" Aïïïe, il a la peau dure ce con!"
Ô beau langage. A peine arrivée dans ce doux pays du soleil levant, que le coup de point de notre jeune fille fit déjà des siennes. Faut dire, elle avait pris comme "raccourci" une petite rue, pas des plus rassurantes, et était tombé sur un pervers. Elle savait que le Japon avait une certaine réputation à ce niveau, mais en faire la découverte sitôt après avoir posé les pieds ici, elle n'en revenait pas. Elle ria au nez du vieux pervers d'un air bourré, et continua sa route en sautillant. Derrière elle traînait un très gros sac. Oui, n'oublions pas que c'est une fille. Or une fille a toujours des tonnes d'habits inutiles, surtout lorsqu'elle voyage. On en apprend tous les jours, hein?
Sourire relevé jusquaux oreilles, ses joues n'en pouvaient plus d'être autant étirées. Enfin elle avait pu quitter le domicile familial, enfin elle ne verra plus la gueule à son père, enfin elle avait abandonné cette famille. Non rectifions, enfin elle s'était faite abandonner par sa famille. Oh oui, c'était jouissif à ses yeux, comme une grande envie de gueuler dans la rue. Mais elle la joua discrète, enfin un peu, bousculant tous ceux qui ne se poussaient pas du chemin, faisant trébucher la moitié des passants avec son gros sacs traînant au sol dont elle avait la flemme de mettre sur son dos. Lorsqu'elle croisait des familles, elle leur tirait la langue, comme si toutes les familles avaient été faites au même modèle que le sien. Une vraie gamine.
Puis une grande bâtisse s'offrit à ses yeux. Une grande inscription où était marqué " Lycée Daiki" ne laissait plus le moindre doute à la jeune fille, elle était arrivée! HanJi poussa grand les portes, comme si son arrivée était magistrale et en deviendrait inoubliable, et entra fièrement et insolemment dans ce qu'elle pensait être le Hall. Elle jeta violemment son gros sac dans un coin, ce qui produit un écho dans la salle. Les quelques élèves qui s'y trouvaient soupçonnaient notre mi coréenne mi anglaise d'être la cause du fracas, mais à l'allure qu'elle présentait, ils oublièrent vite leur hypothèse. Pourquoi? Peut-être parce que son petit noeud dans les cheveux, sa jolie robe blanches en dentelle et ses bas blancs montraient tout ce qu'il y a de plus frêle et innocent dans ce monde. Le problème a toujours été qu'elle n'était mignonne...qu'à première vue. Attendant qu'un concierge daigne montrer le bout de son nez, elle s'empressa de sortir son manuel de Japonais. Certes elle l'avait étudié à l'école, mais ses Kanjis n'étaient pas encore assez nombreux. Il y a toujours un moyen de s'améliorer. Donc sans gêne et sans peur de passer pour une idiote, elle posa son cahier sur le comptoir, et répéta à voix haute tous les kanjis qui se trouvaient sur sa page, puis les écrivait sautant de joie à chaque fois qu'elle avait juste. Les gens passaient à côté d'elle, assez inquiets quant à un tel comportement, mais tellement ancrée dans son apprentissage qu'elle ne faisait attention à rien d'autre.