Une rencontre flamboyante... [PV: Elin]

Le soleil allait se coucher inondant le ciel et l’océan de ses derniers rayons, rendant ce lieu si magique. Cet astre, qui régit tellement de chose et d’être nous éclairant durant pas mal d’heure chaque jour, se retire dans un spectacle annonçant son absence brève. Les nuages s’étaient mis d’accord pour ne pas interférer cette fois-ci, s’étant retirés quelques heures plus tôt.C’est à cet instant précis qu’un jeune homme vint s’installer dans ce décor de lumière, d’ombre et de brillance. Il vient assez souvent en ce lieu souvent calme et parfois tumulte. Son regard acier azuré sur l’horizon, il avance doucement mais surement dans l’étendue sablonneuse qu’il arpente comme une âme errante, sans avoir réellement un but précis.

Simplement vêtu d’un T-shirt un peu trop lâche à son goût, un bermuda juste à la bonne taille sombre et une paire de chaussure basse ; le jeune aux cheveux blanc-argents portait non-chalemment un sac à dos sur une épaule qui ne contenait apparemment pas grand-chose. Après quelques minutes de marche, il s’arrêta et déposa son sac sur le sable.Allen regarda l’océan qui l’étendait à perte de vue à sa gauche, prit une grande inspiration en refixant l’horizon devant lui puis se mit à courir en ligne parfaitement droite, fixant et pourchassant quelque chose d’invisible. Il fit comme cela plusieurs allers et retours qu’il enchaina sans diminuer la rapidité d’exécution. Quand il jugea en avoir assez fait, il s’arrêta près de ses affaires même pas essoufflé ayant juste le souffle saccadé par l’effort.

Il ouvrit alors son sac et en sortit deux bandes solides. Se redressant, il les enroula autour de ses mains comme le font les boxers. Une fois sa « tâche » accomplit, il prit une bouteille d’eau, y but quelques gorgées, la redéposa à sa place puis il s’écarta un peu de son sac. Allen ferma les yeux et se mit à respirer profondément. Sa concentration avait débuté.Au moment où il rouvrit les paupières, son regard était d’un gris tranchant, une grande détermination habitait ses traits autant que sa concentration, le jeune homme effectua plusieurs mouvements rapides. Son entrainement avait débuté. Il fit ainsi un nombreux incalculable de prise, de mouvement, d’esquive et d’attaque, que son corps commençait à perler de sueur.

Etant gêner par son T-shirt, devenu plutôt lourde et encombrant, il se décida à s’arrêter quelques instants pour le retirer. Ceci fait, il réattaqua son entrainement avec rage et puissance. A croire qu’il ne fatiguait pas. Au contraire, à la voir ainsi on pourrait même dire que plus cela durait et plus il était rapide, puissant et précis. Cela impressionnait toujours.Allen, malgré sa grande concentration, entendit quelqu’un approcher. Faisant mine de rien au début, il avait continué d’arrache pied ses exercices. Ce n’est qu’une fois l’inconnue non loin de lui que le jeune kuragari fit volte-face, arrêtant son coup à quelques centimètres d’une jeune fille aux yeux rouge vif, surprenant.

Plissant les yeux, il « retira » son poing de sous la gorge de la jeune blonde et la salua comme lorsqu’on finit un combat. Lui tournant le dos pour aller chercher sa bouteille dans son sac, il lui adressa quelques mots :

« J’aurais pu te blesser… il ne faut pas approcher aussi furtivement de quelqu’un en plein entrainement… » Dit-il faussement surpris de cette présence.

Elin était arrivée une demi-journée plus tôt. Elle avait déposée ses affaires au lycée où elle s’était inscrite. Le Lycée Daiki, qui, disait-on était la source même du conflit. Ensuite, une fois installée, elle n’avait pas eut à chercher longtemps que faire. Elle s’était changée, avait enfilé un baggy et un marcel moulant, avait prit son Itouch, son casque, puis avait choisis de découvrir la ville.

Elle avait démarrer sa promenade par la montagne, lieux de ressource qui semblait l’appeler irrésistiblement. Elle avait emprunté un chemin rocailleux pour finalement atterrir au bord d’une immense plaine balayée par le vent. Là, elle était rester un long moment, à profiter du silence. Puis, lorsque l’ennui avait pointé le bout de son nez, elle avait reprit sa route.

La musique qui s’échappait du casque l’avait déconnecté peu à peu de la réalité et la blonde avait continuer à marcher sans regarder autour d’elle. Elle avait errer, longtemps, sans but, sans même une envie particulière. Parfois, les yeux clos, elle avait avancé jusqu’à percuter quelqu’un. Alors, elle avait rouvert ses yeux de sang et pourtant si froid, puis avait reprit sa route, inlassablement. C’était toujours la même rengaine. Elle démarrait sans but et finissait sans but. Elle avançait pour ne pas stagner, par peur même de reculer. Et finalement, elle revenait souvent à son point de départ.

Elle était, maintenant, dans un boulevard. Doucement, lorsque la fin du chanson particulièrement violente s’était arrêtée, elle était revenue à elle. Découvrant qu’elle se trouvait en ville, totalement perdue, la blonde choisit de se diriger toujours tout droit. Elin avait souvent pour code ce genre de règles. « tout droit, jusqu’au bout ». Cela ne servait à rien mais elle aimait tout de même les suivre. Pourtant, pour une fois, cette règle lui offrit une jolie surprise. Alors qu’elle débouchait enfin d’une rue interminable, elle se retrouva en hauteur, face à la mer. Sous elle, une plage étendait ses bras et protégeait la ville.

La suédoise ne se le fit pas dire deux fois, traversa la route –en manquant par la même occasion de se faire renverser-, elle resta en hauteur et longea la plage. Ses yeux ne quittait pas la mer. Elle eut même le plaisir éphémère de contempler le coucher de soleil. Plaisir violent mais fugace. Elle s’en réjouit. Elin se réjouissait toujours de chose aussi simple. Une fleur épanouit, un papillon dans le vent, un couché de soleil. La nature était son havre de paix, mais ceci était un secret.

Alors qu’elle atteignait le milieu du chemin –mon dieu ce que cette plage était grande-, elle s’arrêta. Une chanson, dans son casque débuta et la jeune fille devint encore plus inexpressive. Plus bas, sur la plage, quelqu’un s’entrainait. Un silhouette, quelle ne put identifié. Pourtant, au plus profond d’elle-même, la blonde eut l’impression de le connaitre. Ou… aurait voulu la reconnaitre. Cette silhouette était une image effacé de son esprit d’un homme qu’elle avait côtoyé, surement…

Elin resta immobile. Longtemps. Ses yeux fixés sur la personne qui bougeait, rapidement. Ses mains contractées et pourtant son corps tellement détendu. Chez elle, rien ne semblait vivant. Tout avait perdu la vie, un jour, quelques 17 années plus tôt. Et puis, finalement, la blonde prit sa décision. Curieuse par nature, tout au fond d’elle, et aimant jouer avec le danger –quelle présentait en regardant la silhouette-, elle retira son casque –le son poussé à bloc résonnait toujours à ses oreilles- et descendit sur la plage à pas doux. Le silence la suivait, comme toujours. Alors qu’elle atteignait la personne, qui se révéla être un étrange homme aux cheveux blanc-argenté et sûrement plus vieux qu’elle, Elin s’immobilisa. Au même instant, le jeune homme se retourna et son poing s’arrêta sur sa gorge. Elin ne tressaillit même pas et plongea son regard dur et froid dans celui, gris, de l’homme qui finit par se détourner et parler. Le silence dura quelques longues minutes après ses mots. La blonde le cassa d’une voix douce quoique distante… éffacée :

« Comme si je me serais laissée bléssée… »

Elle était toujours immobile. En totalement détachement, d’un calme olympien et d’un froid glaciale, elle était juste étrange. Comme un être qui aurait perdu sa volonté de vivre. Comme un monstre sans cœur. Douce.

« Qui es-tu ? »

N’attendant pas spécialement de réponse à sa remarque envers la jeune fille, le jeune homme alla récupérer sa bouteille d’eau pour en boire quelques gorgées. Entendant à peine ce que la jeune inconnue avait soufflé, il ne releva pas, trouvant cela inutile. Il rangea sa bouteille quand la blonde lui posa une question, froide et directe. Allen ne répondit pas tout de suite, préférant retirer son T-shirt imprégné de sueur due à son activité précédente, découvrant ainsi son tatouage. Une fois cela fait, il la regarda au dessus de son épaule, la détaillant minutieusement de haut en bas. Il ne l’avait pas vu depuis son arrivée à Daiki.

*Intrigante tout en étant… Etrange.*

Jugeant qu’il pouvait parler avec la nouvelle venue, il prit son sac et fit quelques pas vers elle tout en ne s’approchant pas trop. Il inclina légèrement le torse en fermant les yeux, puis se redressa en rouvrant doucement les paupières découvrant alors ses pupilles devenues grises comme la lune. Il sortit de son sac une petite serviette et s’épongea doucement le visage puis un peu le torse. Tout en rangeant le linge maintenant humide, il répondit enfin :

« Allen Spacey. Et toi ? »

Il sortit ensuite de son sac un marcel noir avec des motifs couleur sang, moulant, qu’il enfila dans un geste à la fois fluide et rapide. Il la regarda droit dans les yeux avec une certaine froideur tout en ayant une pointe de curiosité. Cela est vrai, le jeune kuragari était très curieux des nouvelles choses et rencontres. Surtout si ça lui arrivait la nuit, seul moment où il se sentait assez souvent seul, mit à l’écart. Cela lui plaisait, mais il avouait qu’il aimerait avoir un peu plus de compagnie durant ces heures qu’il ne peut passer avec Morphée ; à croire que ce dernier avait une dent contre lui.

Après un certain temps à se regarder, Allen finit par se mettre en marche passant à côté de la blonde aux yeux rouges. Une fois à sa hauteur, il s’arrêta, la défit du regard ainsi qu’un rictus au coin des lèvres. Il voulait vraiment parler avec elle, même si cela signifiait jouer à un jeu dangereux et ce pendant un temps indéterminé. Puis il reprit sa marche, le regard sur l’horizon.

Elin avait perdu son impression de déjà vue. Dès que ses yeux avaient réussis à détailler la silhouette qui lui évoquait quelque chose, elle avait compris qu’elle s’était trompée. Ces impressions de déjà-vu lui arrivaient de plus en plus souvent, ces temps-ci et pourtant elle faisait comme si c’était normal. Elle s’était toujours leurrée sur ce qu’elle pouvait vivre, comprendre, ou ressentir pour croire qu’elle avait une vie normale, après tout. Secouant doucement la tête et serrant les paupières, Elin s’arracha du songe qui menaçait de venir. Elle haïssait penser. Elle haïssait encore plus chercher à comprendre le sens de sa vie.

Le jeune homme tourna la tête et la détailla. Elin, plus calme que jamais, se laissa faire, les yeux fixés sur lui. Elle avait toujours cette attitude du plus fort. Ce caractère doux, tout en étant malsain, presque destructeur. Détournant les yeux des prunelles grises du jeune homme, la blonde balaya rapidement son corps des yeux. Il était musclé, fort certainement. Sportif a n’en pas douter. Et puis comme… félin ? Sauvage peut être. Finalement ce fut le tatouage qu’il portait qui l’arrêta. Le biohazard… Le même qu’elle. Elin inspira et détourna les yeux.

Le jeune homme répondit enfin à sa question. Allen Spacey. Un nom qui sonnait Anglais, peut être Américain. Elin inclina la tête dans le vide, comme pour confirmer avoir entendu. Ensuite, elle le regarda enfila un marcel sombre et se retourner face à elle. Son regard se planta dans celui de la blonde. Pas un mot ne fut prononcé. Puis, il se mit en route. Alors qu’il passait a côté d’elle, Allen lui adressa un regard et un rictus. Elin ne bougea pas, glaciale. Puis, attendant qu’ils soient dos à dos, elle lâcha :

« Elin Sorensen. »

Sa voix s’était un peu durcie. Pourtant, elle n’était pas mauvaise, ni même agressive. Se tournant face à la mer, la blonde contempla un instant l’horizon, qui se perdait déjà dans les limbes noirs de la nuit. Puis, elle fit doucement une rotation pour apercevoir Allen. Il était déjà tard et il n’y avait plus personne sur la plage. A cette heure-ci, elle allait s’ennuyer et ce n’était pas ce qu’elle voulait. Le fait qu’elle ait trouvé quelqu’un à cet endroit déserté était une aubaine pour elle.

Elin continua de le regarder s’éloigner alors qu’un sourire victorieux se dessinait sur ses lèvres. Elle avait une fois encore réussit son coup. Pourtant, le fait qu’il soit de son clan réduisait un peu sa joie. Elle jouait en solo, certes, pourtant, elle n’aimait pas tromper ceux avec qui elle était censée avancer. Une idée se déroula alors dans la tête de la scandinave. Une idée tentante. Bien trop tentante. Elle ouvrit la bouche, les yeux pétillants :

« Eh Allen ! »

Elle attendit qu’il s’arrête et qu’il se retourne vers elle pour lever sa main crispée en un poing. Elle joua sur la luminosité blafarde de la lune en déliant ses doigts pour y présenter ce qu’elle tenait. A la fois, si l’on regardait bien, on pouvait y voir le biohazard tatouer sur la paume de sa main, juste sous son pouce, mais aussi un petit pendentif, accroché à une chaine, représentant un tigre. Un sourire vint jouer un instant sur ses lèvres, fugace et naïf, puis elle redevint inexpressive.

« Tu devrais faire attention aux gens qui t’entourent. »

Elle plongea son regard couleur de feu dans ses yeux. Comme toujours, chez Elin, seul son regard savait parler pour elle. Partie la plus vivante de son corps, aujourd’hui, ses prunelles riaient de malice et de moquerie. Une pointe de tristesse et de dégout persistait, comme toujours. Immobile pendant de longs instants, lorsqu’elle se remit enfin en mouvement. Se fut pour faire un mouvement vif du bras et lui lancer ce qu’elle lui avait volé. Le pendentif prit son envole, brillant par éclat sous la lumière tamisée. Elin, elle, attendit en silence que le jeune homme réagisse, certaine d’avoir, une fois encore, produit un peu de remous dans sa vie.

Alors qu’il reprenait sa marche, la jeune fille déclina son identité avec une voix qui ne surprit pas vraiment Allen. Continuant sa marche, le jeune homme sourit en plaçant ses mains derrière sa tête et regardant le ciel. Elin Sorensen. La personne dont il était devenu plutôt curieux avait un nom qui sortait de l’ordinaire, venant surement d’un pays nordique. Son envie n’était pas réellement celle de s’éloigner et partir, mais ses pas s’étaient activés seuls comme un automatisme après son entrainement.

C’est vrai. Son envie et ses pensées immédiates étaient de rester auprès de cette fille et en savoir plus. Mais pourquoi ? Cela il l’ignorait totalement. A croire que plus la nouveauté était mystérieuse, plus son envie et sa compréhension de celle-ci était grande et difficile. Il imprima alors la mieux possible le nom de cette jeune blonde aux yeux si étonnant. C’est alors que son nom fut prononcé. Il s’arrêta, les yeux pétillant de surprise, descendit ses bras le long de son corps puis se retourna doucement.

C’est alors qu’il vit son pendentif, son objet fétiche, scintiller entre les doigts de la jeune fille qui eut un bref sourire rôder sur ses lèvres. Il remarqua aussi a tatouage, le même que le sien, le symbole des kuragari. Le jeune aux cheveux argent porta alors sa main dans sa poche. Rien. Le pendentif dont était en possession Elin était bien le sien. Il la regarda droit dans les yeux, un certain mélange de colère et de dégoût commençant à mordre ses pupilles devenues grises comme la lune qui les éclairait.

C’est alors que la blonde lui fit remarque à quoi il ne réagit que très peu, serrant simplement les poings. Quelques minutes passèrent durant lesquelles justes leurs regards communiquèrent. Puis la jeune au teint pâle envoya d’un geste souple l’objet dans les airs. Allen se mit en mouvement aussitôt, se déplaçant tel un fauve ayant décidé de fondre sur sa proie puis attrapa vivement son précieux collier. Il le remit alors à sa place d’origine, les yeux clos, autour de son cou d’où il n’aurait pas dû bouger.

*Pourquoi dois-je toujours être attiré par de tel événement ?...*

Il rouvrit doucement les yeux et fixa ensuite durement la blonde. Il avait maintenant le corps de profil par rapport à la voleuse. N’ayant pas retiré ses bandes autour de ses mains, il serra convulsivement ses doigts dans ses paumes. Il ne supportait pas qu’on le prenne pour un faible mais surtout qu’on lui dérobe un objet aussi important à ses yeux. Il finit par s’approcher, s’arrêtant qu’à peine un mètre d’elle. Il ne la quittait pas des yeux, sa colère grondant au plus profond de lui.

« Tu devrais faire attention aux personnes à qui tu voles des objets personnels ! »

Sa voix avait claqué dans le silence de la nuit. Pourtant, elle ne portait pas réellement une grande colère, mais plutôt une sorte de dégoût et de rancœur. Comment avait-elle osé mettre la main sur une chose aussi symbolique que son pendentif ? Le jeune homme inspira fortement, ne voulant pas détruire cette envie qui s’était éveillée en lui en voyant cette jeune fille qui faisait aussi partie du clan. Après quelques minutes à échanger des silences, il posa son sac doucement à terre puis s’assied face à son interlocutrice, invitant la blonde à faire de même. Il ne la quitta aucunement du regard, à croire qu’elle pourrait s’éclipser le temps d’un battement de paupières. Il attendit là.

Combien de temps ? Il ne le sait pas. De toute façon, il pouvait attendre longtemps, le sommeil ne pointant jamais réellement le bout de son nez. Il leva un sourcil lorsque finalement la jeune fille s’installa à côté de lui mais face à l’océan, ne le regardant même plus. Il ne comprit pas pourquoi elle s’assied sans rien ajouter ou réagit d’une autre manière, ni même pourquoi elle n’était pas tout simplement partie. Appréciant simplement qu’elle veuille bien être encore un instant en sa compagnie, le jeune aux yeux lunaire défit alors lentement l’une de ses bandes, ne la regardant plus.

« Tu aimes jouer si je ne m’abuse ? » Demanda-t-il d’une voix distante avec une pointe de curiosité.

Elin était devenue statue. Tout son corps s’était figé dans l’espoir d’une réaction d’Allen qui chasserait un peu l’ennui qui menaçait d’arriver. Son visage lui aussi s’était immobilisé, son souffle était infime. Seuls ses yeux conservaient leur part de vivacité, d’humanité même. Ce fut les paroles du jeune homme qui ramenèrent la blonde à la réalité. Piétinant le sol un instant, elle ne le lâcha pas du regard. Sa phrase, un reproche, l’amusa. Vérifier qui elle volait n’était pas amusant. Le but était justement de trouver quelqu’un avec une réaction nouvelle, pour changer le quotidien.

La voix avait déchiré le silence. Elin, n’aimait jamais briser le silence. Elle l’aimait trop, l’adulait même. Il valait mieux se taire que de parler à mauvais escient, elle le savait. Cette fois-ci, elle ne releva pas les mots du jeune homme. Elle n’en avait pas envie. Elle ne voulait en aucun cas se justifier. Sa conduite ne regardait qu’elle, et qu’elle seule. Accepter de révéler ses principes, c’était… comme codifier sa vie et se faire juger. Elle n’en voulait pas.

Leurs regards ne s’étaient pas lâchés. Le duel auquel ils se livraient continua dans le silence le plus complet. Un silence parfait que seul le roulis des vagues et le vent frais venaient briser. En face d’elle, Allen s’était rapprochés. Ses poings jouaient à se contractés, comme pour prouver la colère que le jeune homme ressentait face au vol. Elin avait réussit son coup. Pourtant, brusquement, il sembla se calmer. Rapidement, il posa son sac au sol et se posa sur le sol. D’un regard, il l’invita à le rejoindre.

Elin resta immobile, longtemps. Les idées pas très claires en cette heure tardive, elle ne comprenait pas pourquoi il changeait brusquement de comportement. Ce n’était pas logique. Il aurait du être énervé, l’attaqué peut être même, mais à la place il l’invitait à s’asseoir et à parler. Comme si de rien n’était. Et justement, il y avait bien eut quelque chose. Fermant les yeux un instant, Elin pesa le pour et le contre. Finalement, puisqu’elle-même avait lancé la discussion pour se « changer les idées », elle n’avait qu’à foncer maintenant. Elle n’avait pas peur d’une attaque et ce jeune homme paraissait… intéressant.

La blonde se mit en mouvement subitement. Elle bougeait rapidement, souplement même, comme un loup qui traque sa proie. Sans un bruit, sans même un mouvement saccadé. Elle vint se porter à son hauteur et s’accroupie –à demi-assise, à demi-accroupie- prêt du jeune homme, les yeux fixés sur la mer. Allen ouvrit alors la bouche et posa une question, presque une affirmation. Elin retrouva un très fin sourire, mélange d’amusement et de tristesse.

« Jouer ? Ouais… Ouais, t’as raison. Au moins, je peux me prouver que je suis toujours là… Ca me passe le temps et ce n’est pas néfaste à la santé alors j’en consomme le plus possible. Toi par contre, tu n’as pas l’air d’aimer qu’on joue comme ça. »

Elle lui adressa un joli sourire, vrai, qui s’éteignit en un instant. Fixant son regard sur l’immensité aux reflets noirs, Elin retrouva le silence. Ses yeux se fermèrent à demi, tandis que la fatigue arriva, ainsi que le froid. Avec la nuit qui s’intensifiait et la saison qui n’était pas très favorable, le froid avait tôt fait de revenir. Et ce n’était pas avec un marcel que la jeune fille allait le combattre. Resserrant ses bras l’un sur l’autre, la blonde ferma les yeux et inspira l’air mordant.

« Lorsque je t’ai vu, tout à l’heure, je t’ai pris pour quelqu’un que je croyais, enfin… je pensais te connaitre. C’est étrange mais tu me semblais familier et totalement inconnu aussi. »

Elle avait dit ca comme ça. Les yeux toujours clos, des frissons parcourant sa peau. Elle l’avait dit comme ça, juste parce que c’était vrai et qu’elle ne voyait pas pourquoi elle aurait du le cacher. Elle ne se justifiait pas et n’attendait pas de réponse en général. Elle aurait pu se taire… Ouais, elle aurait pu. Puis, se laissant tomber en arrière, elle s’étendit sur le sable et ouvrit les yeux pour contempler la voute céleste un long moment. Finalement, elle baissa les yeux sur le jeune homme en demandant :

« Quel âge as-tu, Allen ? »

Retirant toujours le bandage de sa main droite, Allen écouta sans broncher les premières paroles de la blonde. Celle qui lui informait qu’il ne s’était pas trompé, elle aimait ce genre de chose. Jeux dangereux. Allen aimait cela mais pas dans le même contexte. Là-dessus la jeune fille se trompait beaucoup. Mais comment aurait-elle pu le savoir, elle ne connait rien sur le jeune Spacey.

Il releva cependant les yeux sur elle pour lui montrer qu’il l’écoutait bien. C’est alors qu’il vu un rapide sourire sur le visage pâle de son interlocutrice. Il n’y prêta pas plus attention et rangea sa bande dans son sac et ressortit ses mitaines noires qu’il ne quittait que très rarement. Il en enfila une puis s’affaira à enlever la seconde lorsqu’Elin l’informa qu’elle avait eut un sentiment de déjà vu en le rencontrant.

Il ne dit rien. Juste un sourire fin se posa sur ses lèvres. Les seules personnes qui lui avait dit cela étaient celles qui s’était fait avoir par ses talents, mais aussi ceux qui avaient une haine profonde envers lui ou encore les rares qui avaient survécu à l’une des ses « interventions ». Il vit qu’elle frissonnait et voulut lui prêter son gilet qui se trouvait dans son sac mais Elin s’allongea sur le sable et lui demanda quelque chose en le regardant. Avant de répondre, il rangea la deuxième bande et enfila la seconde mitaine. Il regarda un instant l’océan puis calla son regard azur sur celui braise de sa camarade.

« J’avance déjà dans ma 19ème années. Et toi ? » Dit-il avec une voix entre franchise et douceur.

Une douce –fraiche- brise souffla sur la plage, juste assez forte pour ne pas soulever le sable. Le jeune aux cheveux cendrés inspira cet air empli d’odeur caractéristique de l’océan et des plages de sables fins. Son regard se porta alors une minute à peine sur la lune, celle qui l’accompagnait jusqu’au bout de la nuit. Il sourit discrètement un instant puis le perdit la seconde suivante, regardant celle qui était à ses côtés ne perdant toutefois pas la douceur sur ses traits.

Il finit tout de même par sortir son gilet et le tendre à sa camarade, plus qu’une demande il voulait réellement qu’elle l’enfile et assez rapidement, ne lui laissant pas vraiment le choix en la fixant plutôt durement, un sourcil relevé. Après quelques minutes à se défier du regard, Allen finit par se lever et aller déposer en douceur son vêtement sur le torse d’Elin qui refusait de bouger. Puis il retourna ensuite s’asseoir à ses côtés, lui souriant timidement vainqueur.

« Si tu veux le garder, tu peux. Il ne m’est pas d’une grande utilité. » Souffla-t-il en regardant les astres au-dessus de leur tête.

Il s’allongea à son tour, les mains derrière la tête. Cela était vrai. En plus de ne pas avoir « besoin » de dormir -Morphée le boudant pour d’obscures raisons- le kuragari ne sentait pas réellement le froid mordre sa peau. Il oubliait d’ailleurs assez souvent que les gens autour de lui, eux, craignaient cela assez facilement. Il soupira et repensa au fait que la jeune fille avait l’impression de le connaitre sans savoir qui il était. En y réfléchissant, ses yeux là il les avait déjà vu quelque part mais impossible de s’en rappeler. Mais il ne se souvenait aucunement d’un caractère aussi trempé que celui-ci.

Turlupiné pas cette drôle de sensation, il avait pas mal de question à formuler. Mais il se garda de vouloir toutes les poser, certaines étant beaucoup trop indiscrète. Une chose était sûre en son esprit, jamais il ne l’avait rencontrée ici, au lycée Daiki. Sinon il s’en souviendrait, non ? Il n’était plus sûr de rien à présent. A croire que cette jeune demoiselle soit, d’une certaine manière, responsable de se trouble nouveau en lui. Secouant la tête, il voulut chasser cette pensée si futile et incongrue. Il détourna alors son regard de la voûte céleste pour le déposer sur la jeune aux yeux sanguins.

« Dis moi, depuis combien de temps es-tu dans les parages ? »

Curieuse et hésitante à la fois, sa voix avait été assez douce pour ne pas déranger le ressac des vagues mais avec la puissance suffisante pour distinguer ses paroles. Son regard brillait sous le doux hâle lunaire, trahissant quelque peu le tumulte qui régnait en son esprit, mais son visage était aussi impassible que le sable sur lequel ils étaient allongés.

Elin s’endormait presque. Comme ailleurs, dans un monde qui n’était plus vraiment le sien, elle se laissa aller. Elle était seule, ou presque. Enfin… le presque était tout de même de taille. Allen, même silencieux, exerçait une présence incroyable. Même en fermant les yeux, en laissant le sommeil venir, ou en osant se laisser déconnecter du monde extérieur, la blonde ne pouvait pas ignorer le jeune homme. Il ne produisait presque aucun bruit, ne bougeait pas, et cependant, il était là. Réellement là.

Allen rangea les bandes qui couvraient ses paumes et poignés, surement pour l’entrainement, et enfila à la place des mitaines. Elin ne le quitta pas du regard. Attentive à tout, gestes, respiration, ambiance, elle resta néanmoins statique, comme si elle était ailleurs. Son regard capta la lune et son halo de lumière pale qui illuminait un peu le ciel noir, les vague et leur roulement incessant et le vent, toujours le vent. Un frisson revint à cette pensée. Elin se concentra sur la chaleur, sur un souvenir chaud pour chasser le froid. Méthode stupide mais méthode tout de même.

Allen rompit à ce moment là le silence. Il expliqua qu’il avait 19 ans, depuis un petit moment apparemment. Elin ne put retenir un petit sourire. Elle avait vu juste une fois de plus. 2 ans de plus qu’elle. La blonde ne put s’empêcher de songer ce qu’il avait pu faire en plus avec ses 2 ans d’avances. Qu’est ce qui changerait entre elle et son elle de 19 ans ? Secouant la tête, ce fut le sable qui s’emmêla dans ses cheveux qui la remmena au présent.

« 17 ans, depuis quelques mois. »

La blonde lui adressa un demi-sourire dissimulé dans le noir puis ferma à nouveau les yeux, la tête confortablement installé dans un nid de sable. Le vent, au même instant, forcit un peu. Comme pour la rendre encore plus froide. Elin serra les paupières, jusqu’à entendre du bruit. Son regard de sang se posa sur le jeune homme qui lui tendait une veste. Elle ne bougea pas. Elle ne voulait pas dépendre de quelqu’un, même pour une chose aussi futile. Elle resta immobile à soutenir son regard. Il se mit en mouvement, un peu trop rapidement pour qu’elle réagisse à temps. Alors qu’elle faisait un mouvement pour se redresser, le jeune homme déposa la veste sur sa poitrine. Elin s’immobilisa, mal à l’aise. Elle se laissa retomber sur le sable, ferma les yeux forts, très forts pour oublier son cœur douloureux qui venait de se remettre à battre, puis elle répondit au parole d’Allen :

« Je… Ouais… Merci…T’étais pas obligé hein… M’enfin… »

Arrêtant la catastrophe, la jeune fille détourna la tête vers l’autre bout de la plage, refusant ainsi de voir Allen. A ses côtés, elle sentit qu’il se couchait aussi. Puis le silence s’installa. Elin, les yeux clos, se laissa aller à une sorte de transe, entre le sommeil et l’éveil. Un repos qu’elle voulait réparateur. Elle avait besoin de dormir, besoin de se régénérer comme tous les hommes. Néanmoins, elle n’avait pas envie de passer la nuit dans son lit, aujourd’hui. Elle découvrait une toute nouvelle réalité, c’était tellement… prenant ? amusant ? vivant. Bon. La voix du jeune homme s’éleva à nouveau, douce.

« Je suis arrivée ce matin à Konoha. Nouvelle débarquée et déjà en train de sécher le lycée et l’internat… Et toi ? » répondit-elle amusée dans le fond.

Le silence se réinstalla après ses mots. Elin, se laissa aller, lentement. Et, alors que le sommeil arrivait avec ses gros sabots, elle se dut de réagir. Se levant d’un bond souple, vif, gracieux presque, elle retint la veste pour ne pas la lâcher sur le sol. L’enfilant comme si elle lui appartenait, Elin passa une main dans ses cheveux et lâcha un grognement mécontent. Le sable était totalement emmêlé dans ses cheveux. Marmonnant dans sa barbe, elle tenta d’en enlever le plus possible, puis se tourna vers Allen :

« Faut que je bouge, ce foutu sable est une vrai plaie en faite ! »

Frottant ses cheveux, la blonde fixa son regard a droite, puis à gauche cherchant quelque chose à faire. Lâchant un « foutu sable, bordel » tellement marmonné qu’on n’en comprenait rien, la jeune fille arrêta de démêler ses cheveux quasiment blancs en soupirant. Fixant à nouveau son regard sur le jeune homme qui n’avait pas bougé elle tendit la main vers lui, et lâcha :

« Tu viens ? »

17 ans. Plus jeune de deux ans. Cela il l’avait quelque peu remarqué sans vraiment y faire attention, n’important pas vraiment une grande importance à une quelconque différence d’âge. Elle avait bafouillé une pseudo réponse à son geste et à son « cadeau » du peu de chaleur qu’il pouvait lui donner d’une manière autre que si elle avait été plus proche de lui. C’est vrai, là-dessus il aurait fait une excellente bouillote. Allen étant quelqu’un de plutôt animal, suivant souvent son instinct, il aurait certainement eut le réflexe de la prendre simplement dans ses bras.

Il ne s’était pas trompé. Il ne l’avait pas vu ici, à Konoha. Un fin sourire se posa doucement sur son visage, il se rassurait, il ne devenait pas entièrement fou. De plus, lui non plus n’était pas resté très longtemps dans l’enceinte du Lycée. La regardant toujours, Allen voulut lui dire que lui aussi ça ne faisait pas très longtemps mais sa langue se tordit. Il ne savait plus exactement combien de temps il avait passé dans cet endroit où son père l’avait envoyé histoire de ne plus l’avoir trop sur le dos. Il soupira en y repensant puis finit par laisser quelques mots sortir.

« Je dirais quelques mois, si je ne m’abuse. Je ne sais plus exactement. Je vis au jour le jour, je ne compte pas vraiment le temps que je passe dans un nouveau lieu. »

Il prononça chaque mot avec douceur, perdue dans ses pensées, comme sur un nuage qui divaguerait au fil du vent. Il détourna doucement son regard gris-azur pour le reposer sur les étoiles par millier en cette nuit fraiche et douce. C’est alors que la blonde se releva d’un bloc mais avec une certaine souplesse, comme animale. Le jeune homme reposa alors instinctivement ses prunelles sur sa camarade. Elle s’affaira alors sur ses cheveux longs qui devaient probablement s’être mêlés au sable fin du bord de mer.

Elle se mit alors à regarder les alentours. Le jeune kuragari s’étira un peu, voulant activer un peu ses muscles qui avaient trop stagné à son goût. C’est à ce moment qu’Elin lui proposa de venir avec elle, lui tendant une main amicale. Agréable surprise pour l’anglo-nippon. Il acquiesça d’un signe de la tête et voulut attraper la main de la jeune fille avec sa main gauche, puis il changea d’avis pour finalement entrelacer sa main droite à celle de sa compagne. Il se releva en douceur, d’une souplesse étrange sans pour autant utiliser réellement l’aide d’Elin.

Une fois à la verticale, il récupéra son sac, se secoua un peu histoire d’enlever le sable qui s’était infiltré et adressa un sourire. Franc et rare. Il lui fit un signe de la tête, l’intimant de le suivre. Il avait une petite idée d’où il pourrait se diriger pour la suite de cette nuit étoilée mais fraiche. Il regarda une dernière fois la lune, dans un geste fluide et plein de remerciement comme reconnaissant.

*Merci de m’avoir permis d’avoir une nuit toute en beauté.*

Il reporta ensuite son regard lunaire sur la fille aux yeux de sang, le visage paisible, le corps détendue. Quant à elle, elle semblait tendue ou plutôt tremblante, ainsi que ses traits avaient l’air de s’épuiser au fur et à mesure que le temps passait. Ils se mirent alors en marche, Allen dirigeant de manière infime leur déplacement. Il se plaça à sa gauche de manière à ce que son propre bras gauche ne soit pas très visible. Il ne voulait pas qu’on l’embête avec ça pour le moment.

Le ressac des vagues les accompagnants, le duo marchait à une allure ni trop élevée ni trop lente. Profitant seulement d’être là encore un peu. La jeune aux cheveux argent regardait l’horizon sans vraiment s’y intéresser, donnant, de temps à autre, la blonde qui ne parlait pas plus que ça. Il finit tout de même par parler, d’une voix assez douce ne voulant pas trop briser l’harmonie du lieu. Il la regarda puis dit :

« Si tu veux, je te montrerais d’autre coin tranquille. Enfin si tu veux être tranquille… »

Il plaça ses mains derrière sa tête. Il se sentait nul de dire un truc pareil. Il ne savait pas trop quoi dire, pas qu’il n’avait rien à raconter mais plutôt qu’il trouvait cela inintéressant pour les autres. Mais ce n’est pas pour autant qu’il n’avait pas envie de discuter. Il avait d’innombrable question en tête mais savait très bien qu’il ne récolterait que des plaisanteries ou autres répliques qui lui feraient bien comprendre qu’il aurait mieux fait de se taire. Mais ses envies étant forte de vouloir connaitre plus amplement la jeune fille, il finit tout de même par rouvrir la bouche.

« Dis moi, y’a une chose qui te fascine plus qu’une autre ? »

Il demanda cela d’une manière qui semblait détachée, essayant d’être le plus décontracté possible, ne voulant pas passer pour quelqu’un de trop intéressé. Le silence revint en maitre sur ce duo étrange mais qui semblait se compléter d’une certaine manière. Allen se sentait bien en sa compagnie, il ne le comprenait pas d’ailleurs. D’ordinaire plutôt solitaire, il ne recherche pas spécialement le contact ou même juste une présence. Là c’était différent, son pré-sentiment revint alors. Pourquoi était-il dans un tel état. Incertain, tumulte et éphémère -?-.

Le silence était revenu entouré les deux jeunes gens. Elin, main tendue, regardait le jeune homme qui était toujours assis. Elle attendait une réponse, un refus ou un accord. Maintenant qu’elle avait fait un geste vers lui, elle se devait d’attendre. Au fond d’elle, ca la dévorait de devoir le faire néanmoins… elle avait été élevée dans la politesse et ça ne changerait jamais. Ses pensées égarées sur le chemin tortueux de son esprit furent ramener à l’ordre lorsque le jeune homme expliqua qu’il était sur Konoha depuis quelques mois. Il rajouta qu’il vivait au jour le jour. Ceci arracha un sourire satisfait à la blonde, comme si elle était tout à fait d’accord avec lui.

Le temps sembla ralentir jusqu’à s’arrêter. Elin battit des cils pour s’arracher cette impression dérangeante. Elle n’aimait pas lorsque tout s’arrêtait dans une situation comme celle-ci. Elle trouvait sa position idiote et intrigante voir même gênante. Il n’était tellement pas de ses habitudes d’avoir un geste envers quelqu’un… Elle ne voulait pas révéler aussi facilement quel être et quelle blessure elle cachait sous sa coquille de fer. Mais, alors qu’elle se préparait à reculer pour partir, fuir même, Allen tendit sa main droite et ses doigts se mêlèrent à ceux de la blonde. Sans vraiment utiliser son aide, il se mit debout.

Une fois debout, le jeune homme récupéra ses affaires et, tout en adressant un sourire à Elin, lui fit signe de le suivre. Sans un mot, juste un très léger hochement de tête, la blonde se mit en route. Ensembles, ils se mirent à arpenter le sable. Leur pas produisaient un doux frottement contre les grains au reflets argents sous la lumière lunaire. Le silence humain était là, mais la nature, elle, produisait son champ nocturne. Avec un sourire perdu, légèrement triste, Elin ferma ses yeux et continua d’avancer.

Un frisson la réveilla de sa transe. La blonde sentait le poids d’un regard sur elle. Refusant de tourner la tête et même d’ouvrir les yeux, de peur de perdre son instant magique, elle fit comme si. Allen brisa le silence d’une voix douce, qui, étrangement, s’harmonisait avec le bruit naturel. Ses mots arrachèrent un nouveau sourire à la blonde. Elle continua de marché, aveugle et solitaire, et répondit tout de même, du bout des lèvres :

« Plus tard, je veux bien. Pour els jours à venir, j’ai envie de trouver moi-même des endroits de ce genre. D’en faire mes repaires secrets, mes lieux de ressource. Mais je te remercies tout de même, Allen. »

D’une politesse exquise, Elin avait été douce, vraiment gentille. Elle ne se comprenait pas. Pourquoi, ce soir, était-elle si proche de la vraie Elin ? Pourquoi se dévoilait-elle si facilement ? Et en présence d’un inconnu en plus ?! Secouant la tête, la jeune fille leva une main à son visage et effleura sa tempe droite avant de passer un revers de mains sur ses yeux, comme pour arracher des larmes invisibles. Laissant son bras retomber le long de son corps, la blonde détendit ses muscles et expulsa le sujet de sa tête. Elle refusait d’y penser ce soir. Elle n’avait juste qu’à mieux se contrôler. Allen lui proposa le prétexte pour détourner ses pensées. Elin sauta sur l’occasion.

Quelle était la chose qui la fascinait le plus ? Tellement d’option se posaient dans sa tête… S’arrêtant doucement, la blonde garda les yeux clos pour réfléchir. Un long moment silencieuse, elle essaya de voir toutes les options possibles et imaginables. Qu’est ce qui la fascinait, hein ? Un mot traversa son esprit comme un coup de foudre et lui arracha un sourire amusée. Elle ouvrit la bouche, sachant quoi répondre, et ouvrit ses yeux, deux flammes dans le noir, pour les poser sur Allen :

« Au plus large possible, la vie elle-même me fascine, juste pour la complexité et la diversité qu’elle peut prendre. Néanmoins, si je réfléchis à l’échelle de ma pauvre petite vie, je dirais que c’est le danger qui me fascine le plus. J’aime me dire qu’une action peut me tuer en un instant et réussir pourtant à réussir mon défi… Oui… Le danger me fascine. » Elle s’interrompit un instant, puis reprit avec un sourire malicieux « Et toi ? »

En attendant sa réponse, la blonde se pencha en avant et retira ses chaussures d’un mouvement vif. Chassant aussi ses chaussettes, elle enfonça ses pieds dans le sable qui tentait de restituer lentement la chaleur emmagasinée la journée. Elle fourra ses chaussettes dans ses chaussures, puis, sans un regard pour son aîné, elle reprit sa marche, avec la joie de marché pieds-nus. Elle se sentait parfaitement bien, tout à coup. Ses yeux étincelèrent d’un bonheur simple, et elle reposa son regard sur Allen, silencieuse, guettant sa réponse

La jeune fille répondit doucement à la première question qui lui semblait si futile. Allen sourit et acquiesça d’un très léger mouvement de la tête, surprit et « content » qu’elle ait tout de même répondu. Il garda ses mains derrière sa tête regardant devant lui, l’horizon qu’il ne voyait pas vraiment. Content car elle ne refusait pas totalement sa proposition et surpris parce qu’il ne s’attendait pas à ce qu’elle y réponde et surtout avec cette douceur et cette politesse. Il avançait laissant ses membres le guider sans se soucier réellement de l’endroit où ils se dirigeaient. Il était simplement là, à attendre une quelconque réponse venant de la blonde.

Il respira doucement l’air frais de la nuit qui avait toute son emprise sur Konoha et ses environs. Beaucoup de chose passait dans la tête du blandinet lorsqu’Elin répondit finalement à sa seconde question. Ils se regardèrent alors tout le temps qu’elle parlait. Le jeune homme n’en crut pas ce qu’il entendit alors. Le Danger. Une chose qu’il appréciait particulièrement, ce qui lui montrait qu’il était bien en vie, qui était l’une de ses plus grandes folies mais aussi l’un des plus grands plaisir qu’il avait. Souvent il se lançait des défis tellement dangereux, que lui-même ne savait pas vraiment pourquoi il aimait tant cela. Ce qui lui valut aussi son surnom au sein du clan d’ailleurs.

La jeune fille aux yeux de braise lui retourna ensuite la question avant de s’arrêter et de soulager ses pieds de l’emprise de ses chaussures. Allen se perdit alors dans ses pensées. Sa propre question le laissait muet. Ce qu’il aimait le plus ? Une question bien difficile pour quelqu’un comme lui qui appréciait rarement les choses. Il laissa alors ses bras retomber le long de son corps. Le silence ? Non pas entièrement, il le lassait beaucoup trop vite ses temps-ci. Le ciel ? Non plus. Celui-ci ne le soulageait plus assez. La nature ? Peut-être mais pas exactement ce terme, comme s’il manquait quelque chose. Il porta alors, inconsciemment sa main gauche à son pendentif, le regard sur la blonde qui attendait une réponse.

Il la regardait sans vraiment la voir. Ses pensées étant si tumulte que ses yeux ne distinguait pas grand-chose. Elin avait repris doucement sa marche le regard toujours posé sur le moins frileux des deux. Il reprit aussi sa marche de manière presque automatique. Qu’est-ce qu’il aimait au-dessus du reste ? Il pensait connaitre la réponse alors que finalement il n’en était pas sûr du tout. Le danger ? Le défi même de la vie ? Il lâcha son pendentif pour passer doucement ses doigts sur ses paupières. Il rouvrit alors les yeux, comme ayant comprit une chose importante et si évidente. Il fixa sa main, il se rappela qu’on lui avait toujours caché la raison pour laquelle elle était dans cet état. Pas juste sa main mais tout son bras.

Il la laissa retomber refermant les yeux et esquissant un sourire rapide sur ses lèvres. Il ne savait pas réellement ce qu’il aimait le plus mais ce qui était sur c’est que cela se rapprochait énormément de ce que la blonde avait énoncé. Il soupira se rendant compte qu’il allait finalement dire un truc du genre « idem » mais il n’aimait pas être « comme les autres » même si par un temps c’est ce qu’il désirait plus que tout. Il avait compris un jour qu’être différent n’était pas un défaut mais une qualité à mettre en avant et s’en gratifier le plus possible. Il ouvrit finalement les yeux pour poser ses prunelles azurées sur l’horizon qui lui était si fidèle.

« Je ne peux réfuter que nous aimons la même chose. Ironique soit les choses, j’apprécie particulièrement le danger. Même si j’aime beaucoup d’autres choses, plus futile les unes que les autres d’ailleurs. » Il entremêla ensuite son regard à celui de sa camarade. « C’est très rare que je rencontre des personnes qui se rapproche autant de moi. »

Son regard acier était rempli de curiosité et d’hésitation mais aussi de tellement de question. Il en avait posé deux et pourtant cela ne le calmait pas. Elles ont tout de suite été remplacées par d’autre supplémentaire. Il jura contre lui intérieurement, il n’aimait pas être un minimum clair dans ses idées. Il secoua de manière infime la tête voulant chasser au maximum le brouhaha qui s’y était installé. Il finit par détourner son regard de la jeune fille pour fixer l’horizon. Il vit alors, non loin d’eux, un groupe de personne qui avait l’air plutôt occupé à démolir quelque chose –ou quelqu’un- au sol. Son corps se tendit soudainement, son regard devint lunaire et froid. Il le posa rapidement dans celui flamboyant de sa camarade.

« Je crois que finalement nous ne sommes pas si seul sur cette plage… » Il lui fit signe de regarder devant eux. Il reprit alors, ne la quittant pas des yeux. « Je ne sais pas toi, mais je ne les laisserais pas faire une chose pareil sans opposition de ma part… Et toi ? » Dit-il d’une voix pleine de défi.

N’attendant pas sa réponse, sans vraiment en demander une. Il se mit en mouvement, son corps ayant reprit une vitesse si caractéristique. Ses muscles étant aux aguets prompt à répondre au plus vite. Au milieu de la distance qui séparait l’étrange duo du groupe, Allen laissa tomber à terre son sac qui ne fit pas plus de bruit que cela. Le félin accéléra alors le mouvement et finit par déterminer le nombre d’opposant. Six, il était six à être debout en plus du corps à terre. Il se retrouva au côté du premier membre du groupe, celui qui frappait –au final- un très jeune garçon recroquevillé sur le sable. En voyant cela, l’anglo-nippon ne put retenir cette envie qu’il refoulait assez souvent. Le visage toujours tourné vers le sol, il frappa si fort et soudainement le premier homme qu’il se retrouva à terre à deux mètres de là.

Les autres membres de la bande perdirent leur joie sadique en se rendant compte qu’ils n’étaient plus seuls et attaqués par un homme étrange. Relevant vivement la tête, il fixa sa prochaine victime. Tout ses sens étaient en alerte, le moindre mouvement était si net à ses oreilles et en son regard qu’il aurait très bien pu être partout à la fois. Se remettant à bouger, il asséna un second coup mais cette fois-ci du pied sur l’homme à était à sa gauche. Il bougeait d’une telle façon qu’on aurait pu le prendre pour l’un de ses félins sauvages en pleine chasse. Virevoltant une nouvelle fois, il passa par-dessus le jeune corps à terre pour frapper violement un troisième homme.

Le premier qui avait reçu les coups se redressa essuyant un mince filet de sang de ses lèvres. Il voulut frapper par derrière le jeune homme aux cheveux presque blanc met il fut arrêté dans son élan, surpris. Son adversaire avait « disparut ». En réalité, Allen s’était accroupi et venait de se relever pour lui assener un nouveau coup dans la mâchoire, un uppercut très violent. Une quatrième finit par vouloir prendre part dans le combat mais il reçu quelque chose en pleine tête. Une pierre lancée par quelqu’un non loin de là, Elin s’était tout de même approchée ayant un fin sourire sur le visage, empli de provocation. L’homme ayant reçu la pierre lui fonda dessus accompagné par un second.

C’est alors que les trois agresseurs restant se jetèrent sur Allen, le quatrième étant à terre suite à la frappe précédente du kuragari. Il arrêta deux des opposants facilement alors que le dernier le frappa en plein dans le ventre. Ghost –sa rage étant très élevée- sourit étrangement. Il avait une grande confiance en son corps qu’il savait très résistant. En effet, celui qui venait de le frapper avait reculé de quelque pas se tenant le bras, souffrant. Il profita de l’étonnement des deux autres pour les frapper l’un contre l’autre avec force. S’entrechoquant, ils s’écroulèrent lourdement au sol. Fixant froidement le dernier debout, le jeune homme aux mitaines noires s’approcha rapidement et le frappa d’un coup sec derrière la nuque.

La bouche en sang, le premier agresseur se releva discrètement et prépara sa frappe. Il l’abattu le plus fort possible en direction du jeune homme aux yeux lunaires mais il finit son mouvement dans le vide. Il se retourna vivement mais ne vit rien. Allen avait bougé juste au bon moment pour esquiver l’attaque mais aussi pour ne pas se faire voir. Son opposant commençait à se dire qu’ils avaient été attaqués par une ombre aux yeux de lune. Il se retourna une dernière fois pour se retrouver face à face, à quelque centimètre, de la fameuse ombre. Le jeune félin lui sourit froidement, sa rage étant lisible aussi bien sur ses traits que dans ses pupilles. Il le frappa vivement dans le ventre, l’agresseur s’évanouit dans une douleur intense.

Allen se redressa en contemplant le champ de bataille, lorsqu’il entendit le sable crisser dans son dos. Il fit rapidement volteface, se retrouvant nez à nez avec la blonde aux yeux de sang. Le corps du blandinet tremblait d’excitation et de rage. Tandis que le visage de la jeune fille était redevenu froid et distant. Ghost dévia et vit qu’elle avait « pris soin » des deux derniers puis il redévia son regard pour le poser sur le corps inerte du tout jeune garçon. Il avait été violement battu, des bleus étaient visibles et son visage était tuméfié. Détendant quelque peu ses muscles, le jeune homme s’approcha doucement du jeune corps.

« Kuso… » Ne put s’empêcher de dire Allen en voyant le carnage.

Il releva ensuite la tête vers Elin qui venait de s’approcher à son tour. Celle-ci se souciait sans plus du corps malmené et inconscient du garçon, ayant détourné son regard pour regarder les environs. Reposant à nouveau ses yeux sur le corps, le jeune aux cheveux argent inspira fortement puis tendit la main pour prendre le pouls du jeune garçon. Le kuragari ferma les yeux puis esquissa un sourire léger et « rassuré » lorsqu’il sentit battre, faiblement, le cœur de l’enfant. Se relevant en douceur, il s’étira et finit par prononcer d’autre mot, le regard dans le vide.

« Il est en vie, certes, mais faible. On fait quoi maintenant ? » Dit-il plus pour lui que pour réellement poser une question.

Les mots qui brisèrent le silence vinrent poser un sourire sur le visage de la scandinave. Glacée jusqu’à l’os et pourtant droite et fière, elle osa braquer un regard de fer sur l’homme qui lui faisait face. Aussi étrange que cela puisse paraitre, le fait de voir en Allen une part d’elle-même la mettait en confiance. Elle avait l’impression, folle peut être, qu’il lui ressemblait bien plus qu’ils ne se le disaient eux-mêmes. Même leur goût, leur jeu se ressemblait. Ce penchant pour le danger en était la preuve. Amusée et moqueuse, la blonde laissa le Kuragari la regarder droit dans les yeux, sans un mot.

Alors seulement, Elin réalisa une chose. Allen semblait presque hésitant, tout du moins comme troublé de questions. Un instant, elle se demanda ce qui lui arrivait, puis comprenant qu’il se posait sans doute mille et une colles, elle détourna les yeux. Elle n’aimait pas les interrogatoires. La peur de révéler son triste passé. L’horreur de voir se peindre le dégout ou, encore pire, la pitié sur le visage du jeune homme. Tout l’arrêtait. Un instant, comme le voulait son caractère, elle pensa à fuir. Trouver une excuse et disparaitre. Pourtant, une remarque que fit Allen l’arrêta et la sortit de ses pensées.

Ils n’étaient pas seuls sur la plage ? Sursautant, la blonde détourna son regard en percevant, en effet, un bruit de bagarre. Son regard acéré trouva le lieu et fouilla pour y comprendre ce qu’il s’y passait. Ce ne fut pas très dur, courant pour les villes où des gangs trainaient. Un môme se faisait passer à tabac par une bande de jeune, déjà presque adultes. Rien de très extraordinaire. L’envie de détourner les yeux pour reprendre son chemin l’effleura mais déjà Allen expliqua qu’il ne resterait pas là sans bouger. Elin leva les yeux au ciel, immobile.

Allen se mit en mouvement à une vitesse incroyable. Comme un félin, un tigre ?, il se rapprocha du groupe qui frappait l’enfant. A mi-chemin, il laissa tomber ses affaires, sans un bruit, puis se mêla au combat. Elin, elle, resta immobile, ennuyée. Elle n’était pas intéressée par la survie du gamin et encore moins par une quelconque aide qu’elle pouvait lui apporter. Pourtant, de voir son compagnon se battre avec ardeur déchira un sourire sadique sur son visage. L’envie de combattre, sentir son corps en mouvement, l’adrénaline dévalée son être, être vivante. Oui surtout cela. Etre pleinement et entièrement vivante.

La blonde se mit en mouvement d’une manière différente, et tellement similaire, a Allen. Elle se déplaça rapidement, mais avec la souplesse d’un loup en chasse. Ses yeux étincelèrent, et plutôt que de rentrer dans le tas comme son confrère, elle fit le tour du combat en cherchant le meilleur angle. Ensuite, d’un mouvement rapide, elle attrapa une bonne grosse pierre, visa un instant et la lança suffisamment fort pour alerter celui qui la recevrait.

L’effet fut parfait. L’homme se la reçu en pleine tête alors qu’il allait enfin s’attaquer à Allen qui, disons le clairement, était en train de faire un massacre parmi eux. La victime tourna la tête vers elle. Un sourire se déposa alors tout doucement sur ses lèvres. D’abord un sourire calme, comme peureux, puis la moquerie et l’ironie vinrent le rendre carnassier. Elle attendit, sachant très bien ce qui allait se passer. Brusquement, l’homme abandonna l’idée d’attaqué Allen et fondit sur elle, attirant un de ses compères avec lui. Ils fondirent sur elle en hurlant, comme pour l’intimider et ne réussir qu’à étirer son sourire encore plus. Ensuite, elle perdit Allen de vu.

Les deux combattants arrivèrent enfin près d’elle. Elin, toujours immobile, attendit, comme si elle n’allait pas se battre. Un poing fusa. Elle resta immobile, longtemps. Puis, à la dernière seconde, elle bougea légèrement son corps. Le coup la manqua de peu et son sourire devint animal. Un pied suivit et la encore, elle ne se déplaça que peu et au dernier moment. Les deux hommes paniquèrent alors. Ne comprenant pas qu’ils n’arrivaient pas à la toucher, il redoublèrent d’ardeur. Elin éclata d’un grand rire et passa à l’offensive. Ses coups étaient secs, calculés et toujours aux endroits les plus douloureux mais pas mortel. Les hommes continuèrent. Bien entendu, elle n’était pas intouchable. Elle reçut deux coups parmi plusieurs moins grave. Un au niveau du cœur, qui déclencha une pointe dans sa poitrine à chaque souffles, et un autre, sur la hanche gauche. Rien ne parut sur son visage, si ce ne fut la joie bestiale de se battre. Finalement, elle choisit d’en finir. Sa paume atterrit durement sur le plexus scolaire du premier, lui coupant le soufflant et l’asphyxiant au passage, il s’effondra inconscient. L’autre, eut un sort plus funeste. D’un mouvement rapide, il l’avait attraper par le poigné –tentant surement de lui casser un os-. Les dents de la blonde vinrent s’enfoncer profondément dans sa chaire tandis qu’elle balança son genou entre ses jambes. Il hurla en s’effondrant. D’un coup sec du tranchant de la main sur la nuque, elle le tua, sans remord.

A l’instant même où le combat prit fin, la jeune fille perdit tout sentiment, toute folie ou rage. La fatigue lui tomba dessus, en même temps que la douleur. Elle oscilla un instant, puis reprenant le dessus, elle s’avança vers Allen qui venait de terminer aussi ses adversaires. Ses yeux de sangs se posèrent sur l’enfant, à moitié mort. Son compagnon lui demanda que faire du petit corps décharné. Elin haussa les épaules en levant les yeux sur le firmament. Elle s’en fichait du gosse. Il avait du bien faire quelque chose pour se faire passer ainsi à tabac. Et puis même, sa vie n’était pas dans ses affaires. Elle ne voulait pas que l’on dépende d’elle. Néanmoins, tout au fond de son être, un cri résonna. Elle se sentait touché par l’innocence qui se dégageait du gamin. Il était si jeune… D’un geste las, elle s’accroupit et posa sa main sur sa gorge.

« Il est vivant, c’est déjà ça… Tu sais, en temps normal je remettrais son sort aux mais de la nature… Ouais sincèrement je m’en fiche de sa vie. Pourtant ce soir, puisque j’ai décidé d’être plus humaine que d’habitude, non ne me demande pas pourquoi, je veux bien l’aider. Amenons le a l’hôpital. »

Sur ces mots, elle se leva et attrapa le gosse entre ses bras, sans adressé un seul regard à Allen. Ensuite, elle jeta un coup d’œil au carnage en sifflant entre ses dents comme un chat mécontent. Finalement, elle se mit en route en lâchant un soupire et le doute dans les yeux. Sa voix s'éleva à nouveau, à moitié pour elle, à moitié pour le silence qui l'entourait :

"Nan mais j'te jure, ça détone ce soir..."

Allen ne s’attendait pas que sa camarade prenne la décision d’aider le jeune garçon. Son visage n’afficha pourtant aucune réaction et son regard était vide. Comme à chaque fois qu’il finissait un combat dans lequel il n’aurait pas du si mêler, le jeune aux cheveux argent se punissait intérieurement. Après quelque secondes d’absence, il refit enfin surface et vit Elin commencer à s’éloigner. Il alla récupérer vite fait son sac puis emboita le pas à sa camarade sans qu’aucun mot ne soit prononcé.

C’est alors seulement à ce moment que le jeune kuragari pensa qu’ils pourraient alerter le SAMU et indiquer simplement le lieu exact où se trouvait le corps du malheureux. Il ne voulait pas être mêlé à cette affaire. Mais finalement il abandonna bien vite cette idée. Après tout, ils étaient déjà en route, donc il ne proposerait rien, tout du moins pour le moment. Il finit par se mettre au même niveau que la blonde, jetant juste un petit regard sur l’enfant.

Une fois arrivée sur la route, Allen prit naturellement le chemin conduisant à l’hôpital, sa camarade s’étant résignée à le suivre vue qu’elle ne connaissait pas vraiment la ville puisqu’elle était sur Konoha depuis trop peu de temps. Une demi-heure suffit aux deux membres du gang pour arriver devant le bâtiment hospitalier. Ils cherchèrent ensuite les urgences en faisant le tour du bâtiment puis la blonde déposa doucement l’enfant sur un brancard libre à l’entrée. Le jeune aux cheveux semblable à la lune voulut donc repartir mais sa camarade s’attarda auprès du garçon.

Voyant qu’Elin restait sur place, il s’approcha d’elle et lui posa une main sur l’épaule. C’est à cet instant qu’une infirmière passa et vit le jeune garçon sur le brancard qu’elle était venue chercher. Elle réalisa seulement l’état de l’enfant lorsqu’elle fut à sa hauteur. Allen avait fait signe à la blonde que maintenant ils pouvaient repartir mais déjà l’infirmière les regardait de manière soupçonneuse. Celle-ci attrapa bien vite un téléphone qui était accroché au mur pour appeler la sécurité. C’est alors que le jeune aux yeux argent attrapa finalement la blonde par le poignet pour rebrousser chemin.

L’infirmière raccrocha puis emmena l’enfant un peu plus loin dans le service des urgences. Puis, une fois qu’elle l’eut confié à un collègue, elle revint vers les deux jeunes qui avaient emmené le blessé. Elle les toisa un instant et sur son visage, Allen put lire qu’elle les prenait pour les responsables des blessures et traumatismes du jeune. Cela était compréhensible, le jeune homme avait les vêtements tâchés du sang des agresseurs de la plage et leurs chaussures étaient couvertes de sables, tout comme l’enfant.

Le jeune kuragari se tendit alors. Il était persuadé que l’infirmière avait appelé la sécurité pour s’occuper de leurs cas. Il se crispa encore plus quand il vit que l’infirmière fut soutenue par d’autre qui arrivèrent progressivement. Il décida alors qu’il était grand temps de sortir d’ici et au plus vite. Le jeune à la cicatrice regarda alors sa camarade et se rendit compte qu’elle n’était pas vraiment consciente de ce qui se passait autour d’elle. Il la secoua un peu histoire de la faire revenir dans la situation étrange dans laquelle ils se retrouvaient maintenant.

* Je savais qu’on aurait du faire autrement… * Pensa-t-il.

Il se retourna et vit deux agents de sécurité qui se dirigeaient vers eux. Cette fois c’était sûr, on les prenait pour les agresseurs du garçon. Allen réagit assez rapidement. Il attrapa Elin par le poignet et sortit avec rapidité de cet endroit, bousculant au passage l’un des agents. La blonde, s’étant étonnée de la réaction subite du jeune homme, ne montra plus de résistance lorsqu’elle vit les représentants de l’ordre sortir leur matraque et siffler à tout va. Le jeune aux yeux argent se dirigea dans l’une des rues adjacentes où ils pourront reprendre un peu leur souffle et se concerter sur ce dont ils pourraient faire tandis que les agents leur avaient emboité le pas.

« Il faut pas se faire attraper… On lui a rien fait… C’est sur ils sont seulement deux mais faudrait pas qu’on soit trop impliqué là-dedans… »

Il ne put ajouter autre chose que les agents entrèrent dans la ruelle. Allen lâcha un « suit moi » en lui attrapant à nouveau le bras puis se remit à courir sortant de la ruelle par l’autre coté. Il tourna brusquement sur la droite, une rue qui donnait sur la grande rue.

A l’instant même où elle était entrée dans l’hôpital, Elin avait perdu conscience. D’un geste automatique, elle avait suivit Allen. L’enfant, dans ses bras, semblait mort quoiqu’elle sache pertinemment qu’il respirait. Ce fut donc avec un genre de peur mélangée de dégout que la blonde le déposa sur un brancard. Ses yeux n’arrivaient pas à quitter le petit corps. Pour la première fois depuis longtemps, Elin sentait revivre en elle la compassion et l’inquiétude. Elle qui avait toujours voulu refuser toutes sensations pour autrui, elle échouait lamentablement. Et, comme elle s’en doutait depuis longtemps, avec le retour de sentiment, l’apathie arriva. Ce fut donc dans un brouillard que le temps continua de défilé devant les yeux de la scandinave.

Elin distingua du mouvement autour d’elle. Dans le lointain, elle crut sentir une main se poser sur son épaule mais n’eut pas la force de se retourner. Une femme s’approcha pour s’occuper surement de l’enfant. Une infirmière ? Le regarde qu’elle leur lança rappela quelque chose à la blonde qui n’arrivait toujours pas à se réveiller. Un blanc vint cacher momentanément la vue d’Elin. Tout au fond, comme si l’on avait enlevé les bruits de l’hôpital et mis une bande sonore en route, elle entendait des voix connues. Des voix qu’elles haïssaient. Des voix qu’elle avait voulues aimée. La blonde sombra un peu plus.

Lorsqu’elle revint à elle, Elin courait. Enfin, Allen l’obligeait à courir. Surprise, la blonde regarda autour d’elle, perdue. Son champ de vision était encombré de la brume blanche mais elle réussit pourtant à voir deux hommes en uniforme les suivre. Des agents de sécurité apparemment. La blonde ne comprenait pas ce qu’ils avaient fait pour se faire poursuivre mais suivit le rythme que lui imposait Allen. Ils sortirent de l’hôpital et tournèrent dans une petite ruelle. La, Allen la lâcha et parla. Ses mots se perdirent dans le cerveau d’Elin et elle ne compris que des mots sans sens et totalement marshmallotés. Ses yeux restèrent fixés sur le jeune homme, sans bouger.

Un nouveau flash vint étouffer sa vue. Les bruits décrurent à nouveau. Le silence se fit, un moment, puis un bruit explosa à ses oreilles. Elin était aveugle mais les bruits semblaient s’être amplifiés. Ils lui arrachaient les oreilles, lui détruisaient le cerveau. Elin, elle, ne pouvait rien faire. Elle n’arrivait pas à lutter contre le flot de souvenirs qui menaçaient de la submerger. Elle était comme simple spectatrice de sa propre enfance, de sa décadence. Elle savait qu’à l’issus de ces souvenirs, elle finirait dans un sale état. Elle sera alors vulnérable… et pour l’instant, elle était poursuivie par des gardes. Cette pensée l’arracha, brusquement, de son souvenir.

Elle courrait encore. Devant elle, Allen avançait au même rythme, se retournant par moment pour la contempler. Lorsqu’elle croisa son regard, elle comprit qu’il était inquiet. Ces gardes étaient-il si dangereux que cela ? Jetant un coup d’œil dans son dos, elle ne vit rien. Ils les avaient semés ? L’ouïe lui revint alors lentement. Au loin, on entendant des bruits de pas de courses. On les pourchassait encore. La rue qu’ils suivaient se termina brusquement. Elin, surprise, voulu ralentir mais elle prit conscience qu’Allen la tenait pas la main, la forçant à garder le rythme.

*Pourquoi ne me laisse-t-il pas en arrière ?*

Son regard se posa sur le jeune homme. Il courrait toujours, l’entrainant avec lui. Il semblait ne pas vraiment savoir où aller, mais avoir une idée en tête. Semer leur poursuivant. Elin secoua la tête, la nausée la secouant brusquement. Elle se força à analyser se qui les entourait. Ils longeaient la plage… Ils étaient donc revenus à leur point de départ ? Allen hésita un instant et descendit sur le sable. Elin, elle regarda autour d’elle, toujours entourée de sa brume nauséeuse. Ses yeux captèrent une tache sombre au bout le plus proche de la lande sableuse. Tirant sur la bras d’Allen, elle souffla :

« Là-bas »

Tirant un peu plus sur le bras du blanc, elle le força à le suivre. Prenant la tête de leur duo, sa main toujours dans celle du jeune homme qui ne l’avait pas lâché, elle chancela mais avança obstinément. Finalement, elle s’arrêta et son doigt se tendit pour pointer une tache à l’extrême fin de la plage. Une grotte, plutôt basse, se découpait dans la falaise qui commençait à la fin de la lande sableuse. Une de ces grottes qui disparait sous la monté des eaux et ne se révèle qu’à marée basse. Exactement comme à cet instant. Lentement, Elin se dirigea jusqu’à l’endroit et pénétra dans la petite grotte. Ensuite, sans un mot, elle récupéra sa main et s’assis sur une pierre qui était déjà sèche mais froide. Son regard se posa sur Allen, qui le croisa. Une douleur vive déchira son esprit et la blonde attrapa sa tête d’un mouvement convulsif.

Le son avait encore disparu. Un regard, sur fond noir, la fixait intensément. Des mots étaient prononcés, malédiction de haine et de souffrance. Elin ne pouvait rien dire, juste assisté à son jugement. Les mots se faisaient plus durs, plus mauvais, malsains. Comme des lances empoisonnées, ils s’insinuèrent en elle en déchirant ses chaires et empoisonnant son sang. La blonde repoussa le souvenir en hurlant intérieurement. Elle n’en pouvait plus de ce poids, de ces cauchemars récalcitrants qui l’empêchaient de dormir et de se reposer. Sa vie était un enfer et elle n’arrivait plus à s’en échapper.

Ses paupières s’ouvrirent brusquement. Elle était assise dans la grotte, le souffle court et ses mains serrées convulsivement sur son crâne. Son regard couleur de feu était à nouveau posé sur le visage d’Allen. Il semblait inquiet et avait tendu une main vers elle sans la toucher. Il s’était rapproché comme dans un mouvement pour l’aider mais n’avait pas osé aller au bout de son action. Elin le contempla, la nausée au ventre, des larmes dans les yeux et la peur détruisant sa coquille de protection. Son regard s’accrocha à Allen y cherchant une bouée de sauvetage.

« Allen… Allen ! »

D’un mouvement compulsif et totalement perdu, elle s’approcha du jeune homme et s’accrocha à lui, dissimulant son visage contre son torse. Son corps se mit alors à trembler tandis que ses mains s’accrochèrent à ses habits comme des griffes de chats. Elle respira par halètement et lâcha, d’une voix tumultueuse :

« Allen… j’ai peur… »

Ils étaient revenus sur la plage, là où toute cette course avait débuté plutôt dans la soirée. Allen avançait toujours au rythme soutenu qu’il avait imposé depuis le début de la course. Il cherchait un moyen de se planquer durant un moment, il descendit alors sur le sable réfléchissant s’il connaissait un endroit près d’ici où il pourrait facilement se cacher. C’est alors qu’Elin lui tira sur le bras et marmonna quelque chose que le jeune homme comprit malgré tout. Elle finit par le forcer doucement à la suivre en montrant l’autre bout de la plage. Le jeune aux cheveux argent regarda alors attentivement tout en suivant la blonde, il vit alors une grotte. L’une de celle qu’on ne peut atteindre que par marée basse, comme ce soir.

Gardant un lien avec sa camarade, il la suivit jusqu’à l’intérieur de la grotte, ils y entrèrent sans encombre. Relâchant l’étreinte de leur main, la jeune fille alla s’asseoir sur l’une des pierres. Le jeune kuragari regarda en arrière quelque seconde pour vérifier qu’ils n’avaient pas été suivis jusqu’ici. Rassuré que c’était bien le cas, il fit volt face pour reposer son regard sur la blonde. Leurs regards s’accrochèrent. Allen put y entrevoir une détresse sans pareil puis sa camarade les referma brusquement. Il écarquilla les yeux et voulut l’attraper en se mettant à genou mais il stoppa son geste à quelques centimètres à peine de la jeune fille. Intérieurement, il ressentit ce qui ressemblait à de l’affolement, d’autre aurait céder à la panique mais lui avait tout ses sens en alerte, attendant le moindre signe qui changerait la donne ou donnerait un renseignement sur la situation.

C’est alors qu’Elin rouvrit les yeux. Les pupilles argent du jeune homme captèrent immédiatement celle flamboyante de la blonde, complètement désemparée. Le blandinet sentit son sang ne faire qu’un tour lorsque la jeune fille prononça son nom et finit par s’agripper à lui. il eut le reflexe de refermer ses bras tendrement autour d’elle, l’effleurant à peine. J’ai peur. Deux mots que leur prononciation ébranla le kuragari. Il lui était exceptionnel de ressentir ce sentiment. Ses muscles se détendirent un peu, il finit tout de même par réellement l’enlacer. Son corps chaud touchant la peau frissonnante de la blonde. Il chercha alors les mots, ceux qui pourraient calmer un temps soit peu cette détresse, cette panique si soudaine et dévastatrice.

« Elin, je suis là. Calme-toi. Je resterais aussi longtemps qu’il le faudra. » Murmura-t-il à son oreille.

Sa voix était d’une telle douceur qu’il s’en étonna lui-même. Dans ses souvenirs, il n’avait jamais été dans un état semblable ou y ressemblant. Il ne pouvait décrire cela. Tout ce qui était sûr et véridique, était qu’il ne voulait pas la voir dans cet état. Il préférait largement quand elle l’ignorait ou le défiait sans raison. Il se surprit même à lui caresser les cheveux. Ecartant cela de ses pensées, il se concentra sur ce qu’il pourrait faire pour la soulager au mieux. Il regarda vite fait autour de lui et se rendit compte que la grotte s’étendait plus loin en profondeur. Il réussit à distinguer un endroit surélevé. Un rictus ressemblant très faiblement à un sourire se posa sur ses lèvres.

Il n’hésita pas une seconde et prit Elin dans ses bras, passant un bras en dessous de ses genoux et laissant l’autre dans son dos. Il emmena alors à l’endroit sur élevé et la déposa avec délicatesse. Ne brisant aucunement leur lien, il la rejoignit souplement. Il enleva son sac de sur ses épaules et en sortit son T-shirt pour l’étaler sur la pierre froide. Il fit signe à Elin de s’y installer puis vint s’asseoir à ses côtés. Il la reprit aussitôt dans ses bras, l’agrippant maintenant comme s’il avait peur qu’elle ne s’en aille, à croire qu’il y tenait plus qu’il ne voulait se l’avouer. Oui, pour une fois il pouvait dire qu’il avait peur d’une chose, ou plus précisément d’un être. Oui, maintenant il pouvait ressentir cette envie de rester auprès d’elle. Il ne comprenait pas cette sensation mais voulait, étonnement, si accrocher.

« Elin… Reste avec moi… Ne part pas… »

Son corps se mit à son tour à trembler. Ce n’était pas la froid, n’était pas frileux cette hypothèse pouvait être facilement écartée. Ce n’était pas non plus la fatigue, Morphée ne l’ayant pas inscrit sur sa liste des rêveurs. Cette nouvelle sensation dans son ventre le poussait à prendre une décision. Il regarda la blonde, posa une main douce et légère sur sa joue pâle et lui releva un peu le visage, de manière à ce que leur regard s’accroche à nouveau. Il hésita un peu puis s’approcha doucement et dépose tendrement un baiser aussi léger qu’une plume sur les lèvres fruitées de la jeune fille.

Le blanc duveteux-piquant qui enserrait comme un étau le cerveau d’Elin recula lorsqu’elle chercha protection contre Allen. Ce fut alors le noir de ses paupières fermées appuyées contre le torse du jeune homme qui vint prendre sa place dans son champ de vision. La blonde ne réagissait plus correctement. Jamais, en temps normal, elle n’aurait eut ce geste. Jamais auprès d’un quasi inconnu qui, il fallait l’avouer, ne lui était plus si inconnu en si peu de temps. Une soirée. Une soirée lui avait suffit pour donner sa confiance à un homme… Que ce passait-il en elle pour que ses habitudes volent si facilement en éclat ?

La blonde revint à elle lorsque les bras d’Allen vinrent se refermer sur elle avait plus de puissance. Totalement déboussolée, elle se contenta alors d’aspirer sa chaleur, elle qui crevait de froid tout le temps, et de tenter d’arracher son mal avec cette chaleur. Naïvement, elle pensait que cela marchera. Une voix s’éleva alors à son oreille. Une voix dont elle ne comprit pas les mots mais l’essentiel tenait dans son ton. D’une douceur sans pareil, elle fut comme un réconfort. Elin se serra un peu plus contre son protecteur, alors que des larmes menaçaient de couler.

Une main passa dans ses cheveux. Le silence se réinstalla. Et toujours les bras restèrent accrocher à elle, la coupant ainsi du monde extérieur et de ses souffrances. Puis, sans qu’elle ne comprenne, et donc qu’elle ne réagisse, elle sentit qu’on l’attrapait de manière à la porter. Le monde se mit alors à tanguer, et pour éviter de voir cette horreur, la blonde serra très fort les paupières. Ensuite, elle se retrouva à nouveau à la verticale. Un geste lui indiqua une place sur un tissu, un tee-shirt apparemment. Obéissante, comme une enfant bien élevée –ce qu’elle était en somme-, elle s’y installa. Allen vint se reposer contre elle et l’attira à nouveau contre lui. Elin se laissa faire, s’accrochant à sa présence comme à une bouée de sauvetage.

« Elin… Reste avec moi… Ne part pas… »

La blonde voulu répondre mais n’en trouva pas la force. Elle ne voulait pas partir. Elle voulait rester là. Mais c’était elle qui craignait qu’Allen ne parte. Pourquoi restait-il d’ailleurs ? Des lui piquèrent un peu plus, troublant sa vue. Elle s’en voulait d’être si faible. Elle se haïssait de montrer cela devant un étranger… un homme en plus. Pourtant, en fond, les voix de ceux qui avaient détruit sa vie ne cessaient d’emmètrent, menaçant de l’entrainer une fois de plus dans l’inconscience des flash-back. Elin allait paniquer.

Son esprit fit barrage. Pour ne pas qu’elle soit submergée par tout ce qu’il se passait bien trop vite en elle, la blonde s’absorba dans ses pensées. Elle savait qu’Allen était toujours là, près d’elle car la chaleur n’avait pas décrut. Elle crut même le sentir trembler mais ne comprit pas. Trop ailleurs, elle ne chercha pas d’explications et préféra penser pour contenir tout ce qui lui faisait peur. Ses songes la menèrent sur tous les terrains, souvenirs, désirs, besoin, jugement. Toute sa vie re-défilait sans qu’il y ait un lien entre les idées, les pensées, voix ou images. La douleur atteignit alors un nouveau pallié et la blonde sentit la peur la suivre. De peur de s’écrouler, elle se battit brusquement pour quitter ses songes. Rien n’y faisait. Puis, un mouvement près d’elle, une main brulante posée sur son visage glacial, la tira brusquement de sa prison mentale.

Elin croisa alors le regard du jeune homme qui la contemplait, hésitant et perdu. Elle aurait voulu dire quelqu’un chose, brusquement inquiète pour celui qui n’avait de cesse de veiller sur elle. Pourtant, elle ne le fit pas, totalement à l’ouest. Elle ne comprit pas où était la douleur du jeune homme. Elle ne comprit pas d’avantage lorsqu’il s’approcha d’elle. Néanmoins cette compréhension se fit lorsque ses lèvres effleurèrent les siennes. La blonde recula brusquement sa tête et son corps, quittant le cocon de chaleur qu’était Allen.

« Que… Qu’est… »

Son regard s’était agrandit. Par peur, elle avait envie de fuir pour ne plus jamais revoir celui qui avait osé l’embrasser. Personne ne l’avait fais jusqu’à maintenant. Personne parce qu’Elin refusait de croire en l’amour. Pour elle ce n’était qu’une saloprie que l’on contait aux mômes pour leur faire croire que la vie était belle. Alors là, face à Allen ce fut un instant la colère qui prit le dessus. Un instant. Un seul… La blonde croisa à nouveau son regard et s’immobilisa.

Dans le regard d’Allen, on pouvait y voir la stupeur et la peine. Une douleur s’était mélangée au tout avec une pointe de colère. Elin s’immobilisa alors que son visage se liquéfiait. Venait-elle de blessé celui qui avait tenté de la préserver de ses blessures ? Venait-elle d’aller à l’encontre de ses principes ? Prise de panique, la jeune fille ouvrit la bouche pour parler mais ne sut que dire. Elle continua de fixer Allen qui soutenait son regard, tremblant, comme de rage. Lentement Elin sentit les larmes couler sur son visage. Elle se dégoutait. Elle se haïssait encore plus qu’avant. Elle se sentait tellement perdu, parce qu’au moment où elle avait vu le regard d’Allen, son cœur s’était serrés et était devenu douloureux comme jamais auparavant.

« Allen…Qu’ai-je fais… ? »

Sa main se tendit doucement vers le jeune homme tandis que les larmes continuaient à couler sur son visage. Ses doigts effleurèrent la joue du jeune homme. Alors qu’elle continuait de le fixer, paniquée. La douleur des pupilles du jeune homme contaminait à présent celle de la blonde. Elle posa sa paume sur sa joue et s’immobilisa. Puis, brusquement, elle se rapprocha de lui et vint poser son visage contre son cou en l’enlaçant, des larmes continuant à couler et à mouiller le blandinet.

« Allen, pardonne-moi… Je t’en supplie pardonne-moi... ! »

Lentement, elle releva la tête et continua de le fixer. Ses doigts vinrent jouer sur son visage tandis qu’elle semblait se déchirer en deux. Elle le fixa, longtemps, les lèvres tremblantes. Perdue comme jamais elle ne l’avait été, elle sentait sa part humaine reprendre le dessus et son cœur battre la chamade en émettant des vagues de chaleur. Elle comprit. Elle comprit que ce n’était pas normal. Que cela n’existait que pour une personne. D’un mouvement d’une lenteur délibérée, elle attrapa le visage du jeune homme entre ses mains en coupe et le contempla. Les larmes n’avaient pas cessé de couler. Tout en le contemplant droit dans les yeux, elle ouvrit la bouche, une dernière fois, et lâcha d’une voix perdue et déchirée, pleine de tumultes et de sentiments :

« Je… Je crois que… je t’aime… »

Ses yeux se baissèrent, se cachant de leurs jumeaux qui les scrutaient toujours. Elin eut soudainement envie de prendre la fuite pour se cacher. Elle n’avait jamais prononcé ces mots et les pensaient bon pour les conte de fée. Elle s’était mainte fois moquer de ceux qui osaient les dire et là… Lentement, elle se rapprocha du jeune homme et posa un baiser sur ses lèvres.

Le jeune homme avait à peine effleuré ses lèvres sur celle de sa camarade que celle-ci recula aussitôt. Allen sentit alors quelque chose se fendre en lui. Ses yeux s’écarquillèrent et s’emplir d’un mal être puissant. Le doute et l’hésitation se mélangèrent à un autre mélange de colère contre lui-même et de stupéfaction envers la blonde. Il laissa glisser sa main sur la joue froide de son interlocutrice, entrouvrant les lèvres mais se sachant que dire. Ses tremblements s’accentuèrent, ayant toujours la même provenance incompréhensible pour le blandinet.

Il resta parfaitement immobile entendant parfaitement chaque parole provenant d’Elin. Il ne la perdait pas une seule seconde du regard, voulant croire que finalement ce n’était qu’un de ses réflexes que quelques personnes ont de rester distant avec ceux qui l’entour. C’est alors qu’il vit rouler des larmes en abondance sur les joues de la jeune fille qui semblait tout aussi perdue et souffrante que l’était le jeune homme. Elle eut des attentions douces, le fixant toujours avec intensité, lui n’espérait qu’une chose : que ce lien ne se brise plus. S’il le pouvait il pourrait ce contenter de cela, compter à ses yeux si elle ne voulait pas de lui.

« Allen… Qu’ais-je fais ?... »

Il voulut porter à nouveau une main douce et chaleureuse sur le visage pâle et froid de sa camarade mais il n’eut le temps que d’y songer. La jeune aux pupilles de feu déposa une main douce, glacée sur la joue brûlante d’Allen qui ne vivait en cet instant que pour les prunelles flamboyantes de son interlocutrice. Cette dernière se mit contre lui, son visage dans son cou, continuant de pleurer. A tout cela, elle ajouta des excuses dont sa voix trahissait sa douleur et sa honte d’avoir agit de la sorte. Le jeune aux yeux de Lune ne put retenir l’envie de la serrer contre lui.

Leurs souffrances étaient, à cet instant, semblable et d’une grande force. C’est alors qu’Elin replongea son regard dans celui, douloureux du jeune homme, qui ne voulait pas gâcher un quelconque instant et lui dis une unique phrase qui bouleversa et inversa ses émotions. Une larme ruissela, la première de sa vie. Il avait eut si peur de l’avoir perdue, de ne pas pouvoir savoir ce qu’il ressentait. Maintenant il savait un peu plus ce qu’il avait. La douce blonde l’embrassa avec douceur, Allen lui rendit, la prenant plus fortement dans ses bras.

A ce moment précis, il se sentait vivre. Oui. Vivre. Il n’avait jamais ressent quelque chose aussi forte mais surtout aussi rapidement avec quelqu’un qu’il ne connait que depuis quelques heures. Il était comme aimanter d’une certaine manière à elle. Il rompit pourtant le baiser voulant de nouveau plonger dans l’océan sanguin de ses yeux. Il lui sourit, et du bout des doigts puis il déposa quelques baisers sur ses joues.

« Je crois… que finalement… c’est réciproque. Je t’aime Elin. »

Il lui sourit puis l’embrassa en la tenant contre lui, ses doigts agripper à son dessus de peur qu’elle ne s’éloigne à nouveau.

Elin se sentait si perdue que les larmes ne voulaient pas s’arrêter. Malgré la présence chaude et réconfortante du jeune homme, rien ne semblait se calmer. Tout ne cessait de tourner inlassablement dans son esprit. Tout était en train de la détruire et la blonde savait que la panique, pour l’instant, était contenue par les deux grands bras qui la tenaient toujours. Mais après ? Après elle n’aurait plus de protection et ca la rendait malade rien que d’y penser. Elle avait fut la Scandinavie, puis la France pour ne plus souffrir et voila que la douleur la poursuivait jusqu’ici. Ce n’était pas normal. C’était malsain.

Au même instant Allen la serra un peu plus fort lui rendant son baiser. La blonde sentit les larmes continuer de mouiller ses joues et pourtant la chaleur qui était née dans son cœur se propagea dans tout son corps. D’une main, elle attrapa le jeune homme par la nuque, approfondissant leur baiser, les yeux fermés sur l’océan qui s’échappait sur ses yeux. Allen rompit, néanmoins, leur baiser. La blonde eut toute les peine du monde à rouvrir les yeux, craignant d’en révéler bien plus qu’elle ne le voulait. Sa vie se devait d’être mirage, son passé inexistant. Un sourire déchira son visage, comme pour rassurer la jeune fille. Elin se perdit dans ses yeux.

A cet instant, elle perdit le court du temps. Elle nageait dans un océan couleur d’argent blafard et opaque. Un regard impénétrable pour les autres qui sonnait en elle comme un océan de douceur. La jeune fille ne pouvait plus s’en décrocher. Le besoin de fuir revint alors comme un coup de poignard. Elle tressaillit et son contint. Au même moment Allen vint déposer un baiser sur sa joue, puis un autre, lui arrachant un demi-sourire. Son regard ne lâcha pas celui du jeune homme. Le temps sembla toujours aussi distendu, perdu. Allen prit la parole :

« Je crois… que finalement… c’est réciproque. Je t’aime Elin. »

Il lui adressa un sourire alors que le temps reprit brusquement son court. La blonde le contempla, perdue. Elle n’avait jamais entendu de tels mots adressée pour elle dans la bouche de quelqu’un. C’était comme impossible. Comme si elle avait sombré dans un autre espace-temps, une autre galaxie et une autre réalité. Les bras se firent plus puissants autour d’elle. Allen se pencha et l’embrassa. Ses mains s’accrochèrent au haut d’Elin, comme pour la retenir. La blonde fut à moitié assommée par la vague de chaleur qui remonta jusqu’à son cerveau.

La blonde se rapprocha du jeune homme, attrapant sa nuque et ses cheveux entre ses mains pour l’attirer vers elle. Ce fut avec une certaine violence qu’elle répondit à son baiser. Une violence contre elle, contre le jeune homme aussi. Sa main se referma avec force sur les cheveux blanc d’Allen, tandis qu’elle l’embrassait ardemment. Puis, aussi vite qu’elle s’était jeter sur lui, elle recula. Cette fois-ci, elle ne fit pas que le repousser, elle détourna les yeux et essayer de s’éloigner, comme brusquement affolée.

Ses mains se posèrent sur les épaules du jeune homme alors que ses yeux viraient à ceux de l’inconscience, comme révulsés. Elle se mit à respirer par saccade. Tout en elle indiquait une folie, une souffrance qui avait envenimé la plaie et l’avait empoisonnée jusqu’aux os. La blonde secoua la tête, ses mains toujours sur les épaules de son amant. Elle s’arrêta de respirer quelques instants puis inspira une grande bouffée d’air. Elle redressa lentement la tête et murmura :

« Ne me juge pas sur ce comportement… Je ne suis pas… Ceci était tellement étrange… Tellement douloureux… Mes sentiments sont sincères quoiqu’emmêlés. »

Son regard s’éteignit alors qu’elle se rapprochait lentement de lui et déposa un baiser aussi léger que fugace sur ses lèvres puis de se blottir contre lui, tête contre torse, yeux fermés comme un enfant. De ses bras, elle l’enlaça, et les larmes qui n’avait eut de cesse de couler, continuèrent de se déverser, jusqu’elle soit sèche de l’intérieur. Toute cette eau salée semblait s’être emmagasinée depuis son enfance. Il y en avait beaucoup à faire couler, alors. Cette pensée lui arracha une moue dégoutée, malade, qui disparut bien vite.

Elin prit alors conscience de ce qu’elle était. Sans estime pour elle-même, détruite à la naissance, même pas désirée, elle n’était qu’une façade de dureté sur une maison sur le point de s’écroulée. Qui voulait d’un être comme ca ? Allen se doutait-il à quoi ils ‘engageait en osant penser l’aimer ? Se doutait-il de l’état de la jeune fille ? Et de son caractère ? Parviendrait-il à accepter sa liberté ? Son besoin de disparaitre sans un mot, sa froideur, sa distance ?

« Tu sais, j’suis détruite de l’intérieur. Ya plus rien à aimer chez moi… Je ne veux pas que tu souffre alors je te le dis… C’est stupide mais j’peux pas ne pas être franche. Ce serait mal honnête envers toi… Et ca j’peux pas l’être. »

Baissant honteusement la tête, la blonde resta contre lui, se nourrissant de sa chaleur comme une pompe tentant de boucher un puits sans fond. Elle n’était qu’un parasite dans le fond…

A peine avait-il de nouveau posé ses lèvres sur celle de sa compagne que cette dernière l’approfondit avec rage, comme si elle voulait le dévorer. Il voulut y répondre avec la même ardeur mais la blonde rompit tout et fit comme marche arrière, faisant totalement le contraire. En un instant, ils passèrent d’un baiser fougueux à un relative distance. Il vit alors quelque chose qui ne put réellement comprendre. Il écarquilla les yeux devant un tel spectacle.

Allen la tenait toujours, ayant trop peur qu’elle s’éloigne pour de bon. Son regard était empli d’un mélange d’affolement et d’inquiétude. Il la cramponnait avec une détermination qui le caractérisait mais en était tout de même étonné, être à ce point accro à quelqu’un il ne l’avait jamais été. Chassant cette pensée, il écouta chaque mot de sa partenaire avec attention. Une phrase douloureusement prononcée et il en était conscient.

« Ne me juge pas sur ce comportement… Je ne suis pas… Ceci était tellement étrange… Tellement douloureux… Mes sentiments sont sincères quoiqu’emmêlés. »

Avait-elle prononcé le dernier mot qu’elle l’embrassa doucement et se blottit dans ses bras. Il n’en revenait pas, comment pouvait-elle croire qu’il la jugerait juste sur une action. Il avouait que c’était fort mais en lui il savait qu’il ne pourrait pas faire marche arrière. Comme s’il ne s’en sortirait pas s’il le faisait. Ses mains se mirent à caresser le dos de la jeune fille en pleure. Son corps se décontracta complètement, comme soulagé qu’elle soit à nouveau au creux de ses bras.

« Tu sais, j’suis détruite de l’intérieur. Ya plus rien à aimer chez moi… Je ne veux pas que tu souffre alors je te le dis… C’est stupide mais j’peux pas ne pas être franche. Ce serait mal honnête envers toi… Et ca j’peux pas l’être. »

Allen sentit son cœur se serrer. Il ne comprit pas la raison pour laquelle elle se dévalorisait autant. Son corps se tendit mais différemment, comme s’il se retenait de faire quelque chose. Ses doigts serraient convulsivement les vêtements d’Elin. Il réfléchit. Que dire à une déclaration pareille. Lui aussi n’était pas quelqu’un à aimer, il n’avait jamais reçu aucun amour ni donner en retour. Il ne savait pas comment faire, mais, en regardant la blonde, il savait qu’il pourrait découvrir cela même si ce serait dur. Il cligna des yeux rapidement, ayant toujours cette peur que sa compagne s’envole.

« Je ne vois pas pourquoi tu dis une chose pareil… On n’est peut-être pas des modèles… Mais… »

Il ne put dire autre chose de peur de dire ce qu’il n’aurait pas. Retirant une main en contact avec le corps la jeune fille, le jeune homme la serra en un poing et frappa un grand coup dans la paroi rocheuse juste derrière eux. Son corps se remit à trembler, il contenait toute cette puissance à vouloir rager. Il ne supportait pas que l’on puisse penser et surtout dire de n’être rien, de ne servir à rien. Malgré tout, il tenait vraiment à cette jeune fille, son cœur lui lança par rafale cette nouvelle douleur comme pour le rappeler à l’ordre.

Dans élan soudain activé par un mélange de rage folle, de peur et de douleur, le jeune aux cheveux lunaires coucha la jeune fille au sol. Il se mit au dessus d’elle, la regardant droit dans les yeux. Ses prunelles d’argent liquide se plantèrent dans celles rougeoyante de la demoiselle. Ses yeux renfermaient une alliance de souffrance et de colère tout en étant pas agressif pour autant. Il ne la comprenait pas et ça il se le refusait. Il voulait comprendre ce qu’il se passait mais surtout savoir ce qu’elle voulait vraiment. Ses mains de chaque coté du visage d’Elin, ses cheveux retombant de chaque coté du visage blême du jeune homme, il articula difficilement quelques mots.

« Tu… Tu crois vraiment que je… ressentirais quelque chose d’aussi… comment dire… Puissant !... S’il n’était pas possible qu’on s’intéresse à toi ! Arrête ! »

Son corps se mit à trembler, pour de bon cette fois. Il était là, perdu et tout retourner, à interroger du regard la jeune fille toute aussi blafarde que lui. Du dégout s’empressa d’arriver dans son être, il se haïssait d’être ce qu’il est et aussi le ton avec lequel il venait de lui parler. Son cœur rata un battement. Il était complètement retourné. Une seule idée lui arriva à l’esprit, serrer dans ses bras celle qui rendait tout cela aussi incompréhensible. Il la regarda durant quelques secondes puis effleura ses lèvres sur les siennes pour finalement l’embrasser avec ardeur. Il colla son corps au sien, comme voulant faire disparaitre tous ses doutes et sa peur avec la présence de sa compagne.

« Je t’aime… Telle que tu es… Je te juge aucunement !... Apprend moi à te connaitre et je ferais la réciproque… »

Il rendit ensuite son baiser plus ardemment encore, presque comme possédé par l’envie de ne faire qu’un avec elle. Il oublia bien vite l’endroit où ils s’étaient réfugiés, même de quelle manière ils s’étaient rencontrés. Il ne voulait qu’une chose, pouvoir comprendre ce qu’il avait mais aussi savoir ce qui rendait si triste, si vulnérable la jeune blonde. Elle qui, il n’y a pas si longtemps, était une véritable forteresse, imprenable et distante. Et lui. En aussi peu de temps, il avait réussit à sentir son cœur s’emplir d’une chaleur qu’il ne connaissait ni ne contrôlait. Lui qui pensait se connaitre, se contrôler à merveille. Toute sa force s’était envolée comme si elle n’avait jamais existé, sa force lui était inutile et il en avait peur. Oui peur. Lui qui défiait la mort très souvent et en riait.

A cet instant, il voulait vraiment pouvoir partager ce qui le hantait mais en était incapable comme paralysé. Du coup, son esprit réclamait de l’aide, une véritable présence. Cette dernière, il la trouva dans ses bras car c’était véritablement la seule qui pourrait remplir ce rôle. Il fit glisser l’une de ses mains sous la nuque de sa camarade renforçant leur baiser, fit passer l’autre dans le dos de la demoiselle entre son gilet et elle, collant encore plus son corps au siens. La chaleur de son corps monta d’un cran, tandis que le corps frêle d’Elin fit légèrement frissonner sa peau due à sa température plus basse que la sienne.

La blonde était submergée d’un flot continu de pensées, souvenirs et autres sentiments. A la fois dans le présent, elle n’arrivait pas a se décrocher totalement du passé. Elle n’en avait pas la force. Le mélange était si bien fait qu’elle n’arrivait plus à distingué les deux temps, les deux réalités pourtant si différentes. Ses yeux s’étaient clos pour mieux continuer de se battre. L’envie de fuir continuait à la dévorer à l’intérieur. Pourquoi fallait-il qu’elle retombe dans son passé à un moment pareil ? Pourquoi Allen lui faisait-il cet effet là ?Etait-il capable, dans le fond, de l’aider ? A cette dernière question, la blonde savait qu’elle avait envie de dire oui et pourtant, elle se refusait à expliquer, à partager ce poids qui faisait ployer ses épaules.

Alors qu’Elin menaçait de passer définitivement du côté inconscient et révolu de ses pensées, elle sentit que tout se mit à se mouvoir autour d’elle. Paniquée, elle rouvrit les yeux. Elle était couchée à même la pierre. Ses yeux, affolés et voilés, puissants et détruits, croisèrent ceux du jeune homme qui la surplombait. Il avait posé une main de chaque coté de ses cheveux blond et la regardait. Il ouvrit alors les lèvres sur des mots bafouillés, perdus eux-aussi :

« Tu… Tu crois vraiment que je… ressentirais quelque chose d’aussi… comment dire… Puissant !... S’il n’était pas possible qu’on s’intéresse à toi ! Arrête ! »

Elin décrocha alors. En plus du flux de douloureux souvenir vint s’ajouter les questions que suscita son incompréhension. Comment Allen pouvait-il croire ça ? Dans le fond que voulait-il dire ? Pourquoi sa voix était-elle si dure ? Se faisait-elle des idées ? Détournant les yeux du jeune homme, elle continua de respirer étrangement, en retenant à grande peine un nouveau flot de larmes. Elle ne se rendit même pas compte que le jeune homme l’embrassa. Perdue, elle continua à dériver en luttant seule. Elle refusait de l’impliquer. Elle se refusait un tel acte !

Le jeune homme reprit alors la parole, au dessus d’elle. Bougeant à nouveau son regard de feu, elle le posa sur lui. Elle écouta ses mots en redoutant chaque paroles. Pourtant, comme elle s’y attendait, il prononça les mots qu’elle refusait d’entendre. Elle voulut répliquer, lui dire qu’il ne fallait pas vouloir de telle chose. Lui hurler d’ouvrir les yeux, lui faire peur pour que ce soit lui qui fuit finalement. Pourtant, elle n’eut pas le temps car il se pencha et l’embrassa avec ardeur. Une de ses mains vint se caler sur sa nuque glacée tandis que l’autre la collait plus contre lui. Un instant, elle se laissa aller, l’envie, le désir, l’amour ?, prenant le dessus, mais brusquement des mots d’une ancienne promesse vinrent éclater dans son esprit. Résonnant sans fin, Elin comprit qu’elle avait perdu la lutte.

Finalement, ses souvenirs et la personnalité qu’elle s’était forgée comme une carapace s’étaient bien retournés contre elle. Elle avait fait un protection autour d’elle par égoïsme et voila que cette protection était devenu comme un démon en elle, un facette incontrôlable de son être. Elle avait voulu devenir Elin, la blonde, la froide, la solitaire Elin, elle l’était devenue. Il n’y avait pas de processus inverse, n’est ce pas ? Elle n’avait plus le choix maintenant ? Plus de solution de sortie si ce n’était la… Oh non, elle n’y viendrait pas à ça ! Elle avait voulu être forte, elle se l’était interdit !

Elin bougea alors. La température de son corps chuta brusquement. Son visage blême le devint encore plus, révélant quelques veines bleuâtres sous sa fine peau. Ses lèvres et ses mains devinrent violettes. Et pourtant, une force incroyable la secoua. D’un mouvement lent, elle posa ses mains sur le torse du jeune homme et le repoussa. Lorsqu’elle l’eut suffisamment éloignée d’elle, elle se redressa en grondant à la manière d’un animal sauvage. Se reculant, accroupie, jusqu’à une paroi, elle ne le quitta pas des yeux. Si l’on regardait bien, on pouvait alors remarquer que la blonde n’était plus elle, ses yeux devenus ternes et morts.

« Tu mens… Tu ne peux pas vouloir me connaitre ! Personne n’a jamais voulu me connaitre et ca ne changera pas si facilement, je le sais ! »

Reculant encore plus, elle se tassa contre la paroi, les yeux fixent mais éteint. Son visage devenu froid se liquéfia un instant et une profonde horreur se dissémina sur ses traits alors que des larmes se remettaient à couler. Ouvrant la bouche pour se reprendre, la vraie Elin n’eut pas le temps. Ses bras vinrent se refermer sur elle-même, comme pour se réchauffer et le mot qu’elle commençait à prononcer se transforma en feulement lorsqu’elle perdit à nouveau la bataille.

Elle perdait une bataille… Pas la guerre. Elle pouvait la gagner sa guerre contre elle-même, mais à cet instant, elle avait besoin d’un soutien pour le faire. Elle avait besoin qu’Allen comprenne et réagisse. Elle avait besoin de sa force et son amour… son espoir aussi.

La jeune fille venait de rompre leur étreinte en repoussant doucement mais fermement le jeune homme. Celui-ci se laissa faire, ne comprenant pas vraiment ce qu’il se passait. La blonde se glissa furtivement hors de « l’emprise » du blandinet et se recroquevilla contre la paroi de la grotte. Allen avait suivis son mouvement du regard et sentit en lui quelque chose qu’il ne pouvait identifier. Une douleur, une immense douleur s’insinua dans sa cage thoracique. La douleur, il connaissait bien. Il eut plusieurs fois les os brisés et autres blessures importante. Mais là, il était incapable de contrer celle-ci.

Il s’agenouilla et porta une main sur son torse. Un geste qu’il ne se rendit compte que lorsqu’il sentit que sa main était gelée par rapport à sa poitrine. Son regard n’avait pas quitté Elin. Cette dernière avait un comportement que le jeune américain ne comprit pas tout de suite. Ce n’est que lorsque la blonde prononça une phrase comme un coup de fouet dans l’air que l’homme aux iris métalliques réagit enfin. Une réaction oui, mais pas celle que toute personne pourrait se douter. Son corps se tendit à l’extrême, ses prunelles se figèrent n’ayant plus cette apparence liquide mais cette sensation de blizzard du grand Nord. Sa chaleur corporelle descendit brusquement, ce qui était plutôt inhabituel.

En lui, quelque chose venait de se réveiller et cela ne lui plaisait pas. La réplique de la jeune fille fit revenir à la surface beaucoup de chose dont l’être qu’il avait été durant pas mal d’année. Il laissa retomber en douceur sa main qu’il avait porté à son cœur puis serra les poings, tellement fort que ses articulations devinrent blanches. Il s’accroupit ensuite posant les mains à terre telle un fauve en chasse. Son regard, toujours aussi froid, s’assombrit et durcit d’autant plus. Dans sa tête, une phrase tourna en boucle : « De qu’elle droit te dit-on une chose pareil ! Achève moi ça ! ». Ces mots avaient été prononcés par leur soi-disant chef quelques années auparavant. Allen ouvrit enfin la bouche, un rictus étrange aux lèvres, presque carnassier.

«Sais-tu comment on me surnommait par un temps ?... Ghost, le tueur fantôme ou Hannibal pour ceux qui avaient eu vent de mes « capacités » et fait. J’étais très souvent chargé de nettoyer le terrain mais surtout des gêneurs. Je suis si précis et efficace que personne n’a jamais réussit à m’identifier et me retrouver. Je pourrais très bien…... »

Ses mots avaient été prononcés de manière à ce que l’interlocuteur sente bien qu’il pouvait faire ce qu’il voulait de lui. Sauf qu’il ne put continuer. Il entendit en lui quelque chose se briser net, une douleur encore plus grande se déversa dans sa poitrine puis une nausée atroce vint le secouer, un dégoût puissant le retournant. Son regard se liquéfia, toujours fixé sur la jeune fille. Comment avait-il osé lui parlé sur ce ton alors qu’elle est dans le même état que lui… Enfin c’est ce qu’il pensait. Il se redressa se retrouvant simplement accroupi. Il ferma les yeux, aussi bien pour se concentrer et redevenir lui-même que pour combattre ce dégoût.

Il ne savait plus exactement où il en était, beaucoup de chose s’étant remuer et remonter en surface. Il jura contre lui-même puis rouvrit les paupières plus lentement qu’il les avait fermées. Son regard était perdu mais beaucoup plus doux et chaleureux que la minute précédente. Il rassembla ses esprits puis approcha d’un pas vers Elin, trois suffirait à ce qu’il puisse la prendre dans ses bras, mais il se retint de le faire et même de le vouloir. Il inspira grandement puis prononça quelques mots, qu’il voulut autoritaire mais aussi d’une grande douceur, voulant faire comprendre quelque chose d’important à la jeune aux yeux flamboyants.

« Sache que je suis quelqu’un de franc. Et puis… Ne te dévalorise pas comme cela. Tu vaux bien plus que ce que tu dis ou penses ! Je le sens… »

Son corps se réchauffa alors, ce qui le fit frissonner en plus des tremblements nerveux qui ne s’étaient pas arrêter mais qu’il s’efforçait de cacher et de contrôler. Dans un geste finalement précipité, il se rua sur la blonde plaquant ses mains de chaque coté de la tête de celle-ci. Son visage se retrouva à quelques centimètres de celui de la jeune fille, un nouveau rictus s’étant posé sur les lèvres du jeune homme, celui-ci plus doux que précédemment. Le blandinet planta son regard qui oscillait entre douceur, certitude et hésitation à la fois. Il murmura alors quelque chose qu’il eut beaucoup de mal à prononcer.

« Tu es la seule personne à me voir tel que je suis vraiment… Ca aurait été n’importe qui d’autre… Je l’aurais… achever… au moment même où elle aurait décelé ne serait-ce qu’une défaillance… » Il respira profondément, resta muet un court instant puis continua.« A cet instant, c’est différent… J’ai envie de t’aider… Car je sais, au fond de moi, que ce n’est pas une coïncidence… que j’arrive à m’ouvrir et ressentir quelque chose de vraie. Avoir des sentiments plus… intime. Ce n’est pas le bon mot mais je n’en trouve pas d’autre… Et que de ton coté… Tu me laisses t’approcher… Enfin… C’est ce que j’ai put observer… »

Il se relâcha un peu en se mettant à genou devant la blonde, les mains toujours posées contre la paroi rocailleuse. Il ne quitta pas pour autant ses prunelles argent de celle rougeoyante de sa camarade. Il ne savait pas quoi faire, mais il venait de se jurer intérieurement qu’il ferait tout pour la sortir de ce qui la ronge autant et par la même occasion, se sortir ne serait-ce qu’un peu de l’ouragan de sang qu’est sa propre vie… Elin sera-t-elle capable de comprendre tout ce dont Allen à fait de monstrueux ? Sera-t-elle assez forte pour l’aider et non pas le rejeter encore ? Cela, le blandinet en doutait mais se persuadait qu’elle le pourrait. Egoïstement, il voulait qu’elle et elle seule l’aide pour de bon, ne serait-ce qu’avec sa présence…