

-Je pense que je vais y aller.

Partie, Mathieu revint à la table.

-Tu sais, moi je pense qu’elle a raison sur le point qu’on est fainéant, et qu’on ne fait pas tout ce qu’on peut.

Je lui tendis le sac de Pop-corn.

- Ce genre de concept ne s’applique que si on a le principe de vouloir protéger
l’environnement. Pour ma part, ce n’est pas mon cas, du moins pas de la façon dont elle se vante, et je n’ai pas à prouver quoique ce soit.

Mathieu me fit un clin d’œil.

-Mouais c’est tout toi ça, buté contre tout ce qui bouge. Mais tu sais, à la base, elle était sacrément jolie et….

Je lui lançai du pop-corn au visage et il éclata de rire.

-Bordel Mathieu!

Fin

Débat : Que pensez-vous de ceci, de mon intervention ? Êtes-vous d’accord, ou auriez-vous agi différemment ? Ou simplement êtes-vous comme Mathieu ( )
Discutons.