La musique s’éteignit. Les deux danseurs s’arrêtèrent de virevolter. La robe de Yuki fini de tournoyer. Al’ la regarda, le sourire aux lèvres. Sourire qu’elle lui rendit timidement. Le garçon aurait bien dansé sur deux ou trois autres musiques, mais sa cavalière l’avait prévenue, c’était la dernière. La musique repris. Le couple entreprit de sortir de la foule dansante, zigzaguant entre les gens qui reprenait leur danse.

Enfin de l’air frais. Ils sortirent et choisirent de se dire au revoir dans les jardins. La température s’était rafraichit, de la buée sortait de la bouche des deux adolescents, mais la chaleur de la piste leur conférait un manteau éphémère, qui disparaitrait d’ici quelques minutes.

« Tu es sur de vouloir déjà repartir ?

- Oui, je commence à être fatiguée, et puis la foule… Je ne me sens pas à ma place. Désolée.

- Ce n’est pas grave, répondit Al’ en lui faisant un sourire sympathique, à demain alors. Bonne nuit.

- A demain, dit Yuki en repartant vers l’internat. »

Lâchant la main d’Al’, la jeune fille partit, laissant la main d’Al’ tendue vers elle, et lui envoya un regard qui traduisait ses milles excuses pour son départ. Une fois la robe disparut derrière la porte, le jeune homme s’assit sur un banc non loin. Il était seul dans les jardins. Il chercha quelques choses dans sa poche, et tira de cette dernière un paquet de cigarette et un briquet. Il en retira une de la boite, la plaça entre ses lèvres, approcha le briquet de l’extrémité du tube empoisonné, appuya sur la gâchette. Une flamme sorti et vint allumer la cigarette. Première bouffée.

Al’ ne pensait pas rester très longtemps, juste le temps de profiter un peu de la nuit. Pour une fois qu’il avait le droit de veiller. Il remarqua tout de même que c’était bien plus excitant lorsqu’il bravait l’interdit. Il s’allongea sur le banc, après avoir rangé l’attirail qui lui avait servi à allumer sa cigarette dans sa poche. Deuxième bouffée.

La fumée vint envahir le ciel étoilé. De ses yeux bleu-gris, Altaxar voyait un ciel dégagé, des étoiles plus étincelantes que jamais, reconnaissait quelques constellations, et, à travers un bout de branche appartenant à l’arbre placé non loin de lui, la lune, pleine. Celle-ci fournissait une lumière remarquable, les jardins n’était pas du tout équipé de lanterne, ni de réverbère, et pourtant, on y voyait comme s’il faisait jour.

La gelée commençait à se faire remarquer sur l’herbe. Le « manteau » de l’adolescent, peu à peu, disparaissait, laissant place à un froid transperçant. Nouvelle bouffée. Un couple passa par le petit morceau de jardin, ou plutôt de terrasse, car ce passage là était dallé, et adjacent aux murs, pour rejoindre le bâtiment principal. Ils étaient en pleine dispute. Al’ n’écouta même pas les paroles qu’hurlait la fille, ni les excuses bidons qu’inventait son cavalier. Non, il n’écouta pas tous ces bruits qui polluaient sa tranquillité. Ce n’était pas le premier couple qui passait ce soir, et ce ne serait surement pas le dernier.

Peu après, deux autres danseurs passèrent. Contrairement au précédent, ceux-ci se becquottait, et le bruits de leurs baiser résonnait dans tout l’endroit.. Al’ tourna la tête, et vit le garçon passer son bras sur l’épaule de la jeune fille. Ils pénétrèrent dans le couloir menant aux toilettes. L’adolescent préféra s’abstenir de penser à ce qu’ils allaient faire aux toilettes, surtout quand la brunette rentrait dans les toilettes pour homme. Il ne put s’en empêcher, et il songea à leurs intentions tellement évidentes, et à lui, qui irait bien les embêter.

De multiples farces se construisaient dans sa tête, et un sourire se dessina sur ses lèvres alors qu’il prenait une nouvelle bouffée de poison. Avec une maitrise parfaite de la chose, Al’ réussi à sortir un rond de fumée, qui s’évapora vers le ciel. Il termina rapidement de consumer sa cigarette, écrasa le mégot sur le banc de pierre où il était couché, puis, avec son pouce et son index, le propulsa dans l’herbe. Il se remit assis, s’apprêtant à se lever, et à aller retrouver son lit bien chaud, quand une blonde qu’il connaissait bien entra dans l’espace vert.