Auprès de ma douce ♪ [Pv Hika ♥]

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Qu'on se perde! Qu'on se perde! Et surtout, qu'on ne songe pas à retrouver son chemin...

Y avait longtemps, tiens. Tellement que la tension qui s'était répandue à la vitesse d'un courant électrique en était presque douloureuse. Et pourtant ce rictus de haine ne voulait pas décoller de mon visage malgré tous mes efforts. Comme si les deux n'avaient toujours été qu'un seul et même tout.
Une saute d'humeur comme une autre. Et puis, comme souvent, des petits malins qui l'avaient prise pour un jouet, et avaient cru pouvoir s'amuser avec. Mais ils ne savaient pas que, dans le rôle du gamin gâté ou du jouet, c'était celui qui jouait avec moi qui avait le plus de chances d'être cassé plutôt que l'inverse. L'effet boule de neige qu'ils avaient enclenché était parti dans la mauvaise direction. Ils s'étaient retrouvés ensevelis sous l'avalanche.
Une avalanche de neige rouge et de chair chaude.

Et quand je dis neige, ce n'est pas une image. Car l'hiver avait établi ses quartiers à Konoha, et semblait avoir eu le coup de foudre pour la ville. A l'époque où il faisait habituellement ses valises, là il nous avait gracieusement allégés de quelques degrés, et offert un nouveau manteau blanc. Un invité de marque, et généreux qui plus est. Voila de quoi me tirer un pâle sourire, alors que mes pas martelaient les pavés gelés des rues, débordante d'une énergie dont je me serais bien passée. D'une énergie nourrie de rage qui me ramenait inexorablement vers l'internat du lycée, faute d'une autre destination. Quoique je soupçonnais mes jambes d'avoir d'autres plans pour moi, en contradiction avec un certain besoin de m'enfermer quelque part, casque enfoncé dans les oreilles et attendant que l'orage se dissipe.
Il en fut tout autrement. Suivant l'exemple de Sa Majesté aux doigts de glace, mon capricieux sens de l'orientation s'était apparemment lui aussi mobilisé contre la mauvaise humeur de passage, changeant sensiblement de cas, dessinant un nouveau remède potentiel à mon hyperactivité momentanée. C'était donc un jeu dont l'unique règle consistait à la faire fuir, cette colère, et ce le plus rapidement possible?
En ce cas ce stupide GPS interne avait trouvé une tactique des plus intéressantes. Il se pourrait même qu'il gagne une partie largement menée.

Du moins, menée pour le moment. Le jeu n'est jamais juste lorsqu'on m'en désigne arbitre: le gagnant n'est pas celui qui trouve la bonne réponse, mais celui qui me la susurre avec le plus de douceur à l'oreille. Et ici, personne d'autre que Musique ne surpasserait la perfection.
Comme d'habitude, en somme.

Enfin, avant d'en arriver là, même pour celle qui régissait ma vie, mes pensées et mes actes, il faudrait en faire des tonnes. Maintenant, c'était la porte d'un lieu que je n'aurais jamais soupçonné d'exister ici, à quelques volées de marche de ma chambre. C'était le moment où l'orientation passait le relais malgré lui à l'ouïe, excitée à l'idée de ce qui allait suivre. C'était cette envie, aussi intense que la colère qui agitait encore mes membres, et qui m'avait conduite devant ce qui la perdrait en voulant évacuer ma surcharge énergétique, prête à exploser. C'était cette envie, dans ma main, qui la soulevait jusqu'à la poignée, si attirante, fixée au battant de bois.
Par chance, la porte du studio n'était pas verrouillée.

¤ *Tigresse* aux pattes de *Velours* ¤

Hiver. Saison où le blanc est de rigueur mais aussi roi. Tout ce blanc amenait avec lui la température basse, quelque fois négative. Le ciel est souvent bondé de nuage grisâtre empli de neige n’attendant qu’une chose, tomber et ensevelir d’un plus grand manteau encore que celui déjà en place. Le soleil, lui, essayait tant bien que mal de se frayer un chemin à travers cette épaisseur cotonneuse.

Une jeune fille s’était résignée à remettre une couche de vêtement plus chaude que d’ordinaire. Malgré qu’elle ne soit pas frileuse, le froid était assez mordant pour qu’elle se sentit obligée de porter un manteau qu’elle n’aimait pas particulièrement car trop lourd à son goût. Mis à part cela, elle marchait avec ardeur dans les flocons qui s’était amassés sur le sol, ceux-ci absorbant le moindre bruit, un petit sac sur le dos.

Une envie soudaine l’avait conduit à sortir des bâtiments surchauffés pour se diriger vers un lieu où elle ne s’était pas diriger depuis un moment. Le studio. De temps à autre, elle s’y rendait pour se défouler et entrainer son corps à autre chose que le combat. La ténébreuse avait le rythme dans la peau ou plutôt dans le sang. Elle aimait beaucoup s’échapper de cette manière, laisser s’exprimer son corps par rapport à ses pensées.

Tournant au coin de l’édifice, elle remarqua alors que des traces fraiches de pas marquaient la neige devant l’entrée principale. Fronçant des sourcils, elle activa le pas pour se retrouver devant la porte, sans bruit. La porte ne possédant pas de vitre, elle devait rentrée pour savoir si quelqu’un si trouvait bien. Elle posa sa main sur la poignée de porte, inspira à fond et ouvrit doucement mais sûrement le battant.

Le regard d’Hikari fit rapidement le tour de la pièce qui se présentait à elle, sur ses gardes. La ténébreuse remarqua alors la personne qui était arrivée avant elle. Celle-ci se tourna alors vers la tatouée qui n’était pas si discrète que ça. C’était une jeune fille aux cheveux mi-longs dont la couleur rappelait celle du feuillage des grands arbres des forêts profondes. Ses traits étaient doux tout en étant étonnamment froid et plein de vie.

« Excuse-moi… Ca dérange si j’occupe la salle de danse ? » Demanda-t-elle sans attendre réellement une réponse, refermant la porte derrière elle.

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Lente et laborieuse réflexion en face de ce morceau d'Eden. Brisée par une porte, hésitante, dont la question perturba le fil d'une pensée brouillonne.

Non, pas la question de la porte. Les portes ne parlent pas ce langage-ci. Elles grincent, claquent, se verrouillent, ne veulent plus se fermer, mais les mots leur sont inconnus. Heureusement d'ailleurs; la parole leur retirerait tout leur charme.
Adversaire ou ange-gardien? L'envie de sauter à la gorge du nouvel arrivant à peine sa présence détectée m'informa que le jeu qui m'avait conduit ici n'était pas terminé. Cependant l'immobilité d'une vague prudence me serrait dans ses doigts, rigides et incassables, le temps de décider. Alors, piège ou carte chance?

Mes yeux encore prisonniers des cordes d'une guitare pendue là, sur le mur, à côté d'autres copines distillèrent la question de l'interrogateur -ou interrogatrice, d'après cette note irrésistiblement sucrée sur le cristal de sa voix; les hommes étant plus rugueux, plus opaques- que mes oreilles n'avait pas su comprendre. Les pauvres étaient déjà plongées dans la profonde léthargie que seule la future gagnante de la partie saurait dissiper, et n'étaient plus capable que d'enregistrer le reste, se souvenant de ne pas y toucher et de les livrer tels quels, au cerveau. La traduction était passée par l'écriture virtuelle des paroles sur la batterie allongée devant moi.

Salle de danse, danse. Mes pieds s'agitaient en silence, retenant à grand-peine le désir de faire volte-face. Il était bien plus passionnant d'écouter les gens plutôt que de les regarder. Et entre cette mauvaise humeur encore présente, bien qu'affaiblie et l'idée de croiser les yeux d'une demoiselle inconnue, la musique de ce moment s'envolera vers quelqu'un d'autre, qui saura lui être plus attentif. Mais il fallait une réponse. Et il fallait bouger.

Tournant soigneusement le dos à ma compagne depuis son entrée en scène -quoi que je la soupçonnais d'avoir pu entrevoir ce visage crispé par la rancœur-, je prolongeai l'impolitesse au point de m'éloigner d'elle au profit d'un petit canapé à l'air fatigué, qui fut bientôt recouvert de la veste devenue superflue à l'intérieur, voire gênante. Alors seulement ma langue se délia. Pendant dix secondes.

-S'il y en a une, elle ne m'intéresse pas. Fais comme tu-...

Un vif coup de dent interrompit cette langue perfide qui se permettait de changer impunément mes mots en acide. Où était donc passée l'amitié naturelle et immédiate qui me liait avec la moindre personne qui s'approchait? Tant pis pour la musique, maintenant la nécessité de se retourner était prioritaire. Je relâchai ma langue pour mordiller et entraver une de mes lèvres, le temps de m'assurer que ma prochaine prise de parole ne tournerait pas au désastre. Et pour cacher l'expression encore pas tout à fait effacée de colère, une mine à peu près désolée s'y superposa, à demi cachée par mes mèches les plus encombrantes, tombée sous le coup d'une chute volontaire sur le canapé. Un tel effort de comédie était suffisant pour gâcher encore plus cette journée exécrable, mais il était obligatoire pour pouvoir en revenir à un naturel plus chaleureux.
Si jamais l'inconnue se montrait méritante de cette chaleur durement gagnée.

-Humm désolée, j'ai du mal à me réveiller aujourd'hui on dirait...

Et pour cause puisque le sommeil n'avait pas été vraiment présent au cours de la nuit dernière. Pestant contre ma faible répartie, qui était visiblement ce que je pouvais faire de meilleur, je me résignai au silence en attendant une quelconque réaction. Et en songeant que je ne m'étais toujours pas décidée sur la nature de cette nouvelle pièce sur la table de jeu.
Alors, amie ou ennemie?

¤ *Tigresse* aux pattes de *Velours* ¤

La Hide alla directement poser son sac dans la pièce d’à coté quand la fille aux cheveux verts lui lança de manière qui fut prise très mal par la brune. Crispant ses doigts dans ses paumes, elle ne regarda même pas on interlocutrice. Si elle l’avait fait, elle lui aurait sûrement décoché l’une de ses droites si violente. Elle souffla un coup. Puis la première venue s’excusa en feignant un réveil pas tout à fait terminé. Hikari esquissa un faux sourire, amusée par se changement de ton.

« Ce n’est rien. Chacun ses problèmes. Après, tout dépend des problèmes… »

Sa voix était sèche sans être agressive pour autant. Elle enleva rapidement son « manteau » qu’elle aimait surtout appeler calvaire, et le déposa dans un coin de la pièce. Deux des murs étaient entièrement couvert de miroir, le paquet non vernit ni poli semblait neuf et peu utilisé, le long de l’un des miroirs se trouvait une barre, très utile pour les danseuses –classiques- pratiquant les pointes. La ténébreuse s’étira vite fait, puis se changea quelque peu. Elle retira ses chaussures pleines de neige, son baggy pour enfiler un pantacourts un peu moins ample et des ses chaussures de break-dance.

En guise de haut, elle laissa son marcel lui collant la peau qui mettait bien en valeur sa poitrine pas si développée que ça, ce qu’elle s’en moquait –en réalité- quelque peu. Elle mit toutes ses affaires dans le même coin que sa veste épaisse puis retourna vers le côté musique du studio. Elle vit alors la jeune fille allongée sur le vieux canapé. Elle ne dit rien dans un premier temps, observant minutieusement sa camarade –vraiment ?- qui ne bougeait que sous le mouvement doux de sa respiration. A croire que, finalement, elle manquait réellement de sommeil.

Elle s’approcha alors, si silencieusement qu’on l’aurait prise pour un chat, voulant tout de même prendre un meilleur contact avec elle. Hika’ n’aimait pas partir du mauvais pied avec les personnes qu’elle allait côtoyer pendant un moment assez long ; c’était souvent plus sûr pour les autres mais aussi pour elle, elle aimait se « battre » mais elle n’est pas assez masochiste pour provoquer si facilement une telle situation. Elle alla alors s’asseoir sur l’accoudoir si trouvant aux pieds de l’inconnue. La regardant fixement, elle finit par prononcer quelque mot :

« Tu t’appelles comment ? Enfin, si tu es d’humeur à discuter un peu… »

Dans sa voix, on pouvait très nettement sentir la taquinerie. Elle faisait exprès. Après tout, si son interlocutrice ne voulait pas parler ou quoique se soit d’autre, elle avait qu’à le dire clairement et la tatouée se serait affairée à ses occupations, l’oubliant totalement. Elle savait très faire comprendre à ceux qui l’entourent, qu’elle peut très bien les occulter de sa vision et même de son monde. Pourtant, elle ne voulait pas le faire, ici et aujourd’hui, envers cette nouvelle connaissance.

Après tout, quelqu’un de plus à embêter ce n’était pas négligeable. Surtout en ce moment, elle se retrouvait de plus en plus isolée des autres. Enfin, depuis l’arrivée des Kuragari en réalité. Elle en détestait que certain. Tant qu’il ne la gênait pas ni ne la cherchait, elle n’avait pas réellement d’opinion envers eux. Seul ceux qui avait osé porter la main sur celle –la seule ?- avec qui elle avait pu avoir un pseudo lien était dans de beaux draps si elle les croisait. Attendant, sans mots ni gestes, une réponse de la jeune fille aux yeux ambre, Hikari se remit à regarder en détail sa camarade.

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Le soulagement me tira presque un soupir alors que l'inconnue s'éloignait, se désintéressant de mon cas. Mais quand même. Cette réplique sèche à ma réponse acide, elle me dérangeait. Et encore, on aurait dit que mon interlocutrice aurait pu faire beaucoup mieux sur le plan de l'agressivité, ce qui n'est pas franchement surprenant. On est jamais vraiment aux anges de se faire remballer dès le premier échange de mots.
Calmant mes pensées, leur imposant le rythme lent des bruits de frottement de tissu, à l'autre bout de la pièce, je me lançai dans une observation passionnée du plafond. Distraire, il fallait distraire une attention dissipée, qui ne se concentrait pas sur les bonnes choses, et s'énervait de tout, poussée par la mauvaise humeur. Bien sûr, elle aurait pu me reprocher là de ne pas me sentir la force de me relever pour attraper une des guitares pendues au mur, à un mètre de moi, mais son moteur était ma rage, et ma rage justement ne voulait pas que la Musique remporte la partie.

Cependant une partie de mon esprit me rappela qu'on était dans ce lieu qui mériterait d'être ma seconde maison, et qu'un arbitre digne de ce nom n'était pas en droit de s'endormir sur l'acharnement des joueurs qui se disputaient le titre suprême. D'autant que pour le moment l'électricité qui m'avait conduite ici agitait toujours mes nerfs, empêchant au sommeil manqué des nuits précédentes même d'entrer dans la pièce. Pourtant ça aurait été tellement plus facile, de confirmer mes paroles prononcées en me laissant aller sur de canapé à peine assez long pour y tenir, de remettre le jeu et la victoire du son sur la colère à plus tard. Morphée n'était pas spécialement un ami, mais il savait constituer une bonne solution de remplacement, parfois.

Mais que ce soit dans mes vaines tentatives de me lever, de me calmer ou de dormir, une nouvelle interruption m'empêcha de me tuer à la tâche. La danseuse inconnue, maintenant changée, relançait la conversation. Pas forcément un bon choix, mais elle ne pouvait pas le savoir, elle, que la patience quasiment inexistante qui vivait dans ma tête avait été définitivement réduite au silence par le reste de mes habitants crâniens. A ses mots, mes yeux se braquèrent à l'autre bout du canapé, animés d'une lueur sauvage. Seules mes dents férocement plantées dans ma langue et mes doigts crispés sur le tissu fatigué du canapé m'empêchèrent momentanément de tomber dans une violence injustifiée. Je n'avais pas encore perdu mes manies à tendance pacifistes au point de me défouler sur la première venue. Même si en ce moment précis, je n'en étais pas très loin.

Incapable de prononcer le moindre mot sans paraître antipathique, cassante, je me maintenais donc dans cette position des plus désagréables, où tous les muscles se mobilisent pour prolonger l'immobilité et le mutisme. Je n'avais plus que les yeux pour voir, et donc, tout comme ma compagne, ne me privai pas d'un examen visuel poussé.
Etait-ce sa position, son maintien ou ses attitudes, mais une impression animale se dégageait d'elle, comme une aura aux nuances subtiles, portant la finesse, la prestance et le détachement du félin. Bon point pour elle. Je savais d'expérience que les fauves savaient mieux s'attirer mes faveurs que les simples humains. Immédiatement ce premier détail répondit à ma question -amie ou ennemie?-. Elle serait non seulement de mon côté, mais avait même des chances de gagner le jeu en cours. Enfin, pour ça, il fallait prendre en compte le reste de sa personne. Une expression à la fois taquine, conciliante et contenant peut-être encore un peu de retenue lissait les traits d'un visage dont les yeux noisette croisaient régulièrement les miens, aux aussi en plein travail. Une crinière noire soyeuse appuyait encore son appartenance à la caste des prédateurs à pattes de velours. Quant au reste, sa tenue suggérait sans y donner un accès direct toutes les courbes, simples mais dessinées, de la tigresse.

Ce dernier point me donna des ailes. Il ne valait mieux pas se risquer à suivre de trop près ces formes, qui même à travers mon brouillard sanglant apparaissaient claires et nettes, titillant un certain désir, qui se faisait timidement sentir, pour le moment. Malgré que ce dernier soit maître de mes actions, ça n'empêchait pas la civilité. Mettant fin à la description, devenue dangereuse pour le peu de raison qu'il me restait, le mur aux guitares fut enfin honoré de mon attention. Une princesse à cordes bleue termina presque aussitôt dans mes bras, lâchant quelques premières notes une fois de retour sur le canapé. Sans me lancer véritablement dans la mélodie, ce qui m'éloignerait tellement du monde que j'en oublierais de lâcher une réponse positive à la question tacite de mon interlocutrice -causons un peu...?-, la caresse légèrement mordante des cordes détournerait une attention dirigée par l'envie, désormais bien présente. Fixant le corps posé sur mes genoux pour éviter celui assis à mes côtés, les arpèges ralentirent un instant, faisant place à ma voix.

-Fûu... Pas vraiment d'humeur à parler, mais mon humeur n'a pas son mot à dire là-dedans.

Avec le ton de ceux qui pensent à tout à fait autre chose. En l'occurrence, c'était là partagé entre le frein pratiquement inefficace qui retenait mes mains sur la guitare, et celui qui retenait ma conscience sur Terre, au lieu de la laisser s'enfoncer dans un monde sans images et sans odeurs, juste composé des couleurs et des effluves enivrantes du son. Malheureusement, aucun frein ne fut actionné contre une pensée qui profita de l'occasion pour glisser de mes lèvres, murmurée à l'instrument, mais parfaitement intelligible à qui tendrait l'oreille.

-...Et cette chaleur brûlant toujours quand elle devrait attendre que la glace fonde.

¤ *Tigresse* aux pattes de *Velours* ¤

La jeune inconnue finit par prendre une guitare qui était placée sur le mur juste à côté d’elles et répondre qu’après avoir joué quelques notes. Fûu. Un prénom que la Hide n’avait jamais entendu mais, finalement, qu’elle trouvait original et attrayant. Souriant à la réflexion qui suivit sa présentation rapide, Hikari finit par s remettre sur ses jambes. Elle s’étira un peu puis entendit une phrase doucement prononcé par la jeune fille aux cheveux verts. La brune ferma les yeux, un sourire autre sur ses lèvres. Elle trouvait cette phrase plutôt vraie et pleine de sens. Rouvrant doucement les yeux, son sourire s’effaça aussitôt laissant place à un visage sans vraiment d’expression mais une certaine douceur.

Ne cherchant pas plus sa « compagne », Hika s’éloigna en direction de la pièce où ses affaires avaient été déposées. Une fois au niveau de l’entredeux pièces, elle se retourna pour voir à nouveau sa camarade. Au fond elle, la tatouée savait que quelque chose tracassait la jeune fille à la gratte mais elle préférait ne pas la titiller plus. Même si cela serait drôle de voir jusqu’à quelle limite la jeune fille aux yeux ambre aurait pu tenir face au caractère bien trempé d’Hika. Celle-ci releva un sourcil en y pensant. L’idée était très tentante. Mais elle préférait la jouer fine aujourd’hui, son humeur encore trop incertaine n’aidait pas dans ce genre de situation.

« Pour info, mon nom est Hikari. »

Sa voix avait été clair et suffisamment forte pour être sûr que l’autre jeune fille l’avait bien entendue. Puis elle entra entièrement dans la pièce où son activité du jour devait se dérouler. Il commença quelques étirements banals puis elle essaya quelque pose de break. Jamais satisfaite, elle recommença pas mal de fois puis se releva et se dirigea vers son sac. Elle fouilla quelques secondes puis en sortit un Ipod. Elle enfila ses écouteurs, mit une musique au pif de son répertoire puis le fourra dans l’une de ses poches. Elle alla ensuite au centre de la pièce, respira à fond puis commença à danser.

Hikari enchaina plusieurs chorégraphies puis finit par s’arrêter net. Une idée lui traversant l’esprit. Elle retira l’un des écouteurs en se remettant debout et se dirigea vers la seconde salle, celle de musique. Elle revit alors la jeune Fûu qui jouait de la gratte. La brune ne put s’empêcher de couper entièrement sa musique et de balancer son Ipod sur ses affaires, non loin de là. Elle s’approcha doucement pour retourner s’asseoir sur l’accoudoir du canapé. La tatouée aimait la bonne musique, et ce qu’elle entendait en était et pas des moindre. Les yeux de la Hide s’écarquillèrent sous l’effet de cette mélodie.

« Tu m’avais cachée que tu était si… Douée. »

Sa voix était sincère, cela faisait un bon moment qu’elle n’avait entendu une musique de cette qualité. Un point de positif pour la jeune españole. Son idée de tout à l’heure s’envola car elle voulait en entendre d’avantage. C’est alors que Fûu lui en montra de toutes les couleurs, comme voulant lui montrer que ce n’est vraiment rien ce qu’elle venait de jouer. La brune prit cela avec le sourire, son regard devenant provocateur, voir presque aguichant. A cet instant, la tatouée se surprit d’imaginer autre chose que de la musique ou de la danse. Ou tout du moins, un autre style de danse et de mélodie.

A cette pensée, Hikari passa doucement sa main sur son visage en fermant les yeux. Se disant à voix basse qu’elle était vraiment irrécupérable, elle finit par se relever ne voulant pas faire quelque chose que surement elle regretterait plus tard ou devrait trop accro. De cela, tout dépendait de la réaction de sa camarade. A mi parcourt, elle enleva ses chaussures étant sûr de ne plus pouvoir réellement danser avec toutes ses idées en tête. Une fois de nouveau dans la pièce d’à côté, elle rangea ses bottines dans son sac ainsi que son Ipod et autre fringues qui trainaient. Elle sortit juste une petite serviette de toilette pour s’éponger le visage et le cou.

Elle se releva, gardant sa serviette avec elle. Beaucoup de chose se passait dans sa tête. Tellement de différentes d’ailleurs. Cela faisait un petit moment qu’elle n’avait pas ressentis cette sensation unique que de pouvoir faire un nombre incalculable de chose, toutes étant possible vu la situation. Quelques unes revenaient souvent cependant. Tel que jouer au jeu de sa camarade en les jetant sur elle et lui faire comprendre qu’elle doit lui parler sur un autre ton et la regarder quand elle lui parle ; ou encore, l’ignorer totalement voir presque l’expulser de sa vie et de la pièce tant qu’elle y est ; soit de jouer la carte de la provocation et de l’aguichement, qui marchait assez souvent.

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Dernier arpèges d'échauffement. Seule avec ma princesse à cordes, selon mon désir premier. Il se pourrait bien que la réalité se consume aussi sûrement que si on y mettait feu...

Courte réflexion, ultimes pensées avant le grand saut. Le jeu était bientôt terminé, mais tellement dépassé à présent qu'il me semblait complètement hors de contexte. Maintenant, une seule question: laquelle? Laquelle allait être l'échelle montant au Paradis, le portail doré de l'Eden, le long fleuve tranquille succédant au torrent tumultueux. Ou alors plus encore, le mot de passe de la chambre de tous les plaisirs, le nuage que le vent portait au-delà de tous les cieux connus et explorés, la porte ouverte à toutes les envies les plus folles et indécentes.
A l'image d'un monde qui ne se sentait serein qu'en rejetant la seule idée de calme et de tranquillité, ces premiers accords seraient secs. Bas, comme une confidence; la phrase magique à susurrer à l'oreille du portier. S'enchaînant avec fluidité et légèreté tout de même, laissant à peine le temps à ses cordes de vibrer du désir de s'agiter plus violemment encore, à ce corps creux de résonner de sa jouissance sourde.
Il était temps de s'offrir au voyage gracieusement proposé par la seule vraie déesse de ce bas-monde, et des autres.
Pour cela, un petit, un minuscule sacrifice était nécessaire.

Renoncer à ses sens, c'est une chose que beaucoup jugent difficile, inenvisageable sans un rigoureux entraînement. Ceux-ci n'avaient pour penser cela jamais donné ces précieux sens en offrande à la Musique. Une fois prisonniers de son corps seule l'ouïe persiste, connexion unique et instable avec une réalité insignifiante. Mais elle joue volontiers le rôle de ses quatre semblables disparus, comme en ce moment, où elle captait ces notes rugueuses et irrégulières, ces thèmes écarlates aux profondeurs marines impénétrables, ces paroles acides, ces résonances sucrées sur fond de brise alcoolisée. Et accord et sonorités solitaires, posés sur une portée volante, tordue, bancale se succédaient, questions et réponses d'un interrogatoire houleux. Ou bien était-ce peut-être déjà les premiers échanges de coups et d'insultes.
Une mêlée musicale des plus passionnantes en perspective, en tout cas.

La violence sonore, lorsqu'elle prenait mes mains comme arbitres, ne menait pas toujours à une destination digne d'intérêt. Ce jour de rage aurait du générer le son torturé d'un acharnement disharmonieux, un blasphème envers la reine d'un univers qu'on aura jamais fini d'explorer, même en abolissant la vérité réelle et matérielle pour l'éternité. Pourtant le combat aujourd'hui ne serait pas que bourinisme sans but et sans message. Tant ce tempo mesuré, mais faussement accéléré par la cadence imposée aux doigts, que ces paroles que, trop peu concentrée pour les rendre intelligible, je ne faisais que fredonner distraitement, le morceau criait autre chose qu'une haine farouche et automatique envers tout ce qui ne chantait pas.
Un sentiment fugace sorti de cette impression insaisissable.

Malgré l'absolu de ce duo avec la guitare, alliant violence amère et discours mielleux dans un ensemble devenant plus sensuel que cassant au fil des couplets, la réalité tardait plus à se retirer que d'habitude. Et ce n'était pas la colère, au contraire, qui était responsable.
La présence brûlante de la pièce atteignait-elle le nouveau jeu entamé, celui du son?

J'avais manqué une bonne partie des événements du studio, à en juger par la brève vue des alentours. Je n'avais vraiment pas l'intention -ni l'envie!- de me remettre à penser au monde extérieur maintenant, mais une partie de ce détestable environnement s'était glissé dans mes pensées au point de fusionner avec la voix modulée de ma princesse bleue. Une partie qui m'observait d'une expression que je tardai à déchiffrer, encore trop loin du studio.

Lorsque ma vue retrouva l'entière maîtrise de ses capacités, elle identifia immédiatement le visage de la réflexion amusée, le visage de celui qui hésite sur la marche à suivre pour éprouver le plus de satisfaction vis-à-vis de ses actes. Je l'aurais bien interrogée sur le pourquoi du comment, mais cette traîtresse de main me devança, interrompant la mélodie en cours sur un coup de tête pour adopter un style plus... Coulant.
Ces satanées mains avaient toujours su se faire pardonner tous leurs caprices. Là, elles réussirent l'exploit en me renvoyant à la frontière de mon monde parallèle. Me forçaient par leur jeu à garder les yeux ouverts, actifs et rivés sur Hikari -le nom avait-il été enregistré par le défectueux pilote automatique de mon corps?-. Frémirent d'excitation lorsque mon agacement envers elles diminua progressivement. Firent sonner leurs notes brusquement plus fort quand je me surpris à imaginer ces dernières "couler" le long des courbes de ma compagne, eau d'une douche qui la rafraîchirait après ses efforts, illustrés par la serviette passée en écharpe. Puis elles se calmèrent à la pensée de se voir elles-même couler à la place de l'eau, trop décontenancées pour pouvoir maintenir le rythme soutenu qui accaparait une attention dont je venais de les priver. D'un coup le désir imprécis de tout à l'heure tenta une nouvelle fois de s'imposer, stoppant net tous mouvements en cours ou esquissés. En suspens au-dessus des cordes comme au-dessus d'une décision que je n'osais prendre, il me fallut de longues minutes de silence pour rassembler le peu d'idées qui n'avaient pas encore éclaté, bulle de savon prises dans la tempête cérébrale qui forcerait tôt ou tard mon corps à réagir.
D'abord, l'inattention totale. Jusque là, tout allait bien dans le meilleur des mondes, celui de la Musique.
Et puis, la légère dissonance avec le programme pré-établi par mon esprit, hermétique à souhait aujourd'hui.
Et la prise de conscience, la réalité, de nouveau.
Et le changement de thème: du combat ambigu à l'invitation clairement formulée. Encore fallait-il que la destinataire du message le comprenne, mais bien qu'involontaire il était assez explicite.
Et l'arrêt total. Un choix urgent à faire.
Musique salvatrice ou chorégraphie apaisante?

Mais tout ça, c'était sans compter l'avis de la principale concernée. Elle aussi semblait en attente. De quoi? Guitare? Mes mains la rejetaient désormais, impitoyables et infidèles.
Plutôt que de risquer que l'envie ne transparaisse dans ce regard vorace toujours collé à celui de la danseuse, je repris au moins le contrôle de cette commende-là en y formulant silencieusement l'interrogation que mes lèvres ne lâcheraient pas, obstinément serrées.
Musique divine ou mélodie charnelle?

Etudiant

Pas de réponse ? Je verrouille What a Face

Si vous voulez reprendre, n'hésitez pas à me MP Wink