Pickpocket prisonnier,Esclave Libre... ( Kae-Aellia )

¦ **L'Anti-Thèse** *HexaDécimale* ¦

Comment vit-on pauvre ?

Kae sillonnait les grandes avenues. À cette heure, c’est-à-dire à peu près midi, l’endroit était affreusement achalandé. Il y a avait des touristes partout sous ce soleil de plomb, qui arpentaient les rues marchandes, les poches lourdes, les pieds abrasifs contre les dalles du sol. Il faisait tout simplement horriblement chaud. Sa sentait, sa suintait la sueur et l’effort de la mauvaise condition physique. Il y avait aussi tellement d’enfants, de gamins américains arborant déjà un ventre proéminents, des visages joufflus et gras. Des progénitures gâtées, à qui on ne refuse rien, à qui on court acheter le fusil et les fléchettes. C’était révoltant de voir la culture japonaise, qui fut à un moment traditionnelle et noble, devenir tout comme le marché américain, centré sur la masse de basse de qualité, sur l’abus des légendes et des traditions pour mieux vendre. Des sumos en plastique, des figurines de Samuraï, tout ce qui était « Japan-Style », on pouvait le trouver ici.

Mais ce n’était pas pour ça que Kae était là. Non, Kae renouait avec une mauvaise habitude. Le fait est que contrairement à plusieurs des étudiants du lycée, il n’était pas le fils d’une ou d’une ou de millionnaires. Ce qu’il avait, c’était ses économies de travail d’été, et le cachet d’Asuma. Maintenant, la somme combinée des sommes d’argent suffisait pour payer ses études à Daiki, mais étaient largement insuffisantes pour combler le besoin de la nourriture, des vêtements et des trucs en général. Alors il allait s’enrichir ici. Il s’était pourtant promis d’arrêter, de ne pas plus abuser des gens ainsi. Mais l’occasion était parfaite. Le parkoureur faisait du repérage dans la rue. Pas de gendarme, pas de surveillant, rien qui pourrait l’empêcher d’agir. Non pas qu’un policier fasse la différance. Il avait déjà réussi à voler une matraque dans la ceinture même d’un gardien de sécurité, l’endormi ! Kae portait une simple camisole noire, et c’était bien assez. On avait envie de mourir, sous se soleil. Alors il commença à arpenter la foule, se faufilant habilement entre les marchands et les touristes.

Première victime de la journée en vue. Kae bomba le torse et accéléra le pas jusqu’à entrer en collision avec le touriste. C’était un homme d’un certain âge, bedonnant et américain selon ses traits, avec de rares cheveux sur sa tête, et d’épais sourcils. Le gros monsieur se tourna vers le parkoureur et l’injuria en anglais. Kae lui fit son plus beau sourire, s’excusa en la tête, l’autre derrière le dos, en signe de respect, et se fondit dans la masse. Dès que le monsieur quitta son champ de vision, le sourire s’effaça alors qu’il dépliait sous ses yeux le portefeuille du touriste, faisant défiler les diverses cartes. Il brisa en deux les cartes de crédit, les jeta dans une poubelle, fit de même pour la carte d’identité, puis laissa tomber le passeport dans une canalisation. Il mit enfin les doigts sur deux-cent-cinquante dollars américains tout neufs, sa première prise de la journée. Il changea de rue, et s’attaque alors à une dame dans la quarantaine, avec le parfait chapeau de voyage, la parfaite veste de voyage et le parfait sac-à-main de…Vous avez compris le principe. Le côté intéressant était que le dit sac était ouvert. Kae glissa sur sa tête une casquette volée il y a à peine quelques secondes sur l’attache d’un sac-à-dos d’un autre touriste. Si la femme eut une sensation, ce fut un effleurement sans plus. Et cette fois ? Il ouvrit la bourse en cuir, fouilla à l’intérieur, trouvant des bonbons, quelques…préservatifs ? et deux cents dollars pliés en ordre d’état du billet. C’était à pleurer. Il enfourna l’argent et jeta le sac dans une autre poubelle. Et ainsi le parkoureur recommença, volant une demi-douzaine d’autre personne à l’aide moyens plus ou moins inventif…

Sauf que. On l’attrapa par l’épaule, et il paniqua. Kae avait la main dans le sac à dos d’un homme appuyé contre le comptoir d’un marchand. Il se retourne, regard l’homme qui le surplombait. Il était vraiment, vraiment, vraiment très grand. Et ce n’est pas tout, il n’était pas le seul. Alors que la foule coulait comme une rivière autour d’eux, Kae pouvait voir deux autres personnes derrière le colosse. Point en commun : le tatouage de Biohazard sur l’épaule, l’avant-bras et le cou. Pas besoin de mots. Le parkoureur retira sa main du sac juste attend pour parer le crochet géant, avant de plier son coude et le frapper au nez avec, le brisant d’un coup sec. Dans la même seconde, il fit volteface et planta son soulier à crampon dans son genou avant de partir à la course, poursuivi par les deux autres hommes.

Il renversa un panier de fruits à sa gauche dans l’espoir de ralentir ses adversaires. Il était trop petit (1m70) pour voir où il allait dans cette foule, l’avantage était à ces deux costauds pour l’instant. Kae changea de rue, piétina les pieds de plusieurs touristes, mais ils étaient toujours derrière lui. Le parkoureur tourna un coin et allait continuer sa course quand un bras se referma sur son poignet et le tira dans une ruelle couverte. Il tomba au sol en grognant, alors que ses poursuivants passaient devant le chemin sombre sans s’arrêter. Kae se releva, levant les yeux.

« T’es qui au juste ? »

♦ Démone aux Multiples Facettes ♦

Aellia crevait littéralement de chaud. Depuis quelques jours, un soleil de plomb dardait la ville de ses rayons brulant et avait fait hausser le mercure des thermomètres de plusieurs échelons. Ceci donnait un regain de vie à la ville qui s’était endormie sous son manteau de neige. Des touristes débarquaient de partout et nulle-part, et l’agitation dans les rues allait crescendo. Avec le soleil, venait la joie des visiteurs et des commerçants qui voyaient leur commerce s’épanouir. Le Japon était parfait pour le tourisme. Le problème, dans cette journée de soleil brillant et de joie bruyante, n’existait que pour certaines personnes et Aellia en faisait partie. Autant elle endurait sans un mot le froid et sa période presque polaire, autant la chaleur la rendait apathique voir endormie. Dans ces périodes où elle se laissait sombrer dans une sorte de transe isotherme, elle devenait vulnérable et cela l’inquiétait au plus haut point. Elle craignait pour sa vie, et ce encore plus depuis le duel avec Yumi…

Comme un souvenir douloureux, cette pensée réveilla un peu la blonde qui se secoua. Elle était alors dans une des grandes avenues touristiques de Konoha, à l’ombre d’un genre immeuble. Elle respirait à fond tentant de chasser la chaleur qui la brulait à l’intérieur… rien n’y faisait. Et comme pour l’ennuyer d’avantage, la blessure, encore récente, que Yumi lui avait infligé la brulait méchamment. Si bien qu’elle n’avait même pas pu couvrir son dos pour dissimuler la croix tailladée sur son tatouage et les lettres Y .U.M.I graver dans sa chaire. A la place, elle avait enfilée un dos nus rouge-sang et un baggy en toile noire. Une paire de vans aux lacets orange –pour le pied gauche- et jaune –pour le pied droit- terminait sa tenue.

Aellia secoua la tête, repoussant ses longs cheveux lâchés sur ses épaules, et se motiva à bouger. Elle n’en pouvait plus de son inactivité. Depuis le retour du soleil, elle avait l’impression d’hiberner… A la mauvaise saison en somme. Poussant sur ses mains, elle se décolla du mur encore un peu frais et se laissa couler dans le flot de passants. Grâce à son habileté pour se mouvoir, la jeune fille évita les corps et les coups jusqu’à rejoindre les étals des marchands qui vantaient leur production. Elle n’y jeta pas un coup d’œil mais, à la place, profita qu’un vendeur marchandait avec un touriste pour lui voler sa bouteille d’eau. Par chance, il y avait même des glaçons dedans.

Reprenant sa marche, la jeune fille se laissa aller dans le sens de la marée humaine. Ses yeux enregistraient tous les détails qu’ils pouvaient capter, assurant ainsi une certaine protection à la jeune fille. Elle était sur ses gardes… encore plus qu’avant. C’était, après tout, la première fois qu’elle sortait en ville depuis sa trahison auprès des ténèbres et elle n’avait guère envie de rencontrer des personnes pouvant nuire à sa survie. Elle n’était pas suicidaire, elle !

Elle continua à avancer, se décontractant lentement, jusqu’à apercevoir quelque chose du coin de l’œil. Deux hommes de hautes carrures écartaient les badauds sur leur passage. La jeune fille s’immobilisa et le détailla. Pas la peine de chercher sur leur corps le tatouage, elle avait comprit… c’était des Kuragari. Il ne lui en fallut pas plus pour réagir. Reprenant sa marche, désormais vive et silencieuse, la jeune fille remonta le courant à une allure impressionnante et tourna brusquement dans une ruelle. Son visage n’exprimait rien, seules ses mains se serraient compulsivement. La jeune fille resta un instant immobile, à écouter les bruits de la foule. S’ils l’avaient vu, il n’y avait pas de doute qu’il y aurait du grabuge dans les passants. Elle serait avertie. Mais juste le bruit des passants continua et la blonde put relâcher son souffle. Elle n’avait pas réellement envie de tomber nez à nez avec ses anciens acolytes qui, il fallait le dire, ne la portaient pas vraiment dans leur cœur ; mais elle n’avait pas envie, non plus, de fuir comme un lâche. A la place, elle se colla contre le mur et jeta un coup d’œil dans la rue.

Les deux Kuragari avaient disparus de son champ de vision. Inquiète, la blonde se pencha un peu plus et laissa ses yeux fouiller la foule. Ce fut des bruits anormaux qui attirèrent son regard. Un bataille avait explosé, opposants les deux armoires à glace à un jeune homme qui semblait bien frêle face à eux. Surprise, la blonde resta immobile. Ensuite, tout se passa très vite. La jeune fille vit la victime des deux compères prendre la fuite dans la foule. Il était petit, il se fondit facilement parmi les gens. Les deux Kuragari, eux, peinèrent a avancer. Aellia ne réfléchit pas beaucoup. Son serment envers Yumi lui revint en pleine face et ce fut à contre cœur, qu’elle fondit sur le jeune homme avec toute la vivacité dont elle savait faire preuve et le tira brusquement dans sa ruelle ombragée et solitaire. Il tomba au sol alors que la blonde dardait un regard glacial sur la rue, laissant passer ses deux agresseurs.

Ce fut une phrase du jeune homme qu’elle avait « sauvé » qui ramena Aellia à la réalité. Son regard à la fois dégouté et défiant se posa sur lui. Il était toujours au sol mais semblait en très bonne état. Au moins, elle n’aurait pas ça à se reprocher. Son immobilité parfaite dura de longue seconde, tandis qu’elle semblait réfléchir à une manière de réagir correctement. Depuis son combat, beaucoup de choses s’étaient brisées en elle et elle avait encore du mal à retrouver les bonnes réactions. Néanmoins, elle sortit de sa position statique et d’un mouvement distant tendit la main vers le jeune homme en ouvrant la bouche :

« Aellia Kaede et je crois bien que sur ce coup, je t’ai évité de sacrés hématomes. »

Un demi-sourire se déchira un instant sur son visage, puis disparut. Elle fixa le jeune homme de ses prunelles couleur acier, puis sembla réaliser quelque chose. La curiosité mêlée d’amusement se mêla à son regard et elle ouvrit à nouveau les lèvres pour demander, plus calme :

« Tu es du clan de Yumi Nara ? »

¦ **L'Anti-Thèse** *HexaDécimale* ¦

Kae sentait le ciment humide sous ses doigts. C’était fou, cette canicule ! Cette course à travers les badauds l’avait laissé trempé de sueur, malgré qu’il soit plutôt légèrement vétu. Même dans l’ombre, l’air était chargé d’humidité, presque pulsant pour le champ de vision. Le parkoureur se releva lentement, le souffle court par son énervement récent. Il avait vraiment eu peur ! Ces deux mecs étaient de vrais colosses. Comment les Kuragaris faisaient –ils pour engager autant de gens de cette carrure ? Autant Kae avait toujours considéré avoir une carrure effrayante pour toute personne normale, autant sa taille le désavantageait face à ces géants venus de je-ne-sais-où. Des vers d’une chanson lui rappelaient étrangement la situation actuelle :

Petite hirondelle, au milieu des corbeaux
Elle chantait "Desperado"
Moi, j'avais du retard sur le sommeil
Je m'étais fait doubler par le soleil
Elle de l'autre côté du couloir
Elle faisait chanter les miroirs
J'ai passé une heure de sa vie
Une heure sous le soleil d'Algérie
Sous la course des planètes
Y a des moments qu'on regrette
Derrière ses paupières mi-closes
Je voyais plus de gris que de rose
Quand je suis parti, j'ai bien compris
Que je perdais quelque chose

Car il avait sous les yeux une jeune fille de son âge. Sa salvatrice. Elle était assez athlétique, de la même taille que lui, avec une expression lasse sur le visage. Légèrement vêtue, on pouvait voir des muscles longs et fins saillir. Oui, elle devait faire beaucoup d’exercice pour avoir des muscles comme ça, c’était aberrant. Ça, et sa peau aussi pâle que la neige bordant les chemins il y a si peu de temps encore. Comment ne pas avoir la peau pas même un peu bronzé avec le soleil alentour ? Kae se considérait lui-même pâle mais ce n’était rien à côté d’elle. Ça contrastait avec ses cheveux. Une étrange teinte, pas du tout naturel, mais pas artificiel non plus. Blond, ou blanc ? Mais dans les petits reflets de la ruelle sombre, ils prenaient des reflets cuivrés ou bien couleur blé. Assez spécial dans le genre. Elle portait une camisole dévoilant beaucoup de peau de couleur sanguine, des pantalons de toiles un peu grand, et des souliers de skates incarnant pour Kae l’absolu contraire de ses espadrilles de parkour : mal ajustés, sans adhérence et surtout trop grand. Mais ce n’était que son opinion, il trouvait plutôt classe la dualité de couleur des lacets, pas assez pour le faire lui-même, mais trouvait ça chez une fille. Surtout chez une jolie fille comme elle. Enfin, si on ne croisait pas son regard.

Car du plus près qu’on puisse voir, elle avait l’air très , très complexe. Le genre de regard, d’attitude, d’aura qui semble si dense qu’on ne souhaite même pas s’y intéresser tant la tâche est colossale. Et évidemment, la plaie sur son épaule nue. Comment ne pas la manquer ? Kae la considéra longuement de l’œil. C’était donc elle, l’esclave des Hides… À qui il pouvait demander n’importe quoi… Il mit de côté ses pensées de mec immatures et inutiles, la fixa. Ses yeux étaient gris comme les siens, mais la jeune fille avait un regard beaucoup plus dur, plus semblable à de l’acier qu’au doux argent qui trônait dans ceux du parkoureur.

Quelque chose le tracassait à son sujet. Il s’appuya contre le mur, espérant un peu de fraîcheur de la part du tas de brique à l’ombre, sans succès. Elle lui avait tendit la main dans un geste presque machinal, robotique. Le parkoureur avait regardé sa main, puis l’avait serré en silence. Elle avait la peau douce, mais tiède, presque harcelante dans sa poigne plutôt forte pour une fille.

« Aellia Kaede et je crois bien que sur ce coup, je t’ai évité de sacrés hématomes. »

C’était une façon de le voir, ouais, elle lui avait sauvé la mise, l’Aellia Kaede. Et pourquoi, sinon son appartenance aux Hides désormais ? Son « appartenance » … Kae n’aimait pas ce mot. En fait, il était plus que peiné de la situation actuelle. S’il était un des plus loyaux membres du gang, restait qu’il était un amant passionné de la liberté. Le parkoureur préférait penser qu’il suivait volontairement la cause Yumi Nara que d’y être forcé par son allégiance au Hide.

« Tu es du clan de Yumi Nara ? »

Kae leva les yeux, s’approcha d’elle.

« Ouais…Et toi tu es… »

Il lui toucha l’épaule, regarda la signature grossière. Kae était quand même révolté. Était-il vraiment nécéssaire de marquer à vie la peau d’un être humain, Yumi ? Sa confiance en sa chef était profondément ébranlée par le respect qu’il portait à l’individualité, les femmes en particuliers.
« Un membre des Hide, aussi… »

Il se recula, jeta un coup d’œil dans la rue. C’était désert, mais mieux ne valait pas bouger avant quelques minutes, le temps d’être certain que les deux géants était partis. Kae se retourna vers Aellia, le regard peiné.

« Je m’appelle Kae. Kae Sarutobi. J’avais un frère qui enseignait ici. Je voudrais savoir un truc, Aellia…Pourquoi ? Pourquoi t’être emprisonné ainsi ? T’être livré à un combat mettant ta propre liberté en danger…Et l’avoir perdu. J’aurais préféré mourir plutôt que de vivre ce que tu as fait… Et je ne supporte pas l’idée de te voir prisonnière d’une cause qui n’est pas la tienne. Sa me tue… »

Il devait avoir parlé trop fort, car il tourna la tête au moment où un des deux Kuragaris tournait le coin pour l’attraper par les épaules. C’était le plus gros, celui avec le nez brisé. Le sang avait séché sur son visage, c’était vraiment moche à voir. Le parkoureur le frappa aux côtes, enchaîna avec un crochet sur le bord de la tête. Le kuragari râla de douleur mais balança son poing qui s’écrasa dans la brique en fracturant une jointure, le faisant crier. Kae fit tournoyer sa taille puis son pied qui frappa l’individu dans la mâchoire, le réduisant au silence pour de bon. Le parkoureur reprit sa respiration quelques secondes avant de se tourner vers Aellia :

« T’as un endroit pour se planquer ? »

À peine eut-il le temps de parler que les deux Kuragaris restants apparurent au coin de la rue et s’élancèrent dans leur direction. Merde…La conversation allait attendre.

♦ Démone aux Multiples Facettes ♦

Aellia se sentait mal à l’aise. Peut être était-ce du à la chaleur étouffante qu’elle ne supportait pas… ou plutôt qu’elle ne supportait déjà plus. Ou peut être était-ce le jeune homme et son étrange attitude. En effet, même si la blonde se refusa d’accorder trop d’attention à quelqu’un, elle ne pouvait ignorer l’étrange attitude qui émanait de lui. Elle n’aimait pas ce genre de personne qui était présente juste là, dans le silence le plus complet. Même si elle avait voulu fermer les yeux et l’ignorer, elle n’aurait pas pu. Il était trop présent… Tout le contraire d’elle-même. Elle, la fille fantôme, celle qui se mêlait à la masse sans attirer l’attention. Elle aurait pu être un espion, si elle l’avait voulut… A vrai dire, elle l’était maintenant. Yumi et le pacte le voulaient.

Cette pensée lui arracha un sourire amer. C’était elle qui avait accepté ce défi. Elle qui avait rajouté des clauses qui, elle le savait, enfermeraient un peu plus sa liberté dans une prison dorée. Alors pourquoi était-elle amère ? Dans le fond, elle le savait mais refusait de sa l’avouer. Elle était mauvaise joueuse et elle craignait pour sa vie. Oui, elle, Aellia Kaede, la Louve, avait peur. Elle s’auto-dégoutait. Le jeune ouvrit alors la bouche, lui offrant une superbe diversion pour enfouir au fond de son esprit ce sujet qu’elle ne cessait de débattre depuis des jours.

« Ouais…Et toi tu es… »

La blonde fixa un regard interrogateur sur lui. Que voulait-il dire ? Immobile –l’immobilité marquait souvent sa surprise-, elle le vit se rapprocher d’elle pour finalement effleurer son épaule. La compréhension explosa dans son esprit en même temps que la douleur. Elle se força à ne pas détourner les yeux et ses lèvres s’étirèrent en un sourire moqueur lorsqu’il termina son affirmation par son appartenance au Hide. Le sourire s’élargit et elle continua de le fixer, sans bouger. Rien, en elle, n’affirmait la douleur qui lui perçait l’épaule ou le dégout de cette situation. Elle semblait juste follement amusée, plus très nette à vrai dire.

Elle changea d’expression lorsqu’il finit par reculer et jeter un coup d’œil dans l’avenue. Ses yeux se posèrent droit devant elle alors qu’une grimace détruisait son faux-sourire. Elle tâta rapidement sa blessure du bout des doigts puis secoua la tête. Néanmoins, lorsqu’il se tourna à nouveau vers elle, la jeune fille ré-adopta son attitude éloignée et moqueuse. Elle le regarda ouvrir la bouche et, silencieuse, elle écouta ses mots. Comme toujours, elle était attentive, car chaque détail était un atout de plus dans son jeu.

« Je m’appelle Kae. Kae Sarutobi. J’avais un frère qui enseignait ici. Je voudrais savoir un truc, Aellia…Pourquoi ? Pourquoi t’être emprisonné ainsi ? T’être livré à un combat mettant ta propre liberté en danger…Et l’avoir perdu. J’aurais préféré mourir plutôt que de vivre ce que tu as fait… Et je ne supporte pas l’idée de te voir prisonnière d’une cause qui n’est pas la tienne. Sa me tue… »

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Son attitude changea lentement au fil de son discours. D’abord, lorsqu’il évoqua son lien de parenté avec le prof, qu’elle avait croisée une fois, en cours, elle fut surprise. Elle ne s’y attendait pas à cela. Son regard, comme influencé, détailla Kae longuement. Pourtant, elle retrouva sa moquerie cynique lorsqu’il évoqua son dégout face à la situation qu’elle s’était elle-même infligé. Il semblait révolté et ca manqua de lui arracher un rire. Elle ne voulait pas de pitié ni de compassion. Elle n’en avait pas besoin pour vivre. Et puis, elle était fière et avait trop d’orgueil pour accepter ses dires. A la fin de sa tirade, qui avait prit de plus en plus de volume, elle eut envie de se mettre à rire, un grand rire jaune pour le mettre mal à l’aise, mais elle n’eut pas le temps de le faire. Son regard capta un mouvement dans l’avenue. On les avait repérés.

La blonde changea légèrement sa posture. Elle se prépara à attaquer. Ses muscles se tendirent, son regard devint acéré et éteint, et sa main alla se poser contre sa cuisse droite, près de la poche de son pantalon. Pourtant, elle ne fit rien. Ce fut Kae qui bougea et qui attaqua l’homme. Elle ne se mêla pas du combat car elle ne vit pas de besoin de la par du jeune homme. Il géra la situation parfaitement. Aellia se détendit imperceptiblement et un sourire appréciateur vint se poser sur ses lèvres. Il ne le montrait pas ainsi, mais le Hide se battait plutôt bien… Très bien même. Il mit même l’armoire à glace K.O ou pire. Finalement il se retourna vers Aellia qui continuait de sourire et demanda si elle connaissait un endroit pour se planquer. Pas assez vite pourtant. Les compères de l’homme arrivèrent. L’ex combattante des Ténèbres se mit en mouvement.

Elle passa de l’immobilité à la course en un temps record. D’un mouvement vif et habitué, elle remonta jusqu’aux deux hommes avec une vivacité étonnante. Au passage, elle repoussa Kae, non pour le protéger mais pour l’empêcher de se mettre dans ses pieds et de la gêner. Ces deux là étaient pour elle. Un sourire carnassier se posa sur son visage et ses yeux s’éclairèrent de leur lueur de folie. Elle attaqua.

Son corps se plia en deux tandis qu’elle attaquait bas. Son pied tacla les jambes de l’homme le plus proche. Elle y mit suffisamment de force pour obtenir ce qu’elle voulait. Il chancela et, prit au dépourvu, il tomba en arrière. Ensuite, elle attaqua deux fois, à la manière du serpent. Deux coups méthodiques qui lui furent permis car le second homme était en train de réaliser qui elle était. Peut être n’était-elle, pas aimé dans son ancien clan mais tout du moins, elle avait été suffisamment dangereuse pour être connue. Tout du moins son pied alla frapper l’entre jambe de l’homme a terre qui lâcha un hurlement, puis revint cogner, plus fortement, sa cheville, qui provoqua un craquement sonore. Fou de douleur, l’homme continua à hurler et ceci réveilla son compère.

Le second homme avait attaqué lorsqu’elle réitérait son coup sur celui à terre. Son poing se dirigea vers la blonde qui n’eut pas le temps de bouger assez vite. Elle se décala légèrement et se prit le coup sur son épaule endolorie. Sa mâchoire se serra alors que ses yeux se plissèrent, rien d’autre n’affirma la douleur qui s’échappa de sa blessure en même tête que le sang qui coula par les plaies qui venaient de se rouvrir. Plutôt que de reculer pour reprendre de l’élan, la jeune fille tendit la main, accrocha l’épaule de son agresseur et se rapprocha brusquement de lui. Son genou se leva et alla frapper l’estomac de l’homme qui ne sembla rien ressentir. Lui aussi était une armoire à glace. Sa main vint se refermer sur le coup de la blonde qui le fixa froidement. A l’instant même où l’air cessait de passer dans sa gorge, elle ramena ses bras vers elle. Puis, comprenant que l’étouffement viendrait plus vite qu’elle ne le croyait, elle attaqua encore. Son bras droit se détendit, la paume bien droite, et vint heurter, écraser, le nez de l’homme qui recula sous l’impact. Ensuite tout ce passa très vite. Pas un vieux réflexe humain, il relâcha le cou de la jeune fille qui en profita pour frapper sa poitrine du pied et l’envoyer en arrière. D’un dernier mouvement, elle frappa à nouveau avec le pied dans sa rotule. L’homme recula, son genou céda sous son poids. Il chuta, toujours dans son élan de recule et sa tête frappa le mur. Il y resta sonné.

Aellia se tourna alors vers le jeune homme qu’elle avait repoussé. Son visage brillait d’une douce folie animale et pourtant, elle semblait encore très calme. Au contraire de Kae, ses attaques n’avaient pas été trop fortes, et les deux hommes s’en sortiraient sans problème. Ceci, par contre, n’était pas dans ses habitudes. Elle ne s’était jamais gênée pour tuer quelqu’un ou tout du moins le mettre dans un sale état. Là, elle partirait en les laissant en vie. Pourquoi ? Depuis la désertassions de l’immonde voix qui susurrait des folies à son cerveau, elle ne réussissait plus à prendre une vie. C’était étrange et inquiétant.

« Allons-nous mettre à l’abris… Suis-moi ! »

D’un mouvement souple, ne trahissait ni sa douleur, ni sa fatigue, la jeune fille passa devant Kae et se mit en route, en longeant le mur à sa droite. Sa main venait effleurer toutes les portes sans jamais s’arrêter sur une en particulier. Pourtant, elle finit par s’arrêter. D’un mouvement d’épaule, elle força la porte sans lui affliger trop de dégât et lança à Kae en s’inclinant grossièrement :

« Après vous, Mr. »

Une fois qu’il fut entrée, elle le suivit et se dirigea vers la cuisine. Là, seulement, elle s’accorda un peu de repos. Elle vint s’appuyer contre le mur face à la vieille fenêtre barrée grossièrement par des planches. Son épaule brulante y trouva un peu de réconfort en sentant le froid du mur se poser contre elle. Elle lâcha un léger soupire et ses yeux se fermèrent. Laissant un long silence s’installer, la jeune fille en profita pour se refaire une coquille de protection. Finalement, elle ouvrit à nouveau les yeux, les posant sur Kae, et demanda, un sourire doux se formant sur ses lèvres.

« De quoi parlions-nous ? »

Elle avait dit ca comme si rien de grave ne s’était passé. Comme si ils avaient juste été interrompus quelques instants pour une raison quelconque. Son sourire vira à celui de l’ironie. Elle avait tellement l’habitude de ce genre de situation, qu’elles en étaient désormais son quotidien.

¦ **L'Anti-Thèse** *HexaDécimale* ¦

Autant elle observait, autant il faisait de même.

Elle avait ce genre de regard où Kae pouvait se reconnaître. Des yeux qui scrutent le moindre détail, qui s’intéressent à tout même l’insignifiant pour pouvoir se créer une opinion. Et découvrir des éléments parfois intéressant. Dans ce cas-ci c’était presque un duel pour savoir qui prendrait l’avantage de l’un sur l’autre. La tirade de Kae n’avait pas du tout démonté la jeune fille, d’apparence du moins. Elle avait presque envie de se moquer de lui, même. Mais ça c’était d’apparence. Kae percevait sous cette attitude, très enracinée mais présente, une nervosité toute féminine. Mais ce n’était qu’une infime parcelle de cette fille, qui se révélait complexe, indiscernable, imprévisible, comme le Renard près de la ferme.

Au moment où elle aperçut les deux Kuragaris, son expression changea. Ses traits se tirèrent dans une expression qui se voulait passionnée, cruelle et démoniaque. Et d’un coup, la voilà en mouvement, avec une accélération qui prit au dépourvu le parkoureur. Une main s’appuya sur son torse et le repoussa sur le côté du mur, le faisant frémir. Quelle force, pour une fille ! C’était plus qu’étonnant. En même temps, il avait bien vu qu’elle était assez musclée pour une adolescente de sa constitution. Aellia courait et chargeait délibérément des hommes deux fois plus lourds et plus forts qu’elle ! Le parkoureur voulu la rejoindre mais que ce n’était pas vraiment utile. La rue était étroite, pas conçu pour accueillir les larges épaules du parkoureur en plus de celle de la jeune athlète. Il resta donc là, prêt à l’aider si jamais ça tournait mal pour elle. Kae lui devait bien ça pour l’avoir tiré d’affaire jusqu’ici, non ?

Mais elle ne sembla pas avoir de problèmes. Elle attaqua d’abord aux jambes, profitant de sa taille plus petite pour pouvoir infliger des coups inblocables à ses adversaires. Elle acheva rapidement son premier adversaire et le frappant à la cheville et à l’entre-jambe, un coup qui lui arracha lui-même un grognement en imaginant la douleur. Le deuxième homme réussit à la frapper à l’épaule, et Kae discerna enfin un signe de faiblesse. Elle avait déjà mal à cet endroit. Aellia asséna ensuite un coup de genou puis un coup de poing au visage pour achever son adversaire qui se frappa la tête contre le mur. Kae le regarde s’écraser au sol avec un certain amusement, deux brutes musclées qui se font défaire par une petite fille furieuse…Pas mal, il devait l’avouer. Elle s’était retournée. Ses yeux étaient brillants comme ceux d’un chasseur après avoir abattu sa proie. C’était inquiétant et à la fois envoûtant. Elle sembla se ressaisir, redevenir humaine un instant.

Il l’écouta sans répondre à la suivit à travers les dédales, évitant les coins ensoleillés. Il faisait encore plus chaud qu’auparavant. La température devait osciller dans les 35 degrés sans aucun vent ni brise pour rafraîchir le tout. Le parkoureur suait à ne rien faire. Ils s’arrêtèrent, et elle enfonça une porte sans lui demander d’aide. Kae crût voir dans ses yeux le plissement qui déclarait dde la douleur ou de la fatigue. Mais c’était si peu perceptible, surtout qu’elle lui demanda de passer le premier, ce qu’il fit par pure politesse. Il s’appuya sur le mur et l’observa faire de même, appuyant son épaule contre le mur. Elle lui demanda de quoi parlaient-ils. Le parkoureur la fixa un instant, s’approcha plus près d’elle.

« De quoi on parlait ? On ne parlait pas. C’est moi qui parlais. Et si je me fie à ce que je sais de toi… »

Il bondit comme un fauve et écrasa la jeune fille contre le mur, visant particulièrement son épaule affaiblie selon ses estimations. Maintenant la pression de son corps musculeux contre le sien, il la piqua du regard, ses yeux n’étant qu’à quelques centimètres des siens

« J’ai bien vu ce que tu penses des opinions des autres, tu t’en fous, alors j’utilise le seul moyen qui reste pour pouvoir communiquer avec toi …Ceci dit… »

Il recula son épaule droite et écrasa à nouveau son épaule sans aucuns remords, la soulevant même à quelques centimètres du sol.

« Rire de la liberté, j’ai un peu de difficulté. T’as sacrifié ce qui avait de plus grand dans ta vie, pour une cause stupide en plus ? Tu mérites ton sort, mais j’ai de la peine pour toi »

Kae se recula un peu pour la laisser respirer. Ils étaient tout deux ruisselants de chaleur. La température était si torride dans la pièce que le parkoureur avait l’impression de voir l’air se brouiller.

« Si tout ce que tu connais c’est ça, alors je me demande comment t’arrives à vivre ! Si mon frère était là, il dirait que tu n’es que chaos »

Il se recula davantage et s’assied sur la petite table en métal, les nerfs toujours à vifs. Kae soupira.

« T’as les doigts durcis, donc tu joues d’un instrument, probablement à corde. Tu fais beaucoup de sport. Vu ta réaction et l’endroit où tu te trouvais, je dirais que t’aime pas les gens et encore moins les foules. Ta voix suit des tons harmonieux. Tu chantes, ou bien tu parles beaucoup en public, ce qui m’étonnerait. Et surtout, t’es comme toutes les autres de ton genre, tu te donnes un air durcis alors qu’en réalité, tu voudrais être comme tout le monde et être acceptée. Comme ce n’est pas le cas, t’as appris à te foutre les autres, à mettre des fringues dépareillées et à te battre contre des mecs deux fois plus gros que toi… »

Il s’étira les bras derrière la tête en essuyant la sueur qui lui constellait le front.

« On dit que je suis le prédateur des Hide. Toi, qu’es-tu, sinon un rossignol se prenant pour un aigle, tout en étant emprisonné d’une cage dorée ? Tu n’es que chaos, comme dirait Asuma »

Le parkoureur la fixa de son regard argenté.

[HRP : ne pas hésiter à me faire mal !]

♦ Démone aux Multiples Facettes ♦

Aellia essayait de récupérer tout en gardant son masque. Son épaule brulait et semblait vouloir lui rappeler à quel point elle était encore humaine. Le sang qui s’échappait la dégoutait presque. Elle qui voulait tout contrôler allait justement perdre de contrôle à force de sentir la douleur dans sa chaire comme un poison dans son corps. Ses yeux se fermèrent à demi alors qu’elle demandait de quoi il parlait, comme une formalité. Elle capta néanmoins le mouvement de Kae qui se rapprocha d’elle. Elle le laissa faire, baissant sa garde

« De quoi on parlait ? On ne parlait pas. C’est moi qui parlais. Et si je me fie à ce que je sais de toi… »

Aellia ne réagit pas assez vite. Le garçon lui avait déjà fondu dessus, la plaquant durement contre le mur. Il appuya tout son poids sur l’épaule blessée de la blonde. Sans comprendre pourquoi il faisait cela, Aellia n’eut pas la force de le repousser, la douleur lui faisant tourner la tête. Ses pensées se brouillèrent alors que son souffle devenait sifflement. Kae planta son regard dans celui de la jeune fille qui le soutint en forçant son corps à ne rien montrer. Ne pas lui laisser le plaisir de la voir souffrir. Sous son poids, sa blessure n’avait de cesse de se rouvrir, le sang tachant le mur derrière elle. Elle ne pouvait plus bouger, comme paralysée.

Le jeune homme se mit alors à parler. A moitié dans les vapes, la blonde essaya de fixer la partie encore saine de son esprit sur la conversation pour comprendre. Comment pouvait-il l’attaquer alors qu’elle venait de lui sauver la vie ? Etait-ce ça la reconnaissant dont elle avait le droit ? On se foutait de sa gueule la ! Ses mots eurent tout de même pour effet de la calmer brusquement. Le fixant, elle l’écouta. Communiquer ? Il voulait communiquer avec elle ? En la plaquant au mur ? Risible !

Kae changea de position, appuyant un peu plus sur la blessure. La blonde du se morde la joue pour retenir un gémissement de douleur. Elle sentait, en elle, la colère poindre. Une colère inhumaine. Un raz-de-marée qui allait la renversé pour en faire son soldat. La blonde frissonna. Le jeune homme jugeait ses choix… ou tout du moins celui qui la privait de sa liberté. Il se permettait de la juger ?! Le regard d’Aellia devint glace. Néanmoins, prenant sur elle, elle le laissa parler, presque inexpressive. Presque… parce qu’à ce niveau, il était quasiment impossible de réfréné la haine qui montait en elle.

La pression décrut sur son épaule en même temps que le jeune homme reculait. Il continua de parler et, comme par politesse, la blonde l’écouta. Lorsqu’il se fut assis sur une table, elle s’appuya contre le mur pour ne pas tomber. Son bras gauche, celui qui portait l’épaule blessée, pendant misérablement le long de son corps. La blonde ferma les yeux un instant, son visage empreint de rage… qui s’éteignit brusquement lorsque Kae se mit à analyser sa vie, son comportement. Etrangement il tapa juste à chaque fois. Chaque trait de caractère. Chaque passion. Sauf une… Elle n’avait aucunement envie d’être acceptée et comme els autres. Elle voulait juste être tranquille, seule. Aellia laissa son visage redevenir calme, totalement calme.

« On dit que je suis le prédateur des Hide. Toi, qu’es-tu, sinon un rossignol se prenant pour un aigle, tout en étant emprisonné d’une cage dorée ? Tu n’es que chaos, comme dirait Asuma »

Ce fut cette phrase qui fit enfin réagir la blonde. Rouvrant lentement les paupières, elle fixa sur le jeune homme un regard mort. Son visage resta lisse, quoiqu’éclairé d’un très vieux sentiment de dégout. Elle resta longuement immobile, comme si ce regard suffisait de réponse ou peut être comme si elle craignait de s’effondrer au moindre geste. Longtemps elle le fixa. Lorsqu’elle entra en mouvement, ce fut si rapide qu’elle manqua de tomber. Comme un serpent qui attaque pour mordre, elle fonça sur le jeune homme. Elle eut deux mouvements. Le premier fut de lui envoyer son poing dans la tête, de toutes ses forces, et le second de l’attraper par la gorge –de sa main valide- pour éviter qu’il ne s’effondre et ainsi le contempler droit dans les yeux.

« Je ne suis ni un rossignol, ni un aigle. Je ne suis rien si ce n’est un pauvre animal en vie, comme toi. Je n’ai ni la prestance, ni la force pour me dire rossignol ou aigle. »

Un sourire carnassier déchira ses lèvres et ses yeux se firent contaminés par la colère sauvage. D’un mouvement brusque, elle tourna sur elle-même, entrainant Kae dans le mouvement, et le plaqua avec violence contre le mur. La tête du jeune homme cogna fort. Juste à coté de lui, le sang frais de la blonde dégoulinait doucement, prouvant que sa blessure n’avait pas supporté le traitement. Son bras gauche était toujours immobile. Le droit, lui, tendu pour appuyer sur la gorge du jeune homme. Elle susurra :

« On ne juge jamais un inconnu sans le connaitre, comme on ne provoque jamais un animal sauvage avant de s’enfuir en courant. Ce que tu as dis sur moi est peut être vrai, peut être pas, mais tu ne peux pas juger. J’ai fais de ma vie ce que je souhaitais. Nous avons tous notre libre arbitre, alors laisse mes choix à moi-même ! »

Son regard se fit plus dur alors qu’elle perdait son sourire. Le sérieux reprit le dessus. Continuant de maintenir le jeune homme, elle garda le silence un moment. La rage qui grondait en elle n’était pas bonne… ni pour le jeune homme, ni pour elle. Elle se refusait à la faciliter de tuer Kae juste parce que ses mots étaient écœurants. L’attirant vers elle, elle le cogna une dernière fois contre le mur et le lâcha en reculant.

« J’étais privée de liberté avant le défie avec Yumi. C’était mon seul moyen de retrouvé un semblant de liberté. C’était soit les Ténèbres et la mort au bout. Soit les Hide et la désobéissance… Ne parle pas sans savoir, Teme. »

Faisant volte face, la blonde alla se trainer jusqu'à l’opposé du jeune homme. Sa main valide vint se refermer sur son épaule blessée, convulsivement. La blonde alla s’appuyer contre le mur, le souffle court et les yeux à demi-clos.

¦ **L'Anti-Thèse** *HexaDécimale* ¦

De la tension, ou des ondes brûlantes.

Kae était assis sur la table, regardait la jeune fille. L’esclave. Et elle le regardait également. Il avait sans aucun doute touché une corde sensible, surtout au niveau de son épaule, le sang coulait sur le mur. Avec la chaleur qu’il faisait, le parkoureur serait même pas étonné qu’il coagule en moins d’une minute…C’était un vrai foutu four, cette cuisine. Mais rien ne semblait si bouillant que le regard d’Aellia, à un mètre et demi de lui. Quelque chose n’allait pas chez cette fille , sa dépassait cette carapace qu’elle essayait de tenir tant bien que mal. C’était…Sournois, traumatisé, altéré. Un évènement de la vie avait dévié cette fille de la normalité, ça ne dépendant même pas d’elle. Et de lui alors ? Lui rappeler sa place, lui rappeler qu’on peut faire confiance aux gens. Mais vu le regard de souffrance qu’elle avait eu alors qu’il la plaquait contre le mur brûlant, peut-être n’avait-il pas mis assez de force ? Pour l’instant, elle avait ces yeux meurtriers sur lui, et le parkoureur attendait, patiemment.

Il ne fut donc qu’à moitié surpris lorsqu’elle attaqua à nouveau. Mais la vitesse de l’attaque le désarçonna. Le parkoureur leva le bras pour bloquer le coup qu’elle lui lançait au visage, mais fut trop lent pour le dévier, le ralentit seulement, recevant le choc à la tempe, envoyant la tête en grognant, baissant les yeux pour suivre l’action. L’autre mains de la jeune fille vola à son coup et s’y referma. Elle avait une force plus qu’inhabituelle pour une fille, c’était troublant. Mais heureusement pour lui, sa main était bien trop petite pour comprimer correctement sa gorge, le faisant quand même un peu suffoqué, refermant son poing sur le poignet de la jeune fille, le visage inexpressif

« Je ne suis ni un rossignol, ni un aigle. Je ne suis rien si ce n’est un pauvre animal en vie, comme toi. Je n’ai ni la prestance, ni la force pour me dire rossignol ou aigle. »

Elle lui fit un sourire de toutes ses dents avant de le plaquer contre le mur. Normalement, elle aurait été incapable de déplacer tout le poids de Kae comme ça, mais elle l’avait destabilisé dans sa charge subite, et en profitait désormais. Sa tête frappa le métal du mur, le faisant serrer les dents. Il avait des chutes beaucoup plus violentes dans le cadre du Parkour ! Mais c’était assez sonnant quand même, il avait du respect pour l’habileté de Kaede.

« On ne juge jamais un inconnu sans le connaitre, comme on ne provoque jamais un animal sauvage avant de s’enfuir en courant. Ce que tu as dis sur moi est peut être vrai, peut être pas, mais tu ne peux pas juger. J’ai fais de ma vie ce que je souhaitais. Nous avons tous notre libre arbitre, alors laisse mes choix à moi-même ! »

Aellia l’attira contre elle, un peu maladroitement vu son seul bras et le poids du parkoureur, et le replaqua contre le mur en lâchant son cou. Mais Kae ne lâcha pas le poignet de la jeune fille. Se frottant l’arrière de la tête d’une main, il la suivit jusqu’à l’autre mur, alors qu’elle ferma les yeux, le bras pendant mollement dans le vide. La regardant de ses yeux argentés un moment, il leva le bras pour étirer au maximum le bras de la jeune fille un peu plus petite, plaquant son autre épaule contre le mur avec son autre main, cette épaule déjà si affaiblie. Mais cette fois, c’était sans vraie hostilité. Il approcha son visage trempé de sueur et lui murmura à l’oreille.

« Je ne veux pas te juger, seulement tu n’es plus rien. Ce que tu penses ne vaut plus rien depuis que tu es esclave… Mon seul but est de te le faire comprendre… Tu es un objet »

Il la relâcha complètement avant de faire un petit sourire, plaquant ses cheveux noirs en arrière. Ils allaient définitivement faire une insolation s’ils ne sortaient pas d’ici. Curieusement, il se frotta encore la tête. Mince, le coup était plus violent qu’il ne l’avait crû. Ses jambes étaient encore solides, mais il sentait un peu léger. Cette foutue température n’aide pas du tout. Il s’approcha du cadre de la porte sortant de la cuisine. C’était quoi, une maison abandonnée ? Tout était vieux et poussiéreux… Mais il y avait un courant d’air. Il se tourna vers Aellia.

« Tu viens ? On va finir par mourir de chaleur sinon… »

Le garçon n’attendit pas de réponse, marcha dans le couloir. Les meubles étaient couvert de draps blanc, enfin blanc avec de la poussière dessus, créant un gris terne. Il tira sur l’un d’eux , créant un nuage grisâtre, découvrant une table en bois scuplté. Il continua à marcher le long du couloir, tira sur un autre drap, découvrant cette fois un buffet de chêne massif. Le parkoureur passa ses doigts sur la surface avant d’ouvrir les portes de l’armoire, qui grincèrent . Oh, il reconnaissait ce genre de meuble. Espérons qu’il était…

Il était vide. Énorme et vide. Kae se gratta la tête. Normalement ils auraient laissé quelque chose, ces meubles étaient là exprès pour… Il s’agenouilla et fouilla à l’intérieur, ses doigts glissant de sueur. Et là… Et voilà. Il tira sur un panneau de bois, qui lui resta dans les mains, découvrant un tiroir secret. Soupirant de bonheur, il en extirpa une grosse bouteille couverte de poussière. Frottant avec ses doigts, Kae découvrit que c’était un cognac 35 ans d’âge. Et pas d’ouvre-bouteilles…Tant pis. Il arma son bras et cassa le goulot sur le buffet avant de boire une rasade en faisant attention de ne pas en mettre partout ni de se couper. Il tendit la bouteille à la jeune fille, peut-importe si elle était là.

« À notre rencontre des plus mouvementées »

[Court, désolé]

♦ Démone aux Multiples Facettes ♦

[Désolée du temps de réponse mais jsuis pas mal prise en ce moment. Ce post est nul, gomen -_- ]

Aellia avait tenté de s’écarter du jeune homme. Elle savait qu’elle pouvait à tout instant devenir vraiment incontrôlable et elle ne pouvait accepter de le tuer maintenant. Yumi ne le lui pardonnerait pas, bien qu’elle eut pu dire que ce n’était pas elle. Il n’était pas dans sa nature de mentir. Elle assumait toujours les choix et les actions qu’elle menait, et ceci la rendait encore plus farouche. Au comportement imprévisible, elle rajoutait le libre arbitre. Néanmoins, pour en revenir à ce qu’elle avait tentée de faire, elle n’avait pas réussis à s’éloigner du jeune homme sans l’entrainer dans son sillage. La colère de le voir s’accrocher à son poignet resta cloitré en elle alors qu’elle coupait toutes réflexions pour réussir à se calmer. Elle regrettait vraiment de ne pas l’avoir dans la merde avec ces Kuragari, maintenant.

A nouveau, il réussit à la plaquer contre le mur et a appuyer sur son épaule douloureuse. Serrant la mâchoire à s’en briser les dents, elle soutint son regard. Son esprit, emmêler de brume douloureuse et haineuse, la laissa dans un état second qui la rendait plus vulnérable, elle en avait conscience. Elle vit le jeune homme s’approcher d’elle pour finalement glisser quelques mots à son oreille. Ses mots étaient la vérité, ca aussi elle le savait, néanmoins, elle lui adressa un sourire moqueur et attendit qu’il la relâche. Ensuite, elle se redressa et, toujours ce sourire sur les lèvres, elle lâcha :

« Je m’en fiche d’être un objet. Je m’en fiche d’être esclave… Mon avis n’influence pas les autres ? Bien, il ne servira alors que ma vie. Je ne vis pas pour la société mais pour moi. Ce que je pense ne regarde que moi, au fond ! »

Restant immobile, elle se retint de se jeter au coup de Kae pour tenter de le tuer tout de suite. Non, la vengeance savait attendre, sa vengeance plus que n’importe qui. Elle n’avait pas peur d’attendre des années pour se venger. Elle se souvenait toujours de ce qu’elle avait à faire payer. Elle s’en souviendrait, oui… Ce fut une invitation à bouger qui la ramena au présent. Le jeune homme se tenait sur le seuil de la cuisine et s’apprêtait à sortir de la pièce. Sans acquiescer, la blonde avança lentement pour le suivre. Son épaule diffusait des vagues d’une douleur quasi-inconnue. Elle avait envie de partir…

Ils passèrent dans un couloir mais Aellia n’y prêta aucune attention. Elle connaissait cette maison par cœur pour les nombreuses fois où elle s’y était cachée en attendant que le calme retombe. Elle avait eut le temps de faire le tour un bon nombre de fois. Et son esprit avait enregistrer le plus de choses possibles, comme d’habitude. Toussant un peu lorsque le jeune homme souleva un draps plein de poussière, qui s’échappa dans l’air. La blonde fronça les sourcils, fermant à demi les yeux pour éviter de s’en prendre dans les yeux, elle alla se ré-appuyer contre un mur en contemplant Kae. C’était une armoire d’un autre âge qui était cachée sous le drap. Le jeune homme fouillait dedans à la recherche apparemment de quelque chose qui ne s’y trouvait pas. Fermant les yeux, la blonde s’absorba dans le vide que son esprit embrumé savait si bien créer.

Un bruit de verre brisée la tira de son absence. Rouvrant les paupières vivement, elle braqua un regard aux aguets sur le jeune homme. Il venait de casser le goulot d’une bouteille apparemment et des bouts de verres jonchaient désormais le sol. Des bouts de verre qui, bien maniés, pouvait devenir de vraies armes. Néanmoins, ce n’était pas cette idée là que semblait avoir Kae. Il but une longue gorgée de la boisson avant de tendre la bouteille en portant un « toast » a leur rencontre. Surprise, Aellia accepta la bouteille mais ne la porta pas à ses lèvres. Elle examina l’étiquette. Avec la surprise, ce fut un genre de désolation qu’elle porta sur la bouteille.

« Un si vieux Cognac ouvert de cette manière… Son producteur se lamenterait en voyant cela. »

C’était à mi-voix qu’elle avait dit ca, avant d’ajouter en français « un si bon cognac ». En effet, la marque ne lui était pas étrangère, et, elle qui avait vécue en France, en connaissait suffisamment pour savoir qu’une bouteille de cet âge avait une valeur réelle. Néanmoins, après un dernier regard désolé pour la bouteille, elle amena le verre brisé à ses lèvres et but une longue rasade, un sourire fané sur les lèvres. Les yeux mi-clos, elle savoura la boisson qu’elle appréciait. Savoureux. D’un mouvement fin, elle tendit la bouteille vers le jeune homme en lâchant, dans le vide :

« Et dire que je n’ai jamais su qu’il y avait une telle bouteille ici… Rien qu’en la vendant je me serais fais de l’argent pour un bon moment. »

Lâchant un soupire, la blonde attendit qu’il reprenne le Cognac pour se laisser glisser au sol, la tête appuyée contre le mur. Ses yeux se fixèrent droit devant elle, sur le mur d’en face, et elle respira doucement. Elle était fatiguée. La douleur et la chaleur la rendaient lente et lasse. Lâchant un nouveau soupire, elle garda le silence en tentant de se reposer, vainement.

¦ **L'Anti-Thèse** *HexaDécimale* ¦

Kae savourait lentement le cognac. Ce mélange d’essences si particulières et parfaitement vieillies avait le don de l’extasier, de le sortir un instant de cette affreuse canicule. Il avait crû qu’il ne pourrait pas faire encore plus chaud, pourtant c’était le cas. Son débardeur était trempé de sueur, ses cheveux étaient mollement plaqués sur ses yeux, harcelants et énervants. L’air lui-même semblait tordu et vague, ondoyant dans son champ de vision. Avalant doucement le liquide alcoolisé qui lui brûlait gentiment le palais, il leva les yeux vers la jeune fille. Elle avait accepté après inspection de boire. Quoi , elle pensait qu’il aurait trimbalé une bouteille de cognac trente ans d’âge dans le seul but de rencontrer une quelquonque esclave, de l’empoisonner et de la laisser là, en train de cuire sur le sol de cette misérable mansarde. Nan, il n’en était pas là.

Un feu silencieux, si on pouvait se permettre une métaphore du genre avec la température qu’il fait. Kae savait sans même la connaître qu’elle était une longue rancunière. Ce genre de fille avait la mémoire longue, et au vue du sang déjà presque complètement séché sur le mur, Aellia finirait bien par se venger. Ou essayer. Dans son état actuel, elle était plus comateuse qu’autre chose. Lui aussi par ailleurs, il se sentait si lent et faible à cet instant. Quoiqu’il en soit, le cognac semblait l’avoir laissée pensive. Quoi, c’était un trésor de famille ou ce genre de truc ? Elle n’avait pas l’air particulièrement rattachée à des valeurs matérielles ou même simplement fammiliale. Elle n’était qu’une esclave après tout, maintenant, non. Il eut un petit rire silencieux en portant la bouteille brisée à ses lèvres. Kaede avait de la chance de n’être pas encore tombée sur un Hide obsédé ! Le genre de truc qu’on pouvait lui-demandé… Ses yeux fiévreux parcourèrent un instant le corps de la jeune fille. Hmm , bon, il fallait aimer le genre « Il y a des chances que je sois plus forte que toi, pauvre mec » . Qu’il était superficiel, tout à coup ! C’était la chaleur qui le faisait délirer, sans aucun doute. Le parkoureur se rendit compte que la bouteille était déjà bien plus légère tout à coup. Il jeta un œil à Aellia . Kae n’avait pas bu tant que ça quand même ! Si les deux jeunes continuaient ainsi, ils allaient finir bourrés dans ce pauvre endroit. Après une autre gorgée, il tendit la bouteille à la jeune fille avant d’essayer de se lever, trébuchant presque sous l’effet de l’alcool et de la chaleur.

« Je crois qu’on ferait mieux de partir d’ici… » Murmura t-il.

Il se retourna sur ses pieds et avança dans la salle de séjour, les planches craquant sinistrement sous ses pieds. Mais quel âge pouvait avoir cet endroit ? Difficile de savoir, tout les meubles avait soit été retirés, soit étaient recouverts, alors… Le parkoureur ne fit pas attention à un craquement un peu plus fort et continua à marcher vers le vieux piano qui trônait au milieu de la place. Il se demandait s’il marchait encore. Ce serait bien de pouvoir jouer un ou deux…Il y eut une sorte de silence, le genre qui précède tout les points-pivots de tout les scénarios de tout les films, de touts les chapitres de tout les roman. Et bah voilà. Il y eut un énorme craquement et la planche sous le pied de Kae céda en emportant sa jambe. Sous le choc, l’autre planche céda également, le renversant. Ensuite, ce fut un fouillis grandiose. Les lattes du plancher éclatèrent alors qu’il passa à travers, s’écrasant dans ce qui semblait être le sous-sol de ciment. Le piano tangua dangereusement puis s’écrasa à son tour alors que les planches éclataient en faisant voler du vieux bois un peu partout. Cela ressemblait vraiment au naufrage d’un bateau majestueux, sur une plus petite échelle évidemment. Le parkoureur fut d’abord ensevelie sous les planches cassées, mais eut la peur de sa vie en voyant le piano tomber vers lui. Il ferma les yeux alors que l’instrument se fendit miraculeusement sous le poids inégal de ses partie et s’effondra de chaque côté de lui avec un vacarme magistral, les touches blanches et noires volant dans tout les sens. Un nuage de poussière se leva dans la zone sinistrée.

Kae ouvrit les yeux, étonné d’être encore en vie. Il avait mal au bras, mais il arrivait à le bouger, alors ce ne devait pas être si grave… Il repoussa les débris en essayant de se dégager, toussant à cause la poussière. Le sous-sol n’était pas fait en béton, sa ressemblait plutôt à de la pierre empilée une sur l’autre. Mais cette méthode n’était plus utilisée depuis de lustres…D’ailleurs, les maisons au japons ne possédaient presque jamais de sous-sol, la terre volcanique étant trop instable. Intrigué, le parkoureur libéra son bras gauche d’une poutre éclatée. Une large éraflure écarlate parcourait son bras, mais ne saignait pas, peut-être à cause de la chaleur qui faisait coaguler le sang…Il s’en fichait. [RPB-Style] Dégageant ses jambes, ses mains s’appuyèrent sur le cadavre du piano et il leva les yeux. Le sous-sol était assez profond, peut-être deux mètres de hauteur au maximum, et couvrait exclusivement la taille de la salle de séjour. Quelque chose clochait, mais Kae n’arrivait pas encore à voir quoi. Oubliant momentanément la présence de Kaede toujours au-dessus du plancher. Il rampa en toussotant vers le mur de pierre rustique et y posa la main. C’était….frais ! Paradis ! Le parkoureur y appuya son dos en soupirant de plaisir. Ce genre d’accident n’arrivait qu’à lui, mais au moins sur ce coup il avait une consolation. Quatre murs frais ! Quatre murs… Kae perdit son sourire. Voilà ce qui clôchait.

Ce sous-sol n’avait pas d’entrée.

Le Parkoureur se leva lentement, assez petit pour se tenir debout. Pourquoi un sous-sol s’il n’y a aucun moyen simpled’y accéder ? Ou bien cet endroit est secret ? Les planches sous le piano avaient cédée très facilement. Peut-être qu’elle n’était pas fixée ? Peut-être qu’elles servaient à venir ici ? Les questions se bousculaient dans sa tête , et ne s’arrêtèrent que lorsqu’il aperçut, accrochée au mur ouest du sous-sol, une énorme étagère à panneaux qui en couvrait presque toute la longueur. Une de ces solides constructions de bois. Elle avait résisté à l’affaissement du plancher. Kae s’approcha et toucha le bois de l’armoire. C’était si vieux ! Mais les panneaux étaient quand même vérrouillés par des serrures rouillées mais solides. Rien qui ne puisse l’arrêter. Le parkoureur fouilla dans les décombres et extirpa deux fragments de bois très minces, comme des aiguilles. Ceci fait, il se mit à trafiquer la serrure. Le parkoureur était aussi un pickpocket, après tout. Au bout d’une minute, il grogna en essuyant la sueur sur son front. La serrure était plus complexe qu’il ne l’avait cru. Tant pis. Retenant son souffle, il leva le pied et le balança dans la serrure, écrasa le loquet et faisant éclater le vieux bois. Le panneau s’ouvrit avec un claquement, et Kae resta là au moins dix secondes à en contempler le contenu.

Trente. Non, quarante. Quarante bouteilles de Cognac identiques à celle qu’ils venaient de boire, tous la même cuvée, tous parfaits dans leur genre. Il y avait là le salaire d’une année d’un cadre de compagnie ! C’était….C’était une fortune ! Le parkoureur resta bouche bée devant le trésor, s’exclamant.

« Aellia…Je crois que tu devrais venir voir ça… »

♦ Démone aux Multiples Facettes ♦

L’alcool n’arrivait pas à submerger l’esprit de la blonde. Elle buvait depuis longtemps, et maintenant elle était s’y était habituée. Si bien que les effets étaient plus longs à venir, moins violent. Et puis, comme pour en rajouter une couche, la douleur qui se diffusait toujours avait bien plus d’emprunte sur son esprit que quelques gorgée d’un alcool, même un de cet âge et cette force là. En cet instant, elle aurait aimé ne pas être habituée, et sentir déjà les effets de la boisson sur son corps et son esprit. Se sentir bien, respirer mieux, planer un peu. A cette idée, un sourire se déchira sur ses lèvres et ses yeux se rouvrirent pour contempler la bouteille qu’on lui tendait à nouveau. D’une main assurée, elle l’attrapa et, comme par défis, en descendit une longue rasade.

Kae, à ses côtés, fit un mouvement pour se relever. La blonde, intriguée, le suivit du regard en se demandant si c’était le cognac, la fatigue, la chaleur, ou peut être un mélange des trois, qui le faisait chanceler ainsi. Un autre sourire, cette fois-ci mortellement sinistre, éclaira le visage d’Aellia. S’il était déjà atteint, alors sa vengeance n’attendrait peut être pas si longtemps. Il fallait juste attendre encore un peu et observer. Puis finalement, sauter sur l’occasion et elle pourrait trouver un moyen d’assouvir sa soif. Oui, elle allait peut être la trouver, l’occasion…

Son regard qui s’était embuée avec la douleur et la chaleur redevint alors très vif. Fixant, puis détaillant le jeune homme, elle n’esquissa aucune geste et le laissa marcher. Le silence qui avait été parfait pendant un moment fut alors briser par le bruit inquiétant des planches de la vieille maison. Kae disparut alors de son champ de vision. Néanmoins, la blonde ne bougea pas car, temps qu’il y avait encore le bruit des planches, elle pouvait le suivre à distance. Rien qu’avec le bruit, elle imaginait ses gestes, mouvements, l’endroit où il était et où il allait. Oui rien qu’avec ça, elle ne le perdrait pas.

Alors qu’elle continuait à fixer toute son attention sur les grincements du plancher, il y eut une seconde de silence puis un nouveau bruit fit son apparition. Un craquement sinistre. Un bruit annonciateur d’un accident. Sautant sur ses pieds dans un mouvement vif et violent, la blonde accourut à la pièce où le Hide se trouvait. Elle avançait si rapidement, qu’elle dut s’arrêter d’un geste brusque et utiliser ses bras pour faire basculer son poids en arrière. Juste sous ses pieds, un trou béant ornait le sol et elle avait manqué d’y foncer tout droit. Reprenant ses appuis, la blonde s’était reculer et contemplait la pièce qui nageait dans un nuage de poussière.

« Je ne l’aurais pas dis vieille à ce point… » Souffla-t-elle pour elle-même.

Restant à distance respectable des décombres, Aellia se replongea dans le mutisme en essayant de capter un bruit de vie prouvant que Kae était toujours là, surement au fond du trou. Pour l’instant, seul le silence régnait. Inquiète, elle essaya de s’avancer mais directement après les planches inutilement reliée au vide qu’avait créé l’éboulement menacèrent de céder. Reculant à nouveau, elle fit la moue en réfléchissant. Elle était inquiète, bien entendu, mais seulement car s’il était mort on la soupçonnerait de l’avoir tué et qu’en plus elle ne pourrait plus se venger. Ceci l’énervait au plus haut point.

Alors qu’elle se préparait à prendre la parole pour tenter d’avoir des nouvelles du jeune homme, qu’elle n’apercevait puisqu’elle s’était éloignée et que la poussière était toujours aussi présente, un bruit s’éleva du trou. Surprise Aellia se tendit et y prêta l’oreille. Quelqu’un remuait dans l’éboulement. Elle resta un long moment à écouter, se demandant ce que Kae –car ce ne pouvait être que lui- faisait, mais sans poser la question. Finalement ce fut la voix du jeune homme qui retentit en première.

« Aellia…Je crois que tu devrais venir voir ça… »

Etrange. Néanmoins, la blonde était curieuse. S’approchant à nouveau du trou, elle essaya d’équilibrer son poids pour éviter de décrocher une autre planche et tomber. Elle avait suffisamment de blessure pour aujourd’hui. S’avançant, elle aperçut la tête du jeune homme qui semblait contempler quelque chose avec ahurissement. De là elle ne voyait pas quoi et cela attisa sa curiosité. S’approchant plus vite, elle sentit une planche se décrocher sous ses pieds et la faire glisser vers le trou. D’un pur réflexe, elle donna une impulsion et tomba comme une pierre dans les gravats au fond d’une sorte de cave. La première chose qu’elle repéra ce fut la fraicheur que dégageait l’endroit. La seconde, ce fut la planche qui tomba tout pile sur le jeune homme qui était déjà là. Se retournant vers lui en se relevant, elle lâcha d’une voix faussement désolée et purement moqueuse :

« Oups… »

Sans lui adresser plus d’attention, elle s’avança vers ce qu’il contemplait. Ses yeux trièrent un maximum d’information avant que la compréhension ne se fit dans son esprit. Lorsqu’elle capta enfin les bouteilles entreposées, la blonde lâcha un « oh… » et se rapprocha brusquement de l’étagère. D’une main habile, elle attrapa une des bouteilles et la fit tourner devant ses yeux. Un sourire joyeux se déposa sur ses lèvres alors qu’elle lâchait, ironique :

« Mais on dirait bien que tu sers à quelque chose, finalement. »

Détournant son regard vers le jeune homme, elle lui adressa un sourire mauvais, prouvant qu’elle l’avait toujours dans sa ligne de mire. Son regard s’attaqua au sien pendant quelques secondes, puis elle releva la tête vers le haut du trou et lâcha, plus concentrée :

« Bon comment faire pour ressortir avec ce délicieux trésor ? »

Réflexion à voix haute. Elle n’avait pas l’habitude de réfléchir en présent de quelqu’un. Elle était tellement habituée à sa solitude et au dédain des autres. Devant eux, elle n’avait qu’à feindre l’idiotie et la soumission et tout allait pour le mieux. Mais là, c’était de sa vie qu’elle réfléchissait. Si elle parvenait à sortir toutes ses bouteilles sans les cassées, elle pourrait en tirer une superbe somme. Et avec ca elle pourrait… Elle pourrait en faire quoi, en faite ? Que voulait-elle en faire au fond… ?

Etudiant

Pas de réponse ? Je verrouille What a Face

Si vous voulez reprendre, n'hésitez pas à me MP Wink