Dès que l’heure fut finie, j’eus comme un incroyable élan pour sortir de la classe à grandes enjambées. C’était bien la première fois que j’étais la première en dehors, peu être parce que le cours m’avait tellement ennuyé qu’il fallait que je me divertisse à je ne sais quoi d’autre. Bien que cette heure ait été très inintéressante, je fus heureuse d’être dans le couloir. Peu être parce qu’en cette heure ma soirée venait de débuter. Mes pas me menaient directement jusqu’à ma chambre, vide évidemment. Je posais mon sac sur le lit et m’effondrai dessus tout en soupirant. Qu’est-ce que j’allais bien faire ? Mes devoirs pour demain ? Non, impossible que je touche encore à une matière que j’avais eue aujourd’hui et encore moins à celle de hier. Rien que le fait de m’imaginer travailler me donnait envie de me tirer une balle. Il fallait que j’aille dehors, en dehors de ce qui était mon dortoir et ou, rien qu’en sentant l’odeur de mon nouveau parfum et du petit coussin parfumé de lavande en forme d’amande qui était sur le lit, j’avais une horrible envie de dormir. Dormir à dix huit heures ? Non, non, jamais de la vie. Pas moi, c’était une certitude. C’est alors que mon portable émit une sonnerie qui m’était fort familière, « Your call » Secondhand Serenade, je savais tout de suite quel imbécile voulait me contacter. Et l’envie de ne pas y répondre se faisait ressentir, encore des formalités. Je me devais d’y répondre pourtant.

Après cet appel qui dura plus d’une heure, je soupirai à nouveau, reprenant un petit sac sous la main avec mon petit personnel ainsi que mon portable. Une soudaine envie de partir, de me séparer de ces immenses immeubles, de ces bâtiments tous aux reliures identiques et à l’apparence moderne, quoique certains n’en étaient pas moins différents, allant même jusqu’à l’étrange. De plus, l’air qui recouvrait le pays était abominable, je n’en avais pas vraiment l’habitude, pas autant, pas si étouffant. Il ne faisait pas chaud, pourtant j’avais vraiment ce désir d’évasion, le vent était présent, mais pas le froid pourtant ce tendre mélange était frissonnant, apaisant et annonçait sûrement une prochaine pluie. J’avais pressé le pas à ce moment-là pour enfin me diriger vers un endroit qui ne m’étais pas familier du tout, je marchais à travers un sentier pendant quelques instants avant de trouver mon lieu de repos.

Je fus satisfaite de voir qu’il n’y avait personne, comme si autour du lac tout était inexistant, aucune présence, c’était vraiment tranquille. Le cadre était très intéressant, ce liquide d’une couleur obscurcit par les nuages était entouré d’arbre pour que personne ne vienne déranger cette tranquillité absolue. Je finis donc par m’asseoir sur un arbre, avant cela je dus me hisser tout en haut malgré ma robe blanche. Je finis par sortir de mon sac une cigarette et à l’allumer, c’était vraiment parfait, jusqu’au moment où, par inattention, je fis tomber mon briquet du haut de l’arbre. C’était étrange, je n’entendis pas le bruit sur le sol, penchant la tête vers le bas, je pus me rendre compte qu’il était bien tombé, mais pas par terre, sur la tête d’un inconnu. Je ne dis rien, je le fixais simplement, cigarette à la main, comme si de rien n’était.

Finalement après que je me sois demandé étrangement qui allait faire sa grande entrée pour me jeter un regard noir ou ahurit par mon geste maladroit, je fus surpris de l’inconnu. Au début je pensais que ce serait une demoiselle aussi laide qu’un balai ou alors aussi niaise qu’une pouffe, mais finalement cela se fit autrement. En effet ce fut un jeune homme, ayant à peu près son âge qui vint à faire son apparition au milieu de ce paysage, mes yeux devinrent un peu plus lumineux comme avec une étincelle à l’intérieur quand je l’entendis parler. Avant cela je tirais une nouvelle latte sur ma cigarette et d’un geste assez arrogant, je lui recrachais la fumée vers son visage, ah l’odeur, qu’est-ce que j’aimais cela, seulement je ne pense pas que cela en soi de même pour autrui. A ses mots, j’esquissai un sourire en coin, tout en me disant intérieurement que si ça continuait je ne pourrais m’empêcher de lui répondre tout aussi ironiquement. Et bien, j’étais tombé sur quelqu’un de spécial et d’unique, ça promettait vraiment. En effet alors que mon regard avait pris l’initiative de détailler assez lourdement d’ailleurs le jeune homme qui était mon inconnu. Certes mes yeux étaient forts indiscrets à le regarder de la sorte, mais c’était sans aucune arrière pensé que je faisais cela, du moins en apparence, après tout c’était une habitude, peu être assez exagéré, mais une habitude prise depuis bien longtemps. Je n’aimais pas vraiment me fier aux apparences mais, comme chaque personne, peu être un peu trop pour moi, mais je me devais d’observer et de savoir à qui j’avais à faire. Dîtes-vous bien que cela était fait pour chaque personne qui était face à moi plus de quelques secondes mon esprit était comme envahit d’un trop pleins de choses à propos de la première impression que je ne savais ou en donner de la tête. Alors que je me souvins de sa phrase, le regardant toujours droit dans les yeux, un regard si neutre. Un autre sourire s’afficha sur mes lèvres, avant que je ne réponde, je passais une main dans mes cheveux comme par réflexe lui disant enfin d’un ton provocateur:

"Qui sait, mais si seulement les passants n’allaient pas n’importe ou, peu être qu’ils ne se prendraient pas les briquets des autres quand ils passent".

Un nouveau sourire toujours aussi arrogant se dessina sur mes lèvres rosis par la légère brise de cette fin d’après-midi. Seulement, à mon esprit qu’une seule chose voulue apparaître et me faire un signe, c’était qu’il avait un air tout aussi méprisable que moi, mais je ne pus qque bien le pendre et être heureuse de voir que je n’étais pas la seule dans cet état d’esprit. Revenant à nos moutons, je continuais à le fixer avec ce même sourire, cela dit, malgré son ironie, , le jeune inconnu avait quelque chose. Après quelques autres regards sur ce dernier, je vins à me rendre compte qu’il avait un certain charme, pas comme tous ces hommes à la beauté ravageuse mais superficielle, un mystère unique était plus embrun à s’emparer de ce jeune homme. Ténébreux, tout me faisait croire que ce n’était pas que son apparence qui l’était. Je finis me mettre de telle sorte à ce que je puisse bien mieux l’observer, pour lui dire ironiquement :

"Mon cher vous en oubliez vos manières, présentez vous voyons avant de faire des reproches…"

Je le voyais bien, il faisait de même pour moi, je me sentais bien dévisageait par ce dernier, quoiqu’il ne pouvait voir que mon visage, pourtant cela n’était pas déplaisant, je savais que la plupart des gens ne supportaient pas ça, mais moi, le faisant également, c’était normal que cela me soit égal et même appréciateur parfois, c’était une façon d’exister et de sentir son égaux monter. C’était une habitude prise, tu observes indiscrètement, alors prépares toi à être observé également, c’était logique d’une certaine façon, bien que son regard soit assez impressionnant, une étrange sensation parcourue mon corps, j’hésitais entre l’appréciation ou l’étrangeté, finalement je n’en fit guère plus attention. Ce fut ses mots qui me firent une seconde fois sortir de ma réflexion intime, quoiqu’il n’y ait plus trop de secret à que je me pose ce genre de question, il devait bien se douter que les gens n’aimaient pas être observé, alors si je ne faisais pas une grimace c’était peu être le contraire voir autre chose, non ? Nous voilà à nous observer mutuellement, il y avait quand même quelque chose d’étrange à cela, mais il me parût être une part de moi en faisant comme ça, son regard plongé dans le mien, il finit par se présenter, je souris à sa réponse, toujours en un court lapse de temps. Il s’était pris au jeu comme pour moi, je trouvais ça extrêmement intéressant, il semblait joueur tout comme moi, je ne pus qu’être satisfaite à cette parole.

Quand après un autre moment à me regarder à travers ses pupilles sombres et à admirer en quelque sorte ce mystérieux jeune homme, j’eus droit à un retournement de question, quoi de plus normal, quand il y intérêt pour la personne. Une question qui demandait bien réflexion quand même, pour moi, ce n’était pas assez logique vu que je ne l’étais encore moins. C’était une façon de l’être que de ne pas l’être en réalité, à nouveau, qui aurait pu croire qu’une sorte de poupée de porcelaine viendrait ici exprès pour ce temps, pour ce fameux orage qui allait bientôt arriver, du moins qui prenait son temps, on sentait que l’orage viendrait quand on aurait fait plus connaissance, c’était plaisant. Et bien personne ne l’aurait cru une nouvelle fois, souriant au jeune homme, je fixais le ciel assez soudainement, allant à nouveau chercher son regard, une nouvelle drogue plus indéterminable qui s’offrait à moi ? Puis j’essayais de faire chasser le mot drogue de mon esprit, fermant les yeux et les rouvrant rapidement, essayant que le jeune homme n’en voie rien, il fallait vraiment que je me remette les idées claires, le monde réel, pas celui qui est bien plus beau. Finalement pour me faire sortir de toutes ces infimes réflexions durables, je finis par descendre de mon arbre d’un bon me retrouvant à côté de lui. Mettant correctement ma robe en place, je finis par plonger une nouvelle fois mon regard dans le sien, lui disant donc :

"Je vous prends aux mots, alors j’espère que vous me servirez admirablement." Dis-je en lui lançant un autre sourire provocateur.

C’était vrai que j’aurais bien voulu qu’Ueda devienne mon serviteur, vu le peu de caractère que je connaissais de lui, cela me donnait envie de le commander et qu’il ne se laisse pas faire simplement parce que j’ai un beau visage. Je sentais qu’avec lui c’était vraiment différent, il l’était. Tout en tendant ma main vers pour recevoir un baiser dessus comme les princesses et son ténébreux chevalier, je lui répondis :

"Einleen Campbell, pour ne pas vous servir, bien entendu. Mais enchantée quand même mon cher."

Un autre sourire et je continuais à prendre la parole, je me moquais un peu de lui, je voulais voir ce qu’il avait dans le ventre, le tester.

"N’avez-vous pas peur de la pluie qui arrive ? Ne me mentez pas, je le sens parfaitement…Je vous protègerais sinon."

Et je ne continuai pas. Je ne m'étais pas tout à fait tournée, Je contemplais l'étrange tableau qui s'effaçait derrière moi. La nuit était presque venue ; un lent crépuscule tombait comme une cendre fine. Le paysage, vu de face, dans le jour pâle qui traînait encore sur l'eau, s'arrondissait, pareil à une immense plaque d'étain ; aux deux bords, les bois d'arbres verts dont les troncs minces et droits semblent sortir de la nappe dormante, prenaient, à cette heure, des apparences de colonnades violâtres, dessinant de leur architecture régulière les courbes étudiées du lac ; puis, au fond, des massifs montaient, de grands feuillages confus, de larges taches noires fermaient l'horizon. Il y avait là, derrière ces taches, une lueur de braise, un coucher de soleil à demi éteint qui n'enflammait qu'un bout de l'immensité grise. Au-dessus de ce paysage immobile, de ces futaies basses, de ce point de vue si singulièrement plat, le creux du ciel s'ouvrait, infini, plus profond et plus large. Ce grand morceau de ciel, sur ce petit coin de nature, avait un frisson, une tristesse vague ; et il tombait de ces hauteurs pâlissantes une telle mélancolie d'automne, une nuit si douce et si navrée, que le Bois, peu à peu enveloppé dans un linceul d'ombre, perdait ses grâces mondaines, agrandi, tout plein du charme puissant du paysage. Le trot des équipages, dont les ténèbres éteignaient les couleurs vives, s'élevait, semblable à des voix lointaines de feuilles et d'eaux courantes. Tout allait en se mourant. Seulement pas mon interlocuteur, il arrivait à mettre sur moi une forte impression, une forte envie de continuer à apprendre, c’est-à-dire son jeu et à voir s’il me suivrait. La pluie allait sûrement s’étendre sous cette lointaine divinité.

Dans mes satiétés, j’éprouvais une singulière sensation de désirs inavouables, à voir ce paysage que je ne reconnaissais plus, cette nature si artistement mondaine, et dont la grande nuit frissonnante faisait un bois sacré, une de ces clairières idéales au fond desquelles les anciens dieux cachaient leurs amours géantes, leurs adultères et leurs incestes divins. Et, à mesure que la calèche s'éloignait, il me semblait que le crépuscule emportait derrière moi, dans ses voiles tremblants, la terre du rêve, l'alcôve honteuse et surhumaine où j‘eus enfin assouvi mon cœur malade, ma chair lassée. Bien que cela soit une nostalgie que je me souvenais, il n’y eut pas un seul instant ou je ne pouvais me lasser de sa venue. Il avait quelque chose d’indescriptible dans sa manière de faire, que cela ne pouvait que me rendre heureuse. Il me rendit ma main et je souris, la réflexion de ma question ironique ne me fit que sourire d’avantage. Ironie du sort, je n’étais pas comme toutes ces filles à avoir cette peur, c’est pour cela que je lui répondis d’une manière tout aussi clémente et arrogante :

Ne vous méprenez pas mon cher, j’aime la pluie bien plus que le soleil, que je frise, cela ne me déplais guère, pour autant, je préfère friser que d’avoir peur d’une utopie aussi stupide.

Sur le moment, je ne pensais à rien d’autre qu’à le questionner, pas de manière indirecte, mais plutôt sans gêne, je voulais qu’il comprenne que j’en avais pour rien, que je n’avais peur que d’une sorte de vieillesse de l’âme et d’un manque de perspicacité de l’être humain, nous sommes nés avec une capacité intellectuelle de plus de 1400 cm3 autant s’en servir et non rester dans une bulle à jamais. Je lui demandais donc :

Croyez vous en quelque chose monsieur ? Ou n’avez ou aucune envie de savoir plus ? Vous m’intéressez, seulement j’espère que votre égo n’augmentera pas au point de ne plus pouvoir redescendre…

Une question anodine et pourtant, un sourire s’afficha sur mes lèvre par ce même fait.