[Libre]Soleil effrayé, nuages ténébreux.

Invité

Lourde après-midi annonçant l'orage. Yuki, lassée de tourner en rond au lycée entre les cours, agacée de ne pas trouver la tranquillité jusque dans les recoins les plus déserts de l'internat, fatiguée de la foule bruyante du centre-ville de Konoha, s'était enfuie loin de tout ce monde, sans prendre garde aux directions qu'elle prenait. Elle courait, tête baissée et yeux fermés, presque douloureusement, ne se souciant que de retrouver sa solitude perdue. Sa seule amie, ou plutôt la seule qu'elle avait acceptée à ses côtés, qui l'attendait sagement sous ce ciel lourd, le long d'un chemin de promenade qui bordait la mer.

A bout de souffle, la jeune fille s'effondra sur un banc usé, mais encore debout. La tête en arrière, elle laissait son regard tenter vainement de traverser la couche de coton gris sombre qui regardaient la terre d'un air méprisant. Devant elle la mer grondait, furieuse, battait la côte de ses vagues enroulées, écumante de rage. Un vent qui n'avait rien de rafraîchissant, mais atténuant l'oppression de l'orage qui menaçait d'éclater, murmurait ses discours volatiles aux feuillages des arbres, dansait un instant avec les herbes folles qui bordaient le chemin avant de les relâcher, de remonter en spirale et de piquer vers la sable, de l'envoyer en l'air et de le rattraper au vol.

Ayant recouvré ses forces brûlées dans sa course, mais aussi sa tranquillité rêvée, Yuki se releva et longea le chemin. Elle ne croisa personne, si ce n'est un couple téméraire face au déluge imminent qui ne semblaient pas vouloir se décoller, installés à même le sol herbeux du bas-côté. Ils ne remarquèrent même pas la jeune fille, la grimace de dégout qu'ils lui arrachaient, la répulsion qu'ils lui inspiraient. Elle se dépêcha d'avancer. Une fois cette horrible spectacle hors de sa vue, elle adopta de nouveau la démarche souple et lente qu'elle réservait aux lieux où il faisait bon de se perdre, d'où l'on de ne devrait jamais partir et que l'on pourrait contempler jusqu'à la fin des temps sans se lasser.

La solitaire ne craignait pas la pluie qui amènerait immanquablement ses grosses gouttes à venir s'écraser sur le sol, dans la mer ou sur les gens assez fous pour sortir par ce temps là. Au contraire, elle l'affectionnait tout particulièrement, cette pluie monotone et imprévisible, qui subissait les caprices du vent sans broncher, qui battait l'océan sans qu'il ne puisse riposter, qui faisait détaler les tourtereaux qui ne voulaient pas se mouiller. Pour le moment la belle se faisait attendre, Yuki marchait toujours, patiente. Devant elle une silhouette affalée sur un des bancs qui bordaient le chemin se distinguait. Elle espérait de tout coeur qu'il ne s'agissait pas encore de quelqu'un qu'elle connaissait -malgré le faible nombre de rencontres qu'elle faisait- ou pire, d'un inconnu qui ne souhaiterait plus l'être.

Sa marche n'ayant plus grand chose de posé et serein, elle s'avançait vers la silhouette, discrète et méfiante. Elle se reprochait intérieurement de prendre tant de précautions pour sans doute pas grand chose, mais ne pouvait se résoudre à se détendre tant qu'elle n'aurait pas dépassé la banc, de plus en plus proche.

Etudiant

Cela faisait déjà plusieurs minutes que Altaxar se demandait s’il n’allait pas partir de ce cours de physique-chimie plus qu’ennuyant. Il regarda le paysage par la fenêtre. Il faisait gris, et on pouvait voir que la pluie n’allait pas tarder à déferler sur le village. Une aubaine. Le jeune homme aimait particulièrement les jours de pluie, ils permettaient de se promener seul. Altaxar pensait à ce qu’il allait faire dehors, où il allait se promener, lorsqu’une voix tonitruante se fit entendre :

« Altaxar Hashimoto, le cours ne se passe pas dehors à ce que je sache ! hurla le professeur.
-Eh bien vous ne savez pas grand-chose alors. D’ailleurs, il y est plus intéressant … répondit calmement l’interpelé. »

Il rangea ses affaires dans son sac en bandoulière, le prit et sortie de la salle comme-ci de rien n’était. Le pédagogue tenta de dire -d’hurler- quelque chose, mais les mots semblèrent lui rester dans la bouche, il regarda donc son élève sortir, en remuant ses lèvres sans qu’aucun mot ne veuille sortir. Il avait l’air ridicule, et les élèves s’esclaffèrent de rire.

Altaxar rejoignit sa chambre, après s’être fait bousculé par une foule d’élèves. Il balança son sac sur son lit, prit une barre de chocolat, et la dégusta sur son lit, assit en tailleur. Des émotions pareilles, ça creuse. Il regarda dehors par sa fenêtre et s’émerveilla devant le spectacle qui s’offrait à lui : quelques rayons de soleil traversait les nuages, avec pour fond, la vallée et les montagnes, créant un ravissement pour les yeux. Il engouffra le reste de sa barre dans sa bouche, se leva de son lit, sortit d’un air sûr de lui, en jetant son papier dans la poubelle en passant.

Au bout de quelques couloirs, il aperçut un groupe de Kuragaris, qui cherchaient une âme à torturer. Il les évita soigneusement, en faisant le plus gros détour possible. Il arriva dans le hall, poussa la porte et inspira l’air frais. Il décida de se rendre aux quartiers ouest, sur les promenades. Il était sur le chemin lorsque la pluie tomba. Les arbres pliaient sous le vent qui hurlait. Il joua avec lui.

Le jeune homme leva la tête afin de ressentir le plaisir de sentir les gouttes de pluies tomber sur son visage. Il écarta les bras et tourna sur lui-même, la tête toujours levée. Ses cheveux, mouillés, faisaient ruisseler l’eau sur son visage. Essouffler, il se laissa tomber sur un vieux banc. De là, il pouvait voir la mer, où, les gouttes de pluie pénétraient, telle des aiguilles. Un couple passa devant lui. La femme courrait pour se mettre à l’abri, son mari tentait de la rattraper, tendant le parapluie pour essayer de la couvrir. Il tourna la tête vers sa droite, et perçut une silhouette au loin, qui approchait.

C’était une jeune fille, il l’avait déjà entre-aperçut au lycée. Il ne savait donc rien d’elle. Elle était plutôt petite, les cheveux bleus. L’eau ruisselait sur son visage. Elle était très belle. Le vent soufflait fort, faisant virevolter ses cheveux. Il passa une main dans les siens et se remit à regarder la mer. Les vagues venaient s’échouer sur la plage, inlassablement. On pouvait voir le soleil briller au loin, à l’horizon. Altaxar leva la tête, au dessus de lui : une branche d’un arbre qui se trouvait derrière lui. La branche était toute jeune, fine, et était habillé que par très peu de feuille. Le vent semblait vouloir l’arracher. Il posa ses bras sur le dossier du banc. La jeune fille arrivait…

Invité

Concentrée sur le fait de ne pas oublier de respirer régulièrement, Yuki avançait toujours sous la pluie, qui tombait de plus en plus dru. Les gouttelettes froides qui caressaient sa peau, les bourrasques de vent dansant dans ses cheveux l'apaisaient à peine. La silhouette sur le banc, qui s'avérait être celle d'un jeune homme, l'avait remarquée, faisant monter sa nervosité d'un cran. D'ordinaire la solitaire ne se mettait pas dans des états pareils pour une simple rencontre, qui ne représentait pour elle qu'un désagréable moment à passer. Mais depuis si longtemps qu'elle rêvait de cette paisible absence de monde autour d'elle, elle se sentait mal à l'idée de devoir y renoncer.

Un instant la jeune fille pensa rebrousser chemin, mais se ravisa: cette présence humaine, quelle qu'elle soit, ne saurait la déranger plus que nécessaire. Elle n'aurait qu'à accélérer le pas devant lui, pour en finir au plus vite. Et si il lui parlait, ce qui n'avait pas de raisons apparentes d'arriver, eh bien elle aviserait, comme d'habitude.

Même si elle n'aimait pas le contact des autres, elle n'en appréciait pas moins les observer dans leurs moindres détails, comme elle était en train de le faire avec celui qu'elle appréhendait tellement de croiser. Tout comme elle, il savourait la pluie, goutant chacune des gouttes qui l'arrosaient. S'assurant qu'il ne la regardait plus, elle dénicha ses yeux, la première chose qu'elle cherchait chez une personne. En les trouvant elle eut un petit sursaut, faillit s'arrêter. Même elles ne lui ressemblaient en rien, ces pupilles d'un bleu si particulier tirant sur le gris qui fixaient une branche malmenée par le vent rappelaient irrésistiblement à Yuki le regard scrutateur de son frère ainé.

Se secouant la tête et reprenant sa démarche rapide, elle se rapprochait encore du banc, mais sans que son anxiété n'ait vraiment augmenté. Peut-être la surprise de retrouver son frère dans ces yeux pourtant si différents avaient détourné son attention suffisamment longtemps pour lui permettre de reprendre ses moyens. Du coup elle en avait oublié de détailler plus amplement le jeune homme. Ce qu'elle en avait distingué lui paraissait assez familier, elle devait déjà l'avoir croisé quelque part, mais ne chercha pas à le retrouver dans ses souvenirs. A présent elle était parvenue à hauteur du banc, jeta un dernier coup d'oeil discret vers la silhouette assise en espérant qu'il ne fasse pas de même, tentant de deviner si elle pourrait continuer sa marche en paix ou bien si elle devrait avant passer par la case "rencontre".

Etudiant

La jeune fille était à hauteur du banc lorsqu’Altaxar jeta un coup d’œil dans sa direction. Elle semblait perturber de sa présence. Vu sa timidité, ça devait être une Kazuki. Faible au combat qui plus est. Le jeune homme sentait qu’elle le regardait discrètement, et le prit comme un compliment. Le bruit monotone de la mer et de la pluie faisait office de fond musical dans cette étrange scène. Brusque souffle de vent.

La jeune fille semblait ne pas vouloir s’arrêter, surement par timidité. Il décida donc de l’interpeller. La guerre entre Hide et Kazuki était peut-être finis, mais ça n’empêchait pas les taquineries. Il regarda la jeune fille partir, se leva du banc qui manquait de s’écrouler, la rattrapa et, posa une main sur son épaule et lui dit :

« Salut, ça va ? Je suis Altaxar Hashimoto, je suis au lycée Daiki. Que fais tu dehors par un temps pareil ? »

Il lui avait dit ses mots en la regardant dans les yeux, et il ne comptait pas briser ce face à face. Il remarqua que cela la déstabilisait fortement, et ceci l’encouragea à continuer. Rafale de vent. Les cheveux des deux personnages virevoltèrent. Sur la plage, les vagues devenait de plus en plus importante. Une grosse tempête était en prévision. Cela ne gêna aucunement le jeune homme, au contraire, il adorait ça. Il y aurait pu avoir une tornade devant lui qu’il n’aurait pas stoppé sa course.

Une jeune fille passa en courant à coté d’eux. Son parapluie s’était retourné, et elle était pressée de trouvé un abri. Les pavés glissant, elle tomba la tête la première dans une flaque de boue, un peu derrière Yuki. Altaxar se mit à rire, sans que la jeune fille aux cheveux bleus comprenne pourquoi. Après ce laps de temps indéterminé, la jeune fille répondit …

Invité

Yuki avant dépasser le banc et commençait doucement à se détendre, lorsqu'elle sentit une main sur son épaule. Elle fit volte-face, rencontra le regard du jeune homme du banc. Et il ne semblait pas vouloir lâcher ses yeux. Heureusement l'étrange comparaison de ses pupilles insistantes avec celles de son frère lui facilita la tache, elle put soutenir ce regard sans en ressentir trop de gêne. L'inconnu se présenta, lui aussi était élève au lycée Daiki, ce qui expliquait pourquoi Yuki avait semblé le connaître. En revanche la question qui vint après dérangea un peu plus la jeune fille, qui tarda à répondre, en perpétuelle hésitation entre la méthode douce, ou plus "musclée".

Tandis qu'elle réfléchissait, elle surprit son interlocuteur en train de rire. Sans comprendre, ni chercher à savoir ce qui était si drôle, Yuki avait choisi sa réponse:

-Salut... Euh oui ça va.

Comme pour la contredire, une bourrasque de vent plus violente que ses pairs balaya le chemin, la faisant frissonner de froid. Non pas qu'elle ait vraiment froid, mais malgré ses nombreuses excursions sous la pluie, elle rentrait toujours avec un bon rhume. Les effets secondaires de sa balade solitaire commençaient à se faire sentir. Elle les ignora tant qu'elle put et continua:

-Rien de particulier, par contre je pourrais te retourner la question.

Cela n'était pas dans ses habitudes de prolonger la conversation ainsi, pourtant elle se reprenait de plus en plus à le faire, ces derniers temps. En attendant la réponse d'Altaxar, maintenant qu'elle avait engagé la discussion, Yuki se demandait si elle n'était pas en train de devenir folle, tout en essayant de ne pas ciller, puisque ce regard fascinant ne semblait pas vouloir libérer le sien.

Etudiant

La fille lui avait répondu, vu sa manière de parler elle ne semblait vraiment pas sure d’elle. Elle avait l’air d’avoir froid. Al’ prit son manteau et le posa délicatement sur les épaules de Yuki. Elle avait plongé dans son regard, c’était gagné.

« Moi ? Je suis là parce que j’aime la solitude. Mais dis-moi, comment t’appelles-tu ? Tu as entendu parler de la mort d’Hana ? Elle m’a attristé… Que penses-tu du nouveau clan ? Ils me font un peu peur… J’essaie de les éviter le plus possible. »

Elle ne quittait pas ses yeux et semblait boire toute ses paroles. Il la prit par la taille et l’entraina sur le chemin avec lui.

« Viens, discutons en marchant si tu le veut bien. »

Il ne s’était jamais senti aussi sûr de lui. La jeune fille semblait littéralement aspirée par son regard. Elle était plutôt jolie…

HS: j'espère pas refaire une réponse aussi courte T_T désolé

Invité

Occupée à retenir un éternuement qui ne tarderait pas à sortir, Yuki sentit quelque chose de chaud tomber sur son dos. Altaxar l'avait recouverte de son manteau, et avant qu'elle n'ait eu le temps de réagir, enchaîna en répondant à sa question. Et en en posant une centaine d'autres. Encore immergée dans son regard, elle ne broncha pas non plus lorsqu'il lui proposa de continuer la marche.

Après quelques pas sous les gouttelettes glacées, elle parvint à reprendre le contrôle de son esprit. Elle répondit aux interrogations du jeune homme, sans grand enthousiasme, mais pas de la voix sèche qu'elle réservait en général aux gens qui s'acharnaient à lui parler. Elle paraissait là plutôt fatiguée.

-Je m'appelle Yuki Hakuya, j'ai vaguement entendu parler de la mort d'Hana, mais si je connais l'existence des clans, et aussi la venue d'un nouveau gang, je m'en fiche un peu. Et même si un jour je ne pourrais pas les éviter je leur répondrais comme je réponds à tout le monde.

Yuki ne savait pas pourquoi elle laissait ses pensées se déverser comme ça dans le vent, librement. Elle n'éprouvait même plus le besoin de retrouver au plus vite sa tranquillité. Et la chaleur du manteau sur elle ne la dérangeait pas plus que ça. Peut-être parce qu'il avait prétendu être lui aussi un ami de la solitude. Non, cela ne suffisait pas à ce que l'étudiante se laisse faire comme ça.

Chassant très vite ses pensées avant qu'elles ne dérivent trop, la jeune fille se concentra sur autre chose, comme par exemple le sujet de la conversation. C'est vrai qu'elle avait été informée de l'existence des clans de Daiki, mais n'en faisait pas grand cas, elle n'avait donc pas vraiment fait attention à l'arrivée d'une nouvelle menace à Konoha, bien qu'elle n'était pas restée indifférente à la mort de l'une des chefs des Hides, même si elle ne la connaissait pas personnellement.

Malgré ses efforts pour distraire son esprit assez dissipé, Yuki recommençait à divaguer. Cette fois-ci agacée de ne pas arriver à ressentir la moindre répulsion envers Al', elle s'arrêta brusquement de marcher. Le regard rivé au sol, indifférente aux cheveux trempés qui coulaient par-dessus son visage. A force de retenir l'explosion de colère qui la menaçait, elle tremblait, ses mains de crispaient sur le col du manteau. Et puis elle libéra le flot de rage.

-Pourquoi... Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à te détester hein?! Dis-moi pourquoi!

Sa voix virait dans les aigu au fur à mesure qu'elle montait le ton. Si elle n'avait pas pour habitude de laisser les autres la fréquenter, il lui arrivait encore moins souvent de s'énerver au point de se défouler sur quelqu'un.

*Encore une de ses bizarreries dues à son arrivée dans ce maudit lycée!*

Etudiant

La jeune fille lui répondit, d’un air un tantinet agacé. Elle s’appelait Yuki Hakuya, elle ne semblait pas s’intéresser à la guerre des gangs. Et, elle semblait bien sur d’elle en affirmant pouvoir répondre à un Kuragari comme à un simple élève banale. Ces gens ne semblent pas avoir de pitié… pour personne… Soudain, sans qu’Altaxar eut le temps de s’en rendre compte, elle changea de ton.

« -Pourquoi... Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à te détester hein?! Dis-moi pourquoi! » Lui dit-elle, d’une voix énervée. »

Le jeune homme fut surpris, et ne le cacha pas. Finalement, elle était moins timide qu’il ne lui avait paru au départ, ou était-ce un pétage-de-plomb ? Il réfléchit à la question qu’elle lui avait posée, puis répondit :

« Je ne sais pas, nous venons de nous rencontrer, et je te connais à peine… Cherche la réponse en toi… C’est tout ce que je peux te dire. »

Tout à coup le jeune homme perdit son assurance. Il se sentait gêné par la situation. Pourquoi cette jeune fille s’énervait contre lui ?! Il ne lui avait rien fait de mal !? Pourquoi tant de haine ? Pourquoi tant de violence en ce monde ?? Le garçon se lança une gifle intérieure :

« Tu divague là mon Coco, reviens sur Terre » pensa t-il.

La mer n’avait jamais paru aussi déchainée pour le garçon qu’à ce moment. Bourrasque. Il y eut un vide. Le temps semblait se ralentir, au lieu de suivre son cours, régulier. Al’ détourna les yeux, et continua lentement son chemin, n’attendant qu’une seule chose : Que Yuki viennent se remettre à ses cotés…

Invité

Après sa tirade énervée, Yuki n'avait pas bougé d'un poil, toujours frémissante de colère. Elle voyait à peine la mine surprise de son interlocuteur. Des larmes de rage perlaient au coin de ses yeux, se noyaient dans les gouttes de pluie qui tombaient toujours plus drues. Elle entendit sa réponse sans vraiment l'écouter, sentit qu'il partait, après un instant de suspens. Ne bougea pas.

Une seconde de vide total, ponctuée par les courants d'air froid. Puis la jeune fille recommença à réfléchir. Elle ne comprenait pas ce qu'avait voulu lui dire Altaxar. Si elle avait été poussée à exploser comme ça, c'était bien qu'elle ne l'avait pas trouvée toute seule, la réponse. Pourquoi n'était-elle as parvenue à haïr sa présence? Pourquoi est-ce qu'elle se sentait abandonnée ainsi par son départ? Pourquoi avait-elle envie de le rattraper?

Plus les questions tourbillonnaient en elle, plus Yuki avait envie de hurler. Plus la peur s'emparait impitoyablement de son esprit perturbé. L'indécision venait s'ajouter à son cocktail d'émotions contradictoires. Jamais la solitaire n'avait été confrontée à pareille situation. Peut-être était-ce en prévision de ce genre de rencontres qu'elle les évitait le plus possible...

Sans le décider vraiment, presque inconsciemment, la jeune fille se mit à courir, courir vers celui qui l'avait laissée avec ses interrogations. Elle faillit trébucher à plusieurs reprises, sur le chemin détrempé, n'y prêta pas attention, rattrapa Altaxar, un peu plus loin. S'arrêta à côté, essoufflée, plus par le rythme effréné de ses pensées que par sa brève course. Un instant elle ne sut que faire, voulut s'enfuir à toutes jambes, ne le fit pas. Évitant soigneusement les yeux du jeune homme, qui se poseraient immanquablement sur elle, si ça n'était déjà fait, elle chercha un prétexte à son geste. Elle se rappela qu'elle portait toujours son manteau, l'enleva.

-T... Tu as oublié ça.

Elle gardait la tête baissée, comme si celle-ci était trop lourde pour qu'elle puisse s'efforcer à lever le regard. Mais elle avait renoncé à la simple idée de fuite. Au point où elle en était, autant en finir avec ce garçon troublant, réussir à trouver sa réponse en restant avec lui. Mais partir le plus vite possible.

Etudiant

Après quelques secondes qui lui parurent des heures, elle revint vers lui. Toutefois, il remarqua qu’elle évitait de le regarder dans les yeux. Il ne la perturba pas en la fixant, il commençait à s’attacher à elle. De toute manière, il n’avait pas le besoin de la regarder, il la sentait prés de lui.

« -T... Tu as oublié ça, lui dit-elle en tendant le manteau bleu
-Merci … »

Il prit le manteau, et le remit sur lui. Le blouson avait l’odeur de la jeune fille. Parfum subtile. Yuki avait gardé sa tête baissée. Bourrasque. Une vague sans doute plus grosse que les autres brisa le silence. Une méduse s’échoua sur la plage. Al’ passa une main dans ses cheveux, mouillé.

Un chien s’approchait des deux adolescents. Il était vieux, et boitait. Il s’approchait, cependant, il tourna soudainement à quelques mètres d’eux. La pluie et le vent lui donnait du mal à marcher. Il se dirigeait vers la mer. Il s’arrêta à quelques mètres d’elle, la regarda une dernière fois, et s’avança vers elle, suicidaire. Il se fit absorber par les vagues, et en quelques secondes, il mourut, et son cadavre coula au fond de l’eau.

Le jeune homme avait suivi cette scène sans broncher. Quand la douleur nous surpasse, et que l’avenir et sans espoir, il n’y a pas à hésiter. La pluie ne cessait pas de tomber, et le chemin était toujours aussi désert.

Invité

La marche avait reprit, silencieuse. Al' était reparti après qu'elle lui ait rendu son manteau sans rien dire de plus. Elle le suivit, désireuse de comprendre. Peut-être de trouver réponse à ses questions, mais elle n'osait espérer aussi loin. Juste comprendre ce qu'il se passait avant de se perdre définitivement dans ce labyrinthe infini où elle ne savait trop ce qui l'entourait et où elle allait.

Alors qu'elle se contentait juste de rester à côté du jeune homme, elle surprit un mouvement à la périphérie de son champ de vision. Elle le releva légèrement pour lui permettre de distinguer les contours d'un chien. Ses poils ternes étaient collés à sa maigre carcasse, qu'il traînait à l'aide de quatre pattes à la solidité douteuse, queue et oreilles basses. Il semblait si frêle qu'une des bourrasques qu'il endurait aurait pu l'emporter, mais aucune ne le fit, et il resta à terre, à fouler les pavés trempés vers toujours plus de souffrance. Quelques mètres devant les deux téméraires de l'orage, il bifurqua vers les vagues enroulées de rage, suant une écume furieuse sous le coup du vent. Après un regard sans éclat pour la grande déchaînée, il fit les derniers pas qui le séparaient de son but et n'eut plus qu'à laisser faire la tempête. La mer le happa et l'entraîna, bienveillante, ou impitoyable, selon les points de vue.

Yuki ne s'émeut pas de cette vision. Rien qu'à voir l'animal, on devinait qu'il n'y avait plus grand chose de vivant en lui. Que son corps avait prit la décision qui s'imposait alors que l'esprit était déjà parti. Le jeune fille lança son regard au travers des vagues en imaginant qu'il avait eut la chance que tout le monde n'a pas. Cependant cette question n'était pas à l'ordre du jour. Elle secoua la tête, avec l'impression de devoir beaucoup s'empêcher de divaguer aujourd'hui, et reporta ses yeux sur Al'. Lui non plus n'avait pas bronché, ou du moins elle ne l'avait pas vu. Le tragique destin du chien sans âme s'était imprimé comme une fin normale pour chacun des deux jeunes gens. Mais en tombant sur les pupilles envoûtantes de son compagnon de marche, Yuki en resta figée de surprise. D'un coup elle redevint petite fille.

Les hommes en blanc emmenaient Maman, une fillette aux yeux de nuit se cachait derrière le canapé. Avant que le sinistre cortège ne passa la porte, elle surgit de son repère et se planta devant les inconnus, les regardant d'un oeil menaçant. Mais l'enfant ne put rien dire. Des bras la soulevèrent de terre, elle retint un cri. Finalement elle regagna le sol, une main lui tenait l'épaule pour ne pas qu'elle s'échappe. La vue du visage blême, mais respirant encore, allongé sur le brancard qui s'éloignait devint insupportable, la petite braqua ses yeux sur ceux de la silhouette agenouillée à côté d'elle. Ses yeux... Impassibles, neutres, sans expression. De même que son visage.

Suite à ce déroutant tour de sa mémoire, Yuki se retrouva de nouveau à fixer la mer, avec Al'. Elle n'avait plus repensé aussi fort à son passé depuis qu'elle avait promis de ne pas finir comme sa mère. Ses yeux... C'était les mêmes. D'un coup la jeune fille saisit ce qui l'avait frappé lorsqu'il avait emprisonné son regard. Elle comprit pourquoi elle tolérait la présence de quelqu'un d'autre à ses côtés. Parce que, à l'instar de son frère, ce qui l'avait forcée inconsciemment à penser à lui en le regardant, Altaxar était de ces gens qui se fichaient éperdument de la carapace qu'elle avait mis des années à ériger autour d'elle. De ceux qui ne se préoccupaient pas de détruire sa bulle, puisqu'ils pouvaient y entrer si facilement. Et c'était vrai que toutes les personnes qui avaient croisé sa route jusqu'à présent n'avaient eu de cesse que de la convaincre de renoncer à la solitude, à part son frère, qui avait finalement abandonné la bataille.

Sans savoir si sa prise de conscience, où bien tout simplement les bourrasques soudaines de vent, la pluie régulière, le bruit assourdissant de la mer, l'avaient fatiguée au point qu'elle avait du mal à garder la tête droite, Yuki se laissa tomber à genoux sur le sol dur et ruisselant d'eau de la promenade. Autorisa une petite quinte de toux à incendier sa gorge, incapable de la retenir plus longtemps. Mais elle hésitait entre espérer que Al' se rende compte de son état où le contraire. Elle décida de ne pas se tuer à réfléchir sur quelque chose d'aussi idiot, et de laisser faire le temps ce qu'il voulait d'elle. Elle aviserait ensuite.

Etudiant

Altaxar continuait son chemin suivit de Yuki. Ils marchaient paisiblement, profitant de la solitude que leurs offraient la pluie. Tout à coup, la jeune fille tomba à terre, sur les genoux, sur les pavés humides. Elle regardait le sol, comme si elle venait de découvrir une nouvelle affligeante. Bourrasque. Les cheveux bleus de la jeune fille dégoulinaient sur son beau visage, faisant hésiter entre larmes et pluies. Toussotement. Le jeune homme n’avait même pas remarqué la chute de Yuki. Il se retourna. S’accroupie.

Il y eut un grand silence. La pluie ne cessait de s’abattre sur les deux adolescents. Al’ leva le menton de l’agenouillée avec son doigt, cherchant ses yeux pour mieux la réconforter. Pluie ou larme ? Altaxar se le demandait encore. Il pensa que ce fut un peu des deux. Yuki semblait fuir ce regard, mais elle ne résista pas très longtemps, et replongea à l’intérieur. Il ne savait que dire…

« Tu vas te rendre malade ma petite Yuki… Rentrons, dit-il en se levant brusquement. »

Il l’aida à se relever, la prit par le bras, et l’entraîna vers un refuge, un bar, le lycée s’il le fallait, mais, il voulait la mettre à l’abri à tout prix. Finalement, il la fit s’asseoir dans un abribus, non loin de là où ils se trouvaient. Elle tremblait encore. Sans doute n’était-elle pas habituer à de telle température. Elle regardait droit devant elle, le regard vide, comme si elle venait de vivre un traumatisme profond. Altaxar remit son manteau sur les épaules de la jeune fille, toujours tremblante. Elle lui jeta un rapide regard, sans émotion, aucune. Le jeune garçon se rendit compte à quel point il la perturbait mentalement. Il ne se doutait pas que ce petit jeu avec son regard aurait de telles conséquences.

L’abribus dans lequel ils s’étaient assit était humide, et très petit. Il était encastré dans un bâtiment, et non au bord de la route. A l’intérieur, il y avait seulement deux planches de bois qui faisaient offices de banc, ainsi que des affiches renseignant sur les activités de la ville. Une affiche datait de l’an passé… Des bouts de verres jonchaient le sol. Du verre vert… du verre de bouteille de bière. Les mégots de cigarettes étaient également de la partie, ainsi que les papiers de gâteaux. Sans comptait les quelques seringues que l’on pouvait trouvée en dessous des bancs… Altaxar pensait rester ici, jusqu'à la fin de cette interminable pluie, mais, soudain, la jeune fille se leva…

Invité

L'esprit de Yuki s'absenta un instant, et lorsqu'elle reprit conscience de ce qu'il y avait autour d'elle, elle se trouvait assise sur un banc à l'équilibre douteux, sous un abribus. Encore trop déconnectée pour parvenir à se demander comment elle était arrivée là, la jeune fille fut parcourue d'un énième frisson le long du dos. Agacée de prendre froid sous cette insignifiante pluie, comme elle en avait connu des centaines d'autres, elle se leva aussi brusquement que son état le lui permettait, prenant garde de ne pas perdre l'équilibre, avec la ferme intention de rentrer et de rester sous la douche jusqu'à s'en noyer s'il le fallait. Elle devait oublier ce à quoi elle venait de penser. Enfin la dernière chose qui lui avait traversé l'esprit, puisqu'elle n'avait pas pensé depuis un long moment apparemment.

L'énergie de la résolution qu'elle venait de prendre s'évanouit avant d'avoir pu être dépensée. A peine debout Yuki sentit quelque chose glisser dans son dos et tomber à terre. Elle reconnut le manteau d'Altaxar. Elle n'avait même pas remarqué qu'elle le portait encore, tellement elle était mouillée et frigorifiée. Cependant l'étudiante était persuadée de l'avoir rendu à son propriétaire. Elle le ramassa en fronçant les sourcils et son regard tomba sur l'autre occupant de l'abri. Finalement elle comprit maintenant comment elle s'était relevée et trainée jusqu'ici.

Cherchant surtout à ne pas rencontrer son regard, la malade s'éloigna d'Al' à reculons, se retrouvant sous la pluie. Déjà trempée le contact de l'eau glacée accentua ses tremblements. Pourquoi faisait-il si froid ici par temps humide? Yuki fit volte-face et courut dans les rues changées en ruisseaux de la ville. Elle avait du mal à s'y repérer, surtout dans la semi obscurité de l'orage, mais qu'importe. Pour le moment elle souhaitait juste mettre le plus de distance possible entre elle et ce regard transperçant. Ses yeux la brûlaient encore du souvenir douloureux qui l'avait frappée tout à l'heure, elle ne sentait plus ses jambes. Finalement elle se posa sous un porche et observa ce ciel qui n'en finissait plus de pleurer. Il pleurait alors qu'elle n'avait même plus la force des larmes pour extérioriser sa souffrance.

La jeune fille voulait repartir, rentrer et se cacher dans sa solitude avant qu'Altaxar ne la retrouve, si il l'avait suivie, mais elle ne s'en sentait pas capable. Son corps s'était transformé en statue, son coeur saignait comme jamais. Yuki imaginait que c'était cette douleur que sa mère avait endurée pendant tant d'années. Mais elle ne comprenait pas pourquoi, alors qu'elle s'était appliquée à ne pas faire les mêmes erreurs, elle était affectée du même mal que celle qu'elle n'avait jamais vu sourire. Dans un ultime effort, et sans trop savoir ce que cela lui apporterait, la solitaire décida de rebrousser chemin. Elle se leva tant bien que mal et fit demi-tour, longeant les murs pour ne pas tomber, en direction de là d'où elle venait.

Etudiant

La jeune fille repris connaissance. Elle se leva doucement, non sans peine. Elle regardait autour d’elle, surement ce demandait elle comment elle avait atterri ici. Elle ne remarqua pas Altaxar. Elle commençait à sortir de l’abri, s’appuyant aux murs, et utilisant toute l’énergie disponible. Soudain, le manteau glissa, et tomba de l’épaule de Yuki. Elle prenait seulement conscience qu’il était sur elle. De même qu’elle prenait seulement conscience de la présence du jeune homme.

Cela ne semblait pas la ravir. Elle recula jusqu'à sentir la pluie tapoter sur son dos. La jeune fille fuyait le regard du garçon. Sans doute redoutait-elle une nouvelle crise de folie, comme ça la prenait à chaque croisement de regards.

Elle partit en courant. Enorme vide. Altaxar se leva, ramassa son manteau qui gisait à terre. La pluie avait imprégné le tissu, décuplant le poids du vêtement. Le jeune homme avait attendu un bon quart d’heure avant d’oser se relever. Il ne comptait pas courir après cette fille, il était conscient que sa présence lui ferait plus de mal que de bien. De plus, il ignorait totalement où elle pouvait se trouver.

Il décida donc de rentrer au lycée. Il passerait surement avant mettre une fleur sur la tombe d’Hana. Il partit dans cette optique. La pluie continuait de tomber, sans relâche. Le jeune garçon leva la tête. Le ciel ne se décidait pas à arrêter d’arroser la terre de Konoha. Comme toujours lorsqu’il fait ce genre de météo, il n’y a personne dans les rues. Hormis la pluie qui tapotait sur toutes les surfaces, et le fracassement monotone des vagues sur le rivage, il n’y avait aucuns autres bruits. Le rideau de pluie était tel, qu’on n’y voyait pas à dix mètres devant soi.

Sous un porche, un chat roux se léchait la patte droite. Al’ continua de marcher. Brusquement, une chose lui traversa l’esprit : Quelle heure pouvait bien t-il être ?! Il regarda sa montre. Il l’avait oubliée. Il renonça tout de suite à tenter de lire sur l’église car la pluie écartait cette option sans encombre. Il continua sa route. Quelques centaines de mètres plus loin, il put lire l’heure sur un panneau d’une pharmacie : 19h43. Il n’avait pas vu le temps passé, et l’administration n’allait pas l’épargné s’il le croisait dans les couloirs.

Il changea de direction, retournant sur ses pas, afin de se diriger vers le lycée. Il passa dans les ruelles les plus malfamés de Konoha. Il ne risquait pas grand chose avec cette foule dans les rues… Altaxar marchait d’un pas rapide, sans toutefois courir. Soudain, il s’arrêta. Il entendait des sanglots. Ils provenaient de l’abribus dans lequel il s’était arrêté avec Yuki. Il avait été obligé de repasser par là pour faire demi-tour. A travers les sanglots, il reconnut la voix de la jeune fille. Il décida de ne pas aller la voir, et de continuer comme si de rien n’était.

Altaxar sentit de la rancœur à faire cela, mais il pensait avant tout à la demoiselle. Il se rendait bien compte à quel point il l faisait souffrir. Tout à coup, au détour d’une rue, il fut prit de vertige. Il appuya sa main contre un mur, le visage vers le sol. Il eut un brusque spasme à travers tout le corps, et vomit. Sans doute la fatigue l’avait atteint sans même qu’il s’en rende compte. Ses muscles tremblaient. Al’ avait l’impression que ses jambes allait lâcher d’ici peu. Il fit quelques pas. S’arrêta. Il s’adossa à un mur afin de reprendre des forces, se laissa tomber sur les fesses. Au point où il en était, s’asseoir sur le sol trempé ne changeait rien à l’état de ses vêtements.

Tout à coup, il entendit des pas s’approcher. Il y avait deux personnes. Altaxar redouta des Kuragaris, il était possibles qu’ils rôdent par là, finalement pas très loin des portes du lycée Daiki. Comme-ci la journée n’avait pas été assez épuisante, il s’avéra que la prédiction d’Al’ se révéla correct. Le jeune homme s’arrêta de bouger, allant jusqu’à cesser de respirer. Heureusement pour lui, les deux garçons ne le virent pas. Il n’aurait sans doute pas pus se défendre dans son état actuel. Une fois les bourreaux passés, il se releva tant bien que mal, et fit un dernier effort pour rejoindre la prestigieuse école.

Invité

Parvenue à son point de départ, Yuki retrouva l'abribus, vide. Sans trop savoir si cela était une bonne ou une mauvaise chose, elle s'effondra pour la seconde fois de la journée sur le banc fatigué. Tout comme elle. D'un coup elle se mit à détester cet orage, cette pluie qui martelait le toit de son pauvre abri. Sans cela il lui aurait été bien plus facile de se libérer du jeune homme et de son regard. D'ailleurs s'il n'y avait pas eu ce mauvais temps, il ne lui serait même pas venu à l'idée de sortir.

Le vent qui se glissait partout où il pouvait se faisant de plus en plus froid, et les grelottements reprenant de plus belle chez la jeune fille, elle décida de s'en tenir à sa première idée: rentrer. Depuis le temps qu'elle y pensait, qu'elle en mourrait d'envie, à chaque fois un élément imprévu l'avait amenée à changer d'avis. Mais maintenant qu'elle était seule, qu'elle était enfin seule et qu'elle n'avait sûrement plus aucune chance de croiser à nouveau Altaxar, elle décida de mettre son projet à exécution. Mais pas tout de suite. Pour le moment elle voulait juste retrouver le semblant d'énergie nécéssaire à son retour au lycée, et elle devair surtout chasser ses sanglots qui la seccouaient toujours. Ses larmes avaient oublié la raison de leur présence, mais s'en fichaient bien et se mêlaient encore à l'eau glacée des gouttes qui avaient innondé son visage.

Mettant un terme au demi-sommeil dans lequel elle s'était plongée, tant pour s'éviter de penser que pour recouvrer ses forces, Yuki se releva lentement, sans gestes brusques. Encore de longues minutes passèrent avant qu'elle ne s'arrête de fixer le rideau de pluie d'un oeil vide et ne se mette en route. Bien sûr, comme elle était encore relativement nouvelle ici, et qu'elle n'avait aucune idée d'où elle se trouvait, le problème de la direction à prendre se posa très vite. Peu désireuse de se livrer une fois de plus au jeu fatigant de la réflexion, elle s'abandonna entièrement à son sens peu aguéri de l'orientation, et finit par retrouver le lycée après une bonne demi-heure d'une marche de zombie.

Alors qu'elle se dirigeait automatiquement vers la bâtiment où se trouvait sa chambre, la jeune fille remit progressivement son cerveau en route dans le but de se souvenir du chemin précis à emprunter. Pas suffisamment concentrée pour voir les mines étonnées, amusées ou bien complètement indifférentes qu'elle croisait dans les couloirs, elle rejoignit sa chambre, vide à son plus grand soulagement, et se laissa tomber sur le lit. Vaguement consciente qu'elle imprégnait son matelas d'eau, elle autorisa enfin ses membres épuisés et frigorifiés à se relâcher. Et s'endormit sans se poser trop de questions.

§ L'Informaticienne **Folle** §

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