Mon entrée dans l'établissement (Pv Yuki)

Je soupirai doucement, presque imperceptiblement quand j’entendis sa réponse à mon faible remerciement… Franchement elle n’y comprenait rien à rien… Certes je me vidais de mon sang… Certes elle n’avait pas fait grand-chose… Mais au moins elle était restée près de moi… Elle m’avait bandé la main et avait veillé sur moi durant mes deux pertes de conscience… Et ce n’était pas rien tout de même… Mais cette tête de linotte ne voulait rien entendre… Et franchement cela en devenait exaspérant… J’aurais bien protesté d’une autre façon que par pensée… Mais au vu de mon état c’était le mieux que je pouvais faire sans risquer une autre chute dans le monde des rêves.

Franchement j’étais pitoyable… Jamais auparavant je ne m’étais retrouvé dans pareille situation ! Aussi faible… Au bord du gouffre… À deux doigts de tirer ma dernière révérence… Et si ce n’était que ça ! Je n’étais pas seulement mal en point ! Je devais aussi compter sur une petite fille encore plus frêle que moi pour me tenir en vie ! D’autant plus que celle-ci, bien qu’elle semblait s’inquiéter légèrement de mon état, voulait se pousser en douce… Du moins c’est ce que je pouvais déceler dans son visage… Au moins je ne perdais pas mes facultés d’analyse… Il y avait au moins un point positif… Joie…

Puis, venant quelque peu confirmer ce que je pensais, elle déclara qu’elle allait faire un tour… Sans vraiment spécifier pourquoi… Me fausser compagnie et me laisser agonisant sur le plancher en attendant que quelqu’un me trouve et appel l’ambulance. Ou bien elle allait chercher quelqu’un… Dans les deux cas il semblait évident qu’elle voulait tout simplement s’éloigner… Mais pourquoi diable tenait-elle autant à garder ses distances ? Qu’est-ce qui avait provoqué cet amour de la solitude et cette crainte à tout ce qui se rapprochait de l’amour, amitié ou qui venait mettre en péril cette solitude… Enfin, je formulais toute ces possibilités sans vraiment savoir laquelle était la bonne… Peut-être avait-elle tout simplement bon cœur et que je m’imaginais tout bêtement qu’elle voulait me fuir… Quand bien même je tentais de me convaincre que la deuxième option pouvait être tout aussi vraie que la première… Une petite voix persistait à dire qu’elle voulait en effet me fuir… Me rappelant que tout au long de notre rencontre, j’avais pu remarquer et à plusieurs reprises, qu’elle était un peu froide malgré le fait qu’elle tentait de jouer l’amicale. Qu’elle tentait de s’en aller sans trop me brusquer ou me laisser en plan…

C’est sur cette fin de pensée qu’elle se leva et quitta le Hall, empruntant un quelconque couloir… Me laissant seul avec mes pensées à nouveau. Les secondes commencèrent soudainement à sembler plus longues, plus « chiantes ». Dans mon état actuel je ne pouvais rien faire sous peine de m’achever… Vous savez, c’est dans ces moments-là qu’on réalise à quel point on est petit dans ce monde, qu’au final pas grand-chose nous retient à cette Terre mise à part une enveloppe charnelle bien peu solide, trop fragile dans mon cas… Et c’est dans ces temps-là que je me remets en question : Est-ce que j’ai une seule chance de réussir mon objectif ? De changer cette pourriture de monde ? Est-ce verrais-je le monde mourir pour renaître ? Pourrais-je au moins amorcer le mouvement du renouveau avant le trépas ? Peut-être, peut-être pas… Tout comme cette situation, je vais peut-être vivre ou mourir, mais une chose était sûr, si je sortais vivant de cet épreuve, j’allais tout mettre en œuvre pour tenter de changer ce monde. Si je survivais à cette épreuve et bien j’aurais au moins la force de tenter de changer le monde ! Qui sait, peut-être que ma tentative va motiver les gens à changer !

Invité

Contrairement au hall, désespérément vide, les couloirs semblaient offrir plus de possibilités. Beaucoup moins tendue à présent qu'elle était seule, Yuki n'eut pas à chercher trop longtemps avant de tomber sur quelqu'un qui aurait des chances de l'aider, ou plutôt d'appeler à l'aide pour Ichuu.
Ca n'était pourtant pas gagné dès le départ, puisque même si la plupart des bureaux ou des salles sur le chemin de la jeune fille étaient occupées, peu avaient l'air disposés à accueillir une jeune fille à la robe ensanglantée, et encore moins à appeler au secours, surtout si elle avait le malheur de laisser entendre que le mourant était des Kuragari. En effet beaucoup se disaient que finalement, un de moins, même s'il salissait un peu le hall, ça serait toujours bon pour eux.
Trouvant donc quelqu'un de suffisamment désœuvré pour lever la tête lorsqu'elle se faufila dans un des bureaux ouverts, elle passa plusieurs minutes à calmer son interlocuteur quant au sang qui gouttait de ses manches et un bon moment encore à lui expliquer la situation. Enfin elle obtint qu'il appelle les secours, et les presse pour qu'ils arrivent au plus vite. Avant qu'elle ne reparte, l'homme dit qu'il la rejoindrait après avoir appelé l'hôpital.

Yuki apprécia la nouvelle. Elle n'avait jamais parlé aussi longtemps de sa vie, mais ça lui vaudrait au moins une occasion de retrouver sa tranquilité aujourd'hui, si tout se déroulait sans complications. Et des complications, elle s'arrangerait pour qu'il n'y en ait pas, ou qu'elles n'interfèrent pas dans ses projets, elle se le promettait en rebroussant chemin et en retournant au hall, d'une démarche plus légère encore qu'à l'aller.

Une fois revenue auprès du blessé cependant, elle était redevenue la froideur même, estimant que, si elle avait à s'enfuir, autant annoncer la couleur tout de suite. Un élan de mauvaise conscience la menaçait de la tourmenter des jours durant si elle se permettait d'abandonner le jeune homme sans prévenir, ce qu'elle faisait pourtant très souvent. Mais là son instinct de survie était dérangé par l'état de son interlocuteur, et elle s'était faite à l'idée d'attendre encore un peu pour faire ce à quoi elle songeait depuis un long moment déjà.
Lassée donc de jouer la carte de la "normalité", et ne pouvant plus retenir la Yuki solitaire, enfermée dans on placard, elle resta debout devant Ichuu, l'observant pendant d'interminables minutes afin de déterminer s'il était toujours conscient, où si le laps de temps -assez conséquent tout de même- avais permis aux ténèbres de l'emporter à nouveau. Sans arriver à arriver à un diagnostic précis au terme de son examen, elle releva la tête, fixant la porte, devant elle.

-Y a un gars qui va débarquer dans pas longtemps. Il dit qu'il va appeler les secours, mais dès qu'il sera là j'estimerai que ça ne me concerne plus.

Sa voix contenait tout ce qu'elle avait contenu depuis le début, fatigue, exaspération, une certaine colère frustrée aussi, bien qu'elle soit moins présente et assez contenue; le tout sur un fond d'indifférence presque absolue, à l'image de celle qu'elle ressentait maintenant vis-à-vis du sort du nouveau. Que ce dernier l'entende et la comprenne, ou non, n'importait plus non plus. Elle s'était mise à guetter le silence, impatiente de capter le son qui briserait cette attente interminable. Un son qui lorsqu'il se fit entendre lui aurait presque tiré un imperceptible sourire soulagé.

Etudiant

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